Jignore en vĂ©ritĂ© quelle sera la grande cause nationale 2015, certainement pas le racisme, ou alors trop le racisme, dont on cause politique pour cause de grande causAccueilArtsĂ travers ses 1 078 photos, lâartiste Anton Kusters interroge la mĂ©moire et notre perception de ce "traumatisme indicible".1 078. Câest le nombre de camps de concentration qui existent et qui ont existĂ© en Allemagne durant le rĂ©gime hitlĂ©rien. Câest aussi le nombre de ciels quâAnton Kusters a photographiĂ©s dans le cadre de son projet Blue Skies, qui fait lâobjet dâun livre aux Ă©ditions Kehrer Verlag et dâune exposition aux Rencontres photographiques dâ Blue Skies, lâartiste a parcouru 177 828 kilomĂštres de territoire durant six ans pour immortaliser Ă lâappareil photo instantanĂ© tous les ciels bleus surplombant ces camps nazis. Ces ciels officient comme âune maniĂšre troublante de regarder en face un traumatisme indicible et un oubli collectifâ. âComment nous percevons le traumatisme, comment nous dĂ©cidons de nous souvenir.ââKusters dĂ©peint un univers parallĂšle au passĂ© horrible dâen dessous. [âŠ] Ses photos interrogent comment ces ciels ont pu apparaĂźtre si tranquilles aprĂšs avoir servi de plafond Ă un gĂ©nocide, et aussi, comment de nouvelles horreurs peuvent se continuer Ă exister sous dâautres ciels bleus ?â, Ă©crit lâauteur et curateur Fred Ritchin dans lâouvrage âdocumentaire et conceptuelâ dâAnton Kusters.âAfin de localiser chaque site et de sâassurer que le ciel au-dessus Ă©tait bleu, Kusters consultait un GPS ainsi que des images satellites infrarouges en temps rĂ©elâ, dĂ©taille le texte dâintroduction de lâexposition Ă Arles, oĂč tous ses Polaroid sont alignĂ©s sur une longue table. Il a tirĂ© ses informations des sept tomes de lâEncyclopĂ©die des camps et ghettos du United States Holocaust Memorial Museum pour connaĂźtre les noms et lieux des camps Breitenau, Taucha, Dippoldsau, Kirchham bei PockingâŠSur chaque photo, lâartiste a estampĂ© le nombre de victimes mortes dans ce camp, sous ces ciels bleus, en indiquant les donnĂ©es GPS. Tous ces camps ont existĂ© durant 4 432 jours, de 1933 Ă 1945. Plus de la moitiĂ© de ces camps nâest plus visible, et beaucoup dâautres demeurent encore inconnus. Bien que les images instantanĂ©es dâAnton Kusters finiront par sâestomper, leur nombre restera estampĂ© pour rappeler Ă jamais les 4 016 736 personnes tuĂ©es dans ces camps de la sĂ©rie Blue Skies dâAnton Kusters est publiĂ©e dans un ouvrage aux Ă©ditions Kehrer Verlag et exposĂ©e aux Rencontres photographiques dâArles jusquâau 29 aoĂ»t arts, partenaire des Rencontres photographiques dâ voir aussi sur Konbini Estil vrai que les dĂ©tenus des camps de concentration nationaux-socialistes se soient laissĂ©s conduire comme des moutons Ă l'abattoir, qu'ils aient supportĂ© passivement la tyrannie de gardiens trĂšs infĂ©rieurs en nombre? Non, Une victime des expĂ©rimentations nazies montre ses cicatrices lors du procĂšs de Nuremberg, en 1946. DPA/AFP Lui seul pouvait Ă©crire ce livre-lĂ . Michel Cymes n'est pas seulement le prĂ©sentateur du Magazine de la santĂ©, sur France 5, et le chouchou du Zapping, sur Canal+. Il est aussi mĂ©decin et petit-fils de dĂ©portĂ©s. A ce titre, il portait cet ouvrage en lui depuis des annĂ©es. Refusant l'idĂ©e prĂ©conçue que les bourreaux des camps Ă©taient "des ratĂ©s, des praticiens pas trĂšs malins, influencĂ©s par leur environnement et l'idĂ©ologie", il s'interroge "Comment peut-on vouloir Ă©pouser un mĂ©tier dont le but ultime est de sauver des vies, et donner la mort Ă ceux que l'on ne considĂšre plus comme des ĂȘtres humains?" Des expĂ©riences menĂ©es de maniĂšre "dĂ©sintĂ©ressĂ©e"[...] Nous sommes Ă la fin de 1946. Le procĂšs de Nuremberg, qui s'est tenu de novembre 1945 Ă octobre 1946, vient Ă peine de s'achever que dĂ©bute le procĂšs des mĂ©decins, un des procĂšs qui se sont aussi tenus Ă Nuremberg. La tĂąche des experts est loin d'ĂȘtre aisĂ©e ils doivent rendre la justice pour des actes que l'Ă©vidence et le sentiment font immĂ©diatement basculer dans l'horreur, l'horreur inqualifiable et inimaginable des expĂ©rimentations sur l'ĂȘtre humain. [...] Les membres de la commission, puis l'auditoire, dĂ©couvrent qu'Ă Dachau, Sigmund Rascher a fait agoniser des prisonniers dans des piscines glacĂ©es pour mener des recherches sur l'hypothermie; qu'Ă Buchenwald et Natzwiller les victimes ont Ă©tĂ© infectĂ©es sciemment avec du typhus, du cholĂ©ra et d'autres maladies infectieuses; qu'Ă RavensbrĂŒck, il s'agissait de casser les genoux des femmes pour mener des expĂ©riences sur les muscles; qu'Ă Auschwitz, Mengele a eu tout le loisir de donner libre cours Ă ses fantasmes sur la gĂ©mellitĂ©. [...] A mon souvenir se sont ajoutĂ©s le nĂ©gationnisme, le rĂ©visionnisme, l'"humorisme" nausĂ©abond, toutes les petites phrases entendues, sibyllines, prononcĂ©es de façon anodine "C'est pas bien ce qu'ils ont fait, mais ça a quand mĂȘme fait avancer la mĂ©decine..." Et si c'Ă©tait vrai? Impossible. Dans mon esprit cartĂ©sien scientifique, dans mon petit cerveau de mĂ©decin nourri Ă l'Ă©thique, l'horreur n'aboutit pas Ă des avancĂ©es mĂ©dicales. Je me persuadai que de tels tortionnaires Ă©taient tous de petits mĂ©decins, rejetĂ©s par leurs pairs, ridiculisĂ©s par la facultĂ© et qui avaient trouvĂ©, enfin, les moyens de prouver qu'on se trompait sur eux. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement [...] Une autre idĂ©e prĂ©conçue est que ces expĂ©riences n'aient eu aucune utilitĂ©. Il est vrai que, d'un point de vue mĂ©thodologique, elles ne sont pas "reproductibles" et que, d'un point de vue statistique, elles ne sont pas reprĂ©sentatives le panel est "trop" restreint. En outre, ces expĂ©riences n'apprirent rien que l'on ne sĂ»t dĂ©jĂ sur l'hypothermie, la mescaline, la consommation d'eau salĂ©e, l'Ă©volution des plaies ouvertes ou le dĂ©roulement des maladies infectieuses jusqu'Ă la mort. Toutefois, les rĂ©sultats n'ont pas tous Ă©tĂ© inexploitĂ©s, Ă dĂ©faut d'ĂȘtre inexploitables. Huit des 23 mĂ©decins ou infirmiĂšres jugĂ©s au procĂšs de Nuremberg, le 21 novembre 1946, pour des expĂ©rimentations contraire au serment d'Hippocrate sur des prisonniers de camps de / AFPTorturer l'homme pour Ă©pargner les bĂȘtes[...] L'Ă©lĂ©ment le plus intĂ©ressant, pour comprendre, est Ă mes yeux les arguments que les mĂ©decins ont donnĂ©s pour leur dĂ©fense lors du procĂšs. Naturellement, je ne crois pas qu'ils soient justes, mais ils tĂ©moignent de leur vĂ©ritĂ©, de l'histoire, dont ces mĂ©decins voulaient qu'elle soit crue, Ă commencer peut-ĂȘtre par eux-mĂȘmes. Certes, il s'agissait de sauver sa peau, mais aussi peut-ĂȘtre de sauver son Ăąme. Leurs arguments sont au nombre de sept le caractĂšre obsolĂšte du serment d'Hippocrate, l'analogie avec les expĂ©riences menĂ©es aux Etats-Unis, la responsabilitĂ© du totalitarisme hitlĂ©rien, le caractĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ© des chercheurs, le souhait d'amĂ©liorer le sort de l'HumanitĂ©, la limite des modĂšles animaux expĂ©rimentaux et l'occasion pour les dĂ©tenus de se racheter pour les crimes qu'ils ont commis. [...] Certains de ces arguments inviteraient Ă rire s'ils n'Ă©taient Ă pleurer, de rage et de dĂ©goĂ»t. Le pire est sans doute celui concernant l'impossibilitĂ© de mener des expĂ©riences sur les animaux. DĂšs 1933, dans la droite ligne de la lubie vĂ©gĂ©tarienne de Hitler, une loi interdit d'infliger de mauvais traitements et de la souffrance aux animaux. Ainsi, les mĂ©decins, en torturant des hommes, Ă©pargnaient des bĂȘtes, et respectaient la loi. Ils n'Ă©taient que des exĂ©cutants "vous, les mĂ©decins, n'ĂȘtes que les instruments", disait Himmler. En plus, ils n'agissaient pas de maniĂšre intĂ©ressĂ©e. C'est vrai, ces expĂ©riences n'ont pas rapportĂ© un kopeck, au moins durant la guerre. Une polonaise, issue du camp de concentration nazi de Ravensbruck, au nord de Berlin, en Allemagne, tĂ©moigne par ses cicatrices des horreurs orchestrĂ©es par des mĂ©decins, alors jugĂ© au procĂšs de Nuremberg, le 21 novembre / AFPLes femmes, elles aussi, bons petits soldats du ReichAu procĂšs de Nuremberg, l'infirmiĂšre Herta Oberheuser explique "Pour une femme, en Allemagne, il Ă©tait pratiquement impossible d'entrer dans un service de chirurgie. Il a fallu que j'arrive au camp de concentration de RavensbrĂŒck pour en avoir l'occasion" [...] Ses "interventions" dĂ©passent l'entendement. A coups de marteau, les os de la jambe sont cassĂ©s. Puis les plaies sont infectĂ©es avec des staphylocoques, des streptocoques, des morceaux de bois, des Ă©clats de verre, tout ce qui passe entre les mains de ces mĂ©decins-bourreaux. Ce sont des morceaux d'os des jambes longs de plusieurs centimĂštres qui sont enlevĂ©s. Le but? Tester des mĂ©dicaments. [CondamnĂ©e au procĂšs de Nuremberg Ă vingt ans de prison "seulement"], elle est libĂ©rĂ©e de la prison de Landsberg [BaviĂšre, ndlr] en 1952, sa peine ayant Ă©tĂ© rĂ©duite. Le bon petit soldat du Reich reprend du service et s'installe comme pĂ©diatre dans un modeste village du Schleswig-Holstein, Stocksee. Elle y coule des jours paisibles, pĂšse, mouche, conseille et vaccine jusqu'en 1956, date Ă laquelle elle est reconnue par d'anciennes dĂ©tenues de RavensbrĂŒck. Il faudra l'intervention du ministre de l'IntĂ©rieur de ce Land pour qu'elle soit interdite d'exercice, en aoĂ»t 1958. Rien n'arrĂȘte cette femme dĂ©terminĂ©e et la volontĂ© triomphe elle va en appel et obtient la rĂ©vocation de la dĂ©cision le 28 avril 1961. [Elle mourra dans une maison de retraite en 1978]. Des expĂ©rimentateurs toujours Ă l'oeuvre aprĂšs la guerre[...] Avec la science telle qu'elle a Ă©tĂ© dĂ©formĂ©e par l'idĂ©ologie du IIIe Reich, Hippocrate est descendu aux enfers au lieu de soigner, cette anti-mĂ©decine tue. Elle ne sait pas faire autrement, en voici une ultime preuve vous souvenez-vous du scandale de la thalidomide? C'Ă©tait en 2008, mais l'affaire remonte aux annĂ©es 1950. Aux futures mĂšres [...], on promettait une nouvelle libĂ©ration un produit miracle permettait de supprimer les nausĂ©es de dĂ©but de grossesse. Le "mĂ©dicament" s'appelait Contergan, ses enfants sont nĂ©s avec des malformations si monstrueuses que je prĂ©fĂšre ne pas les citer. La paternitĂ© de ce poison revient Ă Richard Kuhn [l'inventeur du gaz Soman] et Ă l'entreprise IGFarben [qui produisit le Zyklon B]." Hyppocrate aux enfers, les mĂ©decins des camps de la mort de Michel Cymes, aux Ă©ditions Stock, 208 pages, 18,50 Stock Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux
ï»żUn documentaire sur les camps de concentration retrace l'histoire des carnets de recettes des dĂ©portĂ©s DR DR HISTOIRE - Ce sont des chuchotements. Dans ces murmures, on entend parler beurre par ci, estragon par lĂ , chocolat et fraises aussi. Ces mots bas Ă©changĂ©s dans le dos des tortionnaires ont Ă©tĂ© consignĂ©s par Ă©crit dans des carnets. De curieux objets qui avaient Ă©tĂ© oubliĂ©s de la grande Histoire mais cachĂ©s et prĂ©cieusement conservĂ©s par les familles des victimes des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale. La documentariste Anne Georget leur a consacrĂ© un documentaire passionnant,Les Festins Imaginaires, diffusĂ© ce jeudi 5 novembre sur la chaĂźne cĂąblĂ©e PlanĂšte +. Ce documentaire est Ă©galement disponible en DVD. Pour supporter la faim, la douleur, le dĂ©sespoir, la peur, l'Ă©loignement de la famille et la mort tout autour de soi, certains imaginaient un petit beurre qu'on trempe dans du chocolat fondu, d'autres une tarte aux fraises au sirop, d'autres encore une choucroute, un gĂąteau de pommes de terre ou un ragoĂ»t d'huĂźtres. De Birkenau Ă Potma Ukraine en passant par Kawazaki Japon, des hommes et des femmes vont prendre la plume pour conserver ces recettes Ă©changĂ©es Ă couvert. Pourquoi? VoilĂ la question Ă laquelle Anne Georget essaie de rĂ©pondre. Psychanalystes, neurologue, Ă©crivain, chef Ă©toilĂ©, philosophe et historiens apportent leur Ă©clairage sur ce "rĂ©flexe" qui semble universel. Dans les camps, les personnes qui tentent de survivre doivent faire face Ă un chaos qui les dĂ©shumanisent. PrivĂ©s de nourriture, se voyant maigrir, ils sont dĂ©possĂ©dĂ©s de leur corps. Carnet de Warren Stewart Ă Kawazaki "Il est sans doute difficile dâadmettre, pour des non-initiĂ©s, Ă©crivait Jean Baumel, rĂ©sistant dĂ©portĂ© Ă Auschwitz, lâimportance primordiale que revĂȘtaient dans les camps de concentration les recettes de cuisine ou de pĂątisserie ; mais, lorsque nous avions digĂ©rĂ© un canard thĂ©orique aux oranges ou un excellent cassoulet abstrait, nous avions moins faim, câest un fait". Carnet de Marcel Letertre Floha Calmer la faim, c'Ă©tait aussi rĂ©sister. RĂ©sister aussi politiquement car pour Ă©crire ces recettes, il fallait voler du papier ou du tissu et des stylos. Si ces carnets Ă©taient trouvĂ©s, les auteurs risquaient gros. Contre ce triomphe de l'imagination, les tortionnaires ne pouvaient rien. Carnet de Vera Bekzadian au goulag de Potma Ces carnets permettaient aussi de passer un bon moment, de crĂ©er des liens d'amitiĂ©s. Comme le rappelle un philologue dans le documentaire, le mot recette vient du verbe latin recevoir. La recette est reçue de quelqu'un qui l'a lui-mĂȘme reçue. C'est un cycle infini qui nous inscrit dans une lignĂ©e. Face Ă la destruction, Ă l'holocauste, Ă un systĂšme qui voulait dĂ©truire des personnes, leur culture et leur monde, ces recettes ont Ă©tĂ© comme des bouĂ©es de sauvetage. Une rĂ©sistante française avoue, "la solidaritĂ©, l'amitiĂ©, tout cela nous a permis de revenir". Carnet d'Edith Combus Ravensbruck
Lescamps de concentration de la premiere guerre mondiale aux Ă©ditions Economica. Tout le catalogue. Tout le catalogue; Livre; Ebook; Fournitures Scolaires; Arts et Loisirs CrĂ©atifs; Univers Enfant; Jeux de SociĂ©tĂ© & Puzzles; Instruments de Musique; Musique; DVD & Bluray ; Jeux vidĂ©o & Consoles; Bien-ĂȘtre et SpiritualitĂ©; Univers produits Univers produits. Livre Livre. ïž Voir