II Un caractĂšre bien fade est celui de nâen avoir Câest le rĂŽle dâun sot dâĂȘtre importun un homme habile sent sâil convient ou sâil ennuie ; il sait disparaĂźtre le moment qui prĂ©cĂšde celui oĂč il serait de trop quelque marche sur les mauvais plaisants, et il pleut par tout pays de cette sorte dâinsectes. Un bon plaisant est une piĂšce rare ; Ă un homme qui est nĂ© tel, il est encore fort dĂ©licat dâen soutenir longtemps le personnage ; il nâest pas ordinaire que celui qui fait rire se fasse Il a beaucoup dâesprits obscĂšnes, encore plus de mĂ©disants ou de satiriques, peu de dĂ©licats. Pour badiner avec grĂące, et rencontrer heureusement sur les plus petits sujets, il faut trop de maniĂšres, trop de politesse, et mĂȘme trop de fĂ©conditĂ© câest crĂ©er que de railler ainsi, et faire quelque chose de Si lâon faisait une sĂ©rieuse attention Ă tout ce qui se dit de froid, de vain de puĂ©ril dans les entretiens ordinaires, lâon aurait honte de parler ou dâĂ©couter, et lâon se condamnerait peut-ĂȘtre Ă un silence perpĂ©tuel, qui serait une chose pire dans le commerce que les discours inutiles. Il faut donc sâaccommoder Ă tous les esprits, permettre comme un mal nĂ©cessaire le rĂ©cit des fausses nouvelles, les vagues rĂ©flexions sur le gouvernement prĂ©sent, ou sur lâintĂ©rĂȘt des princes, le dĂ©bit des beaux sentiments, et qui reviennent toujours les mĂȘmes ; il faut laisser Aronce parler proverbe, et MĂ©linde parler de soi, de ses vapeurs, de ses migraines et de ses Lâon voit des gens qui, dans les conversations ou dans le peu de commerce que lâon a avec eux, vous dĂ©goĂ»tent par leurs ridicules expressions, par la nouveautĂ©, et jâose dire par lâimpropriĂ©tĂ© des termes dont ils se servent, comme par lâalliance de certains mots qui ne se rencontrent ensemble que dans leur bouche, et Ă qui ils font signifier des choses que leurs premiers inventeurs nâont jamais eu intention de leur faire dire. Ils ne suivent en parlant ni la raison ni lâusage, mais leur bizarre gĂ©nie, que lâenvie de toujours plaisanter, et peut-ĂȘtre de briller, tourne insensiblement Ă un jargon qui leur est propre, et qui devient enfin leur idiome naturel ; ils accompagnent un langage si extravagant dâun geste affectĂ© et dâune prononciation qui est contrefaite. Tous sont contents dâeux-mĂȘmes et de lâagrĂ©ment de leur esprit, et lâon ne peut pas dire quâils en soient entiĂšrement dĂ©nuĂ©s ; mais on les plaint de ce peu quâils en ont ; et ce qui est pire, on en Que dites-vous ? Comment ? Je nây suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? Jây suis encore moins. Je devine enfin vous voulez, Acis, me dire quâil fait froid ; que ne disiez-vous "Il fait froid" ? Vous voulez mâapprendre quâil pleut ou quâil neige ; dites "Il pleut, il neige." Vous me trouvez bon visage, et vous dĂ©sirez de mâen fĂ©liciter ; dites "Je vous trouve bon visage."â Mais, rĂ©pondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et dâailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? â Quâimporte, Acis ? Est-ce un si grand mal dâĂȘtre entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, Ă vous et Ă vos semblables les diseurs de phobus ; vous ne vous en dĂ©fiez point, et je vais vous jeter dans lâĂ©tonnement une chose vous manque, câest lâesprit. Ce nâest pas tout il y a en vous une chose de trop, qui est lâopinion dâen avoir plus que les autres ; voilĂ la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillĂ©es, et de vos grands mots qui ne signifient rien. Vous abordez cet homme, ou vous entrez dans cette chambre ; je vous tire par votre habit, et vous dis Ă lâoreille "Ne songez point Ă avoir de lâesprit, nâen ayez point, câest votre rĂŽle ; ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que lâont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit peut-ĂȘtre alors croira-t-on que vous en avez."8IV Qui peut se promettre dâĂ©viter dans la sociĂ©tĂ© des hommes la rencontre de certains esprits vains, lĂ©gers, familiers, dĂ©libĂ©rĂ©s, qui sont toujours dans une compagnie ceux qui parlent, et quâil faut que les autres Ă©coutent ? On les entend de lâantichambre ; on entre impunĂ©ment et sans crains de les interrompre ils continuent leur rĂ©cit sans la moindre attention pour ceux qui entrent ou qui sortent, comme pour le rang le mĂ©rite des personnes qui composent le cercle ; ils font taire celui qui commence Ă conter une nouvelle, pour la dire de leur façon, qui est la meilleure ils la tiennent de Zamet, de Ruccelay, ou de Conchini, quâils ne connaissent point, Ă qui ils nâont jamais parlĂ©, et quâils traiteraient de Monseigneur sâils leur parlaient ; ils sâapprochent quelquefois de lâoreille du plus qualifiĂ© de lâassemblĂ©e, pour le gratifier dâune circonstance que personne ne sait, et dont ils ne veulent pas que les autres soient instruits ; ils suppriment quelques noms pour dĂ©guiser lâhistoire quâils racontent, et pour dĂ©tourner les applications ; vous les priez les pressez inutilement il y a des choses quâils ne diront pas, il y a des gens quâils ne sauraient nommer, leur parole y est engagĂ©e, câest le dernier secret, câest un mystĂšre, outre que vous leur demandez lâimpossible, car sur ce que vous voulez apprendre dâeux, ils ignorent le fait et les Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; câest un homme universel, et il se donne pour tel il aime mieux mentir que de se taire ou de paraĂźtre ignorer quelque chose. On parle Ă la table dâun grand dâune cour du Nord il prend la parole, et lâĂŽte Ă ceux qui allaient dire ce quâils en savent ; il sâoriente dans cette rĂ©gion lointaine comme sâil en Ă©tait originaire ; il discourt des mĆurs de cette cour, des femmes du pays, des ses lois et de ses coutumes ; il rĂ©cite des historiettes qui y sont arrivĂ©es ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusquâĂ Ă©clater. Quelquâun se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement quâil dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre lâinterrupteur "Je nâavance, lui dit-il, je raconte rien que je ne sache dâoriginal je lâai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu Ă Paris depuis quelques jours, que je connais familiĂšrement, que jâai fort interrogĂ©, et qui ne mâa cachĂ© aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance quâil ne lâavait commencĂ©e, lorsque lâun des conviĂ©s lui dit "Câest Sethon Ă qui vous parlez, lui-mĂȘme, et qui arrive de son ambassade."I0IV Il y a un parti Ă prendre, dans les entretiens, entre une certaine paresse quâon a de parler, ou quelquefois un esprit abstrait, qui, nous jetant loin du sujet de la conversation, nous fait faire ou de mauvaises demandes ou de sottes rĂ©ponses, et une attention importune quâon a au moindre mot qui Ă©chappe, pour le relever, badiner autour, y trouver un mystĂšre que les autres nây voient pas, y chercher de la finesse et de la subtilitĂ©, seulement pour avoir occasion dây placer la Etre infatuĂ© de soi, et sâĂȘtre fortement persuadĂ© quâon a beaucoup dâesprit, est un accident qui nâarrive guĂšre quâĂ celui qui nâen a point, ou qui en a peu. Malheur pour lors Ă qui est exposĂ© Ă lâentretien dâun tel personnage ! combien de jolies phrases lui faudra-t-il essuyer ! combien de ces mots aventuriers qui paraissent subitement, durent un temps, et que bientĂŽt on ne revoit plus ! Sâil conte une nouvelle, câest moins pour lâapprendre Ă ceux qui lâĂ©coutent, que pour avoir le mĂ©rite de la dire, et de la dire bien elle devient un roman entre ses mains ; il fait penser les gens Ă sa maniĂšre, leur met en la bouche ses petites façons de parler, et les fait toujours parler longtemps ; il tombe ensuite en des parenthĂšses, qui peuvent passer pour Ă©pisodes, mais qui font oublier le gros de lâhistoire, et Ă lui qui vous parle, et Ă vous qui le supportez. Que serait-ce de vous et de lui, si quelquâun ne survenait heureusement pour dĂ©ranger le cercle, et faire oublier la narration ?I2V Jâentends ThĂ©odecte de lâantichambre ; il grossit sa voix Ă mesure quâil sâapproche ; le voilĂ entrĂ© il rit, il crie, il Ă©clate ; on bouche ses oreilles, câest un tonnerre. Il nâest pas moins redoutable par les choses quâil dit que par le ton dont il parle. Il ne sâapaise, et il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanitĂ©s et des sottises. Il a si peu dâĂ©gard au temps, aux personnes, aux biensĂ©ances, que chacun a son fait sans quâil ait eu intention de le lui donner ; il nâest pas encore assis quâil a, Ă son insu, dĂ©sobligĂ© toute lâassemblĂ©e. A-t-on servi, il se met le premier Ă table et dans la premiĂšre place ; les femmes sont Ă sa droite et Ă gauche. Il mange, il boit, il conte, il plaisante, il interrompt tout Ă la fois. Il nâa nul discernement des personnes, ni du maĂźtre, ni des conviĂ©s ; il abuse de la folle dĂ©fĂ©rence quâon a pour lui. Est-ce lui, est-ce EuthydĂšme qui donne le repas ? Il rappelle Ă soi toute lâautoritĂ© de la table ; et il y a un moindre inconvĂ©nient Ă la lui laisser entiĂšre quâĂ la lui disputer. Le vin et les viandes nâajoutent rien Ă son caractĂšre. Si lâon joue, il gagne au jeu ; il veut railler celui qui perd, et il lâoffense ; les rieurs sont pour lui il nây a sorte de fatuitĂ©s quâon ne lui passe. Je cĂšde enfin et je disparais, incapable de souffrir plus longtemps ThĂ©odecte, et ceux qui le TroĂŻle est utile Ă ceux qui ont trop de bien il leur ĂŽte lâembarras du superflu ; il leur sauve la peine dâamasser de lâargent, de faire des contrats, de fermer des coffres, de porter des clefs sur soi et de craindre un vol domestique. Il les aide dans leurs plaisirs, et il devient capable ensuite de les servir dans leurs passions ; bientĂŽt il les rĂšgle et les maĂźtrise dans leur conduite. Il est lâoracle dâune maison, celui dont on attend, que dis-je ? dont on prĂ©vient, dont on devine les dĂ©cisions. Il dit de cet esclave "Il faut le punir", et on le fouette ; et de cet autre "Il faut lâaffranchir", et on lâaffranchit. Lâon voit quâun parasite ne le fait pas rire ; il peut lui dĂ©plaire il est congĂ©diĂ©. Le maĂźtre est heureux, si TroĂŻle lui laisse sa femme et ses enfants. Si celui-ci est Ă table, et quâil prononce dâun mets quâil est friand, le maĂźtre et les conviĂ©s, qui en mangeaient sans rĂ©flexion, le trouvent friand, et ne sâen peuvent rassasier ; sâil dit au contraire dâun autre mets quâil est insipide, ceux qui commençaient Ă le goĂ»ter, nâosant avaler le morceau quâils ont Ă la bouche, ils le jettent Ă terre tous ont les yeux sur lui, observent son maintien et son visage avant de prononcer sur le vin ou sur les viandes qui sont servies. Ne le cherchez pas ailleurs que dans la maison de ce riche quâil gouverne câest lĂ quâil mange, quâil dort et quâil fait digestion, quâil querelle son valet, quâil reçoit ses ouvriers, et quâil remet ses crĂ©anciers. Il rĂ©gente, il domine dans une salle ; il y reçoit la cour et les hommages de ceux qui, plus fins que les autres, ne veulent aller au maĂźtre que par TroĂŻle. Si lâon entre par malheur sans avoir une physionomie qui lui agrĂ©e, il ride son front et il dĂ©tourne sa vue ; si on lâaborde, il ne se lĂšve pas ; si lâon sâassied auprĂšs de lui, il sâĂ©loigne ; si on lui parle, il ne rĂ©pond point ; si lâon continue de parler, il passe dans une autre chambre ; si on le suit, il gagne lâescalier ; il franchirait tous les Ă©tages, ou il se lancerait par une fenĂȘtre, plutĂŽt que de se laisser joindre par quelquâun qui a un visage ou un ton de voix quâil dĂ©sapprouve. Lâun et lâautre sont agrĂ©ables en TroĂŻle, et il sâen est servi heureusement pour sâinsinuer ou pour conquĂ©rir. Tout devient, avec le temps, au-dessous de ses soins, comme il est au-dessus de vouloir se soutenir ou continuer de plaire par le moindre des talents qui ont commencĂ© Ă le faire valoir. Câest beaucoup quâil sorte quelquefois de ses mĂ©ditations et de sa taciturnitĂ© pour contredire, et que mĂȘme pour critiquer il daigne une fois le jour avoir de lâesprit. Bien loin dâattendre de lui quâil dĂ©fĂšre Ă vos sentiments, quâil soit complaisant, quâil vous loue, vous nâĂȘtes pas sĂ»r quâil aime toujours votre approbation, ou quâil souffre votre Il faut laisser parler cet inconnu que le hasard a placĂ© auprĂšs de vous dans une voiture publique, Ă une fĂȘte ou Ă un spectacle ; et il ne vous coĂ»tera bientĂŽt pour le connaĂźtre que de lâavoir Ă©coutĂ© vous saurez son nom, sa demeure, son pays, lâĂ©tat de son bien, son emploi, celui de son pĂšre, la famille dont est sa mĂšre, sa parentĂ©, ses alliances, les armes de sa maison ; vous comprendrez quâil est noble, quâil a un chĂąteau, de beaux meubles, des valets, et un Il y a des gens qui parlent un moment avant que dâavoir pensĂ©. Il y en a dâautres qui ont une fade attention Ă ce quâils disent, et avec qui lâon souffre dans la conversation de tout le travail de leur esprit ; ils sont comme pĂ©tris de phrases et de petits tours dâexpression, concertĂ©s dans leur geste et dans tout leur maintien ; ils sont puristes, et ne hasardent pas le moindre mot, quand il devrait faire le plus bel effet du monde ; rien dâheureux ne leur Ă©chappe, rien ne coule de source et avec libertĂ© ils parlent proprement et Lâesprit de la conversation consiste bien moins Ă en montrer beaucoup quâĂ en faire trouver aux autres celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit, lâest de vous parfaitement. Les hommes nâaiment point Ă vous admirer, ils veulent plaire ; ils cherchent moins Ă ĂȘtre instruits, et mĂȘme rĂ©jouis, quâĂ ĂȘtre goĂ»tĂ©s et applaudis ; et le plaisir le plus dĂ©licat est de faire celui dâ Il ne faut pas quâil y ait trop dâimagination dans nos conversations ni dans nos Ă©crits ; elle ne produit souvent que des idĂ©es vaines et puĂ©riles, qui ne servent point Ă perfectionner le goĂ»t et Ă nous rendre meilleurs nos pensĂ©es doivent ĂȘtre prises dans le bon sens et la droite raison, et doivent ĂȘtre un effet de notre Câest une grande misĂšre que de nâavoir pas assez dâesprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. VoilĂ le principe de toute Dire dâune chose modestement ou quâelle est bonne ou quâelle est mauvaise, et les raisons pourquoi elle est telle, demande du bon sens et de lâexpression câest une affaire. Il est plus court de prononcer dâun ton dĂ©cisif, et qui emporte la preuve de ce quâon avance, ou quâelle est exĂ©crable, ou quâelle est Rien nâest moins selon Dieu et selon le monde que dâappuyer tout ce que lâon dit dans la conversation, jusques aux choses les plus indiffĂ©rentes, par de longs et de fastidieux serments. Un honnĂȘte homme qui dit oui et non mĂ©rite dâĂȘtre cru son caractĂšre jure pour lui, donne crĂ©ance Ă ses paroles, et lui attire toute sorte de Celui qui dit incessamment quâil a de lâhonneur et de la probitĂ©, quâil ne nuit Ă personne, quâil consent que le mal quâil fait aux autres lui arrive, et qui jure pour le faire croire, ne sait pas mĂȘme contrefaire lâhomme de homme de bien ne saurait empĂȘcher par toute sa modestie quâon ne dise de lui ce quâun malhonnĂȘte homme sait dire de ClĂ©on parle peu obligeamment ou peu juste, câest lâun ou lâautre ; mais il ajoute quâil est fait ainsi, et quâil dit ce quâil Il y a parler bien, parler aisĂ©ment, parler juste, parler Ă propos. Câest pĂ©cher contre ce dernier genre que de sâĂ©tendre sur un repas magnifique que lâon vient de faire, devant des gens qui sont rĂ©duits Ă Ă©pargner leur pain ; de dire merveilles de sa santĂ© devant des infirmes ; dâentretenir de ses richesses, de ses revenus et de ses ameublements un homme qui nâa ni rentes ni domicile ; en un mot, de parler de son bonheur devant des misĂ©rables cette conversation est trop forte pour eux, et la comparaison quâils font alors de leur Ă©tat au vĂŽtre est "Pour vous, dit Euthyphron, vous ĂȘtes riche, ou vous devez lâĂȘtre dix mille livres de rente, et en fonds de terre, cela est beau, cela est doux, et lâon est heureux Ă moins", pendant que lui qui parle ainsi a cinquante mille livres de revenu, et quâil croit nâavoir que la moitiĂ© de ce quâil mĂ©rite. Il vous taxe, il vous apprĂ©cie, il fixe votre dĂ©pense et sâil vous jugeait digne dâune meilleure fortune, et de celle mĂȘme oĂč il aspire, il ne manquerait pas de vous la souhaiter. Il nâest pas le seul qui fasse de si mauvaises estimations ou des comparaisons si dĂ©sobligeantes le monde est plein dâ Quelquâun, suivant la pente de la coutume qui veut quâon loue, et par lâhabitude quâil a Ă la flatterie et Ă lâexagĂ©ration, congratule ThĂ©odĂšme sur un discours quâil nâa point entendu, et dont personne nâa pu encore lui rendre compte il ne laisse pas de lui parler de son gĂ©nie, de son geste, et surtout de la fidĂ©litĂ© de sa mĂ©moire ; et il est vrai que ThĂ©odĂšme est demeurĂ© IV Lâon voit des gens brusques, inquiets, suffisants, qui bien quâoisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expĂ©dient, pour ainsi dire, en peu de paroles, et ne songent quâĂ se dĂ©gager de vous ; on leur parle encore, quâils sont partis et ont disparu. Ils ne sont pas moins impertinents que ceux qui vous arrĂȘtent seulement pour vous ennuyer ils sont peut-ĂȘtre moins Parler et offenser, pour de certaines gens, est prĂ©cisĂ©ment la mĂȘme chose. Ils sont piquants et amers ; leur style est mĂȘlĂ© de fiel et dâabsinthe la raillerie, lâinjure, lâinsulte leur dĂ©coulent des lĂšvres comme leur salive. Il leur serait utile dâĂȘtre nĂ©s muets ou stupides ce quâils ont de vivacitĂ© et dâesprit leur nuit davantage que ne fait Ă quelques autres leur sottise. Ils ne se contentent pas toujours de rĂ©pliquer avec aigreur, ils attaquent souvent avec insolence ; ils frappent sur tout ce qui se trouve sous leur langue, sur les prĂ©sents, sur les absents ; ils heurtent de front et de cĂŽtĂ©, comme des bĂ©liers demande-t-on Ă des bĂ©liers quâils nâaient pas de cornes ? De mĂȘme nâespĂšre-t-on pas de rĂ©former par cette peinture des naturels si durs, si farouches, si indociles. Ce que lâon peut faire de mieux, dâaussi loin quâon les dĂ©couvre, est de les fuir de toute sa force et sans regarder derriĂšre Il y a des gens dâune certaine Ă©toffe ou dâun certain caractĂšre avec qui il ne faut jamais se commettre, de qui lâon ne doit se plaindre que le moins quâil est possible, contre qui il nâest pas mĂȘme permis dâavoir Entre deux personnes qui ont eu ensemble une violente querelle, dont lâun a raison et lâautre ne lâa pas, ce que la plupart de ceux qui y ont assistĂ© ne manquent jamais de faire, ou pour se dispenser de juger, ou par un tempĂ©rament qui mâa toujours paru hors de sa place, câest de condamner tous les deux leçon importante, motif pressant et indispensable de fuir Ă lâorient quand le fat est Ă lâoccident, pour Ă©viter de partager avec lui le mĂȘme Je nâaime pas un homme que je ne puis aborder le premier, ni saluer avant quâil me salue, sans mâavilir Ă ses yeux, et sans tremper dans la bonne opinion quâil a de lui-mĂȘme. Montaigne dirait Je veux avoir mes coudĂ©es franches, et estre courtois et affable Ă mon point, sans remords ne consequence. Je ne puis du tout estriver contre mon penchant, et aller au rebours de mon naturel, qui mâemmeine vers celuy que je trouve Ă ma rencontre. Quand il mâest Ă©gal, et quâil ne mâest point ennemy, jâanticipe sur son accueil, je le questionne sur sa disposition et santĂ©, je luy fais offre de mes offices sans tant marchander sur le plus ou sur le moins, ne estre, comme disent aucuns, sur le qui vive. Celuy-lĂ me deplaist, qui par la connoissance que jâay de ses coutumes et façons dâagir, me tire de cette libertĂ© et franchise. Comment me ressouvenir tout Ă propos, et dâaussi loin que je vois cet homme, dâemprunter une contenance grave et importante, et qui lâavertisse que je crois le valoir bien et au delĂ ? pour cela de me ramentevoir de mes bonnes qualitez et conditions, et des siennes mauvaises, puis en faire la comparaison. Câest trop de travail pour moy, et ne suis du tout capable de si roide et si subite attention ; et quand bien elle mâauroit succedĂ© une premiĂšre fois, je ne laisserois de flechir et me dementir Ă une seconde tĂąche je ne puis me forcer et contraindre pour quelconque Ă estre fier."3IIV Avec de la vertu, de la capacitĂ©, et une bonne conduite, lâon peut ĂȘtre insupportable. Les maniĂšres, que lâon nĂ©glige comme de petites choses, sont souvent ce qui fait que les hommes dĂ©cident de vous en bien ou en mal une lĂ©gĂšre attention Ă les avoir douces et polies prĂ©vient leurs mauvais jugements. Il ne faut presque rien pour ĂȘtre cru fier, incivil, mĂ©prisant, dĂ©sobligeant il faut encore moins pour ĂȘtre estimĂ© tout le La politesse nâinspire pas toujours la bontĂ©, lâĂ©quitĂ©, la complaisance, la gratitude ; elle en donne du moins les apparences, et fait paraĂźtre lâhomme au dehors comme il devrait ĂȘtre intĂ©rieurement.I Lâon peut dĂ©finir lâesprit de politesse, lâon ne peut en fixer la pratique elle suit lâusage et les coutumes reçues ; elle est attachĂ©e aux temps, aux lieux, aux personnes, et nâest point la mĂȘme dans les deux sexes, ni dans les diffĂ©rentes conditions ; lâesprit tout seul ne la fait pas deviner il fait quâon la suit par imitation, et que lâon sây perfectionne. Il y a des tempĂ©raments qui ne sont susceptibles que de la politesse ; et il y en a dâautres qui ne servent quâaux grands talents, ou Ă une vertu solide. Il est vrai que les maniĂšres polies donnent cours au mĂ©rite, et le rendent agrĂ©able ; et quâil faut avoir de bien Ă©minentes qualitĂ©s pour se soutenir sans la politesse.I Il me semble que lâesprit de politesse est une certaine attention Ă faire que par nos paroles et par nos maniĂšres les autres soient contents de nous et dâ Câest une faute contre la politesse que de louer immodĂ©rĂ©ment, en prĂ©sence de ceux que vous faites chanter ou toucher un instrument, quelque autre personne qui a ces mĂȘmes talents ; comme devant ceux qui vous lisent leurs vers, un autre Dans les repas ou les fĂȘtes que lâon donne aux autres, dans les prĂ©sents quâon leur fait, et dans tous les plaisirs quâon leur procure, il y a faire bien, et faire selon leur goĂ»t le dernier est Il y aurait une espĂšce de fĂ©rocitĂ© Ă rejeter indiffĂ©remment toute sorte de louanges lâon doit ĂȘtre sensible Ă celles qui nous viennent des gens de bien, qui louent en nous sincĂšrement des choses Un homme dâesprit, et qui est nĂ© fier, ne perd rien de sa fiertĂ© et de sa raideur pour se trouver pauvre ; si quelque chose au contraire doit amollir son humeur, le rendre plus doux et plus sociable, câest un peu de Ne pouvoir supporter tous les mauvais caractĂšres dont le monde est plein nâest pas un fort bon caractĂšre il faut dans le commerce des piĂšces dâor et de la Vivre avec des gens qui sont brouillĂ©s, et dont il faut Ă©couter de part et dâautre les plaintes rĂ©ciproques, câest, pour ainsi dire, ne pas sortir de lâaudience, et entendre du matin au soir plaider et parler Lâon sait des gens qui avaient coulĂ© leurs jours dans une union Ă©troite leurs biens Ă©taient en commun, ils nâavaient quâune mĂȘme demeure, ils ne se perdaient pas de vue. Ils se sont aperçus Ă plus de quatre-vingts ans quâils devaient se quitter lâun lâautre et finir leur sociĂ©tĂ© ; ils nâavaient plus quâun jour Ă vivre, et ils nâont osĂ© entreprendre de le passer ensemble ; ils se sont dĂ©pĂȘchĂ©s de rompre avant que de mourir ; ils nâavaient de fonds pour la complaisance que jusque-lĂ . Ils ont trop vĂ©cu pour le bon exemple un moment plus tĂŽt ils mouraient sociables, et laissaient aprĂšs eux un rare modĂšle de la persĂ©vĂ©rance dans lâ LâintĂ©rieur des familles est souvent troublĂ© par les dĂ©fiances, par les jalousies et par lâantipathie, pendant que des dehors contents, paisibles et enjouĂ©s nous trompent, et nous y font supposer une paix qui nây est point il y en a peu qui gagnent Ă ĂȘtre approfondies. Cette visite que vous rendez vient de suspendre une querelle domestique, qui nâattend que votre retraite pour Dans la sociĂ©tĂ©, câest la raison qui plie la premiĂšre. Les plus sages sont souvent menĂ©s par le plus fou et le plus bizarre lâon Ă©tudie son faible, son humeur, ses caprices, lâon sây accommode ; lâon Ă©vite de le heurter, tout le monde lui cĂšde ; la moindre sĂ©rĂ©nitĂ© qui paraĂźt sur son visage lui attire des Ă©loges on lui tient compte de nâĂȘtre pas toujours insupportable. Il est craint, mĂ©nagĂ©, obĂ©i, quelquefois Il nây a que ceux qui ont eu de vieux collatĂ©raux, ou qui en ont encore, et dont il sâagit dâhĂ©riter, qui puissent dire ce quâil en ClĂ©ante est un trĂšs honnĂȘte homme ; il sâest choisi une femme qui est la meilleure personne du monde et la plus raisonnable chacun, de sa part, fait tout le plaisir et tout lâagrĂ©ment des sociĂ©tĂ©s oĂč il se trouve ; lâon ne peut voir ailleurs plus de probitĂ©, plus de politesse. Ils se quittent demain, et lâacte de leur sĂ©paration est tout dressĂ© chez le notaire. Il y a, sans mentir, de certains mĂ©rites qui ne sont point faits pour ĂȘtre ensemble, de certaines vertus Lâon peut compter sĂ»rement sur la dot, le douaire et les conventions, mais faiblement sur les nourritures ; elles dĂ©pendent dâune union fragile de la belle-mĂšre et de la bru, et qui pĂ©rit souvent dans lâannĂ©e du Un beau-pĂšre aime son gendre, aime sa bru. Une belle-mĂšre aime son gendre, nâaime point sa bru. Tout est Ce quâune marĂątre aime le moins de tout ce qui est au monde, ce sont les enfants de son mari plus elle est folle de son mari, plus elle est marĂątres font dĂ©serter les villes et les bourgades, et ne peuplent pas moins la terre de mendiants, de vagabonds, de domestiques et dâesclaves, que la G⊠et H⊠sont voisins de campagne, et leurs terres sont contiguĂ«s ; ils habitent une contrĂ©e dĂ©serte et solitaire. EloignĂ©s des villes et de tout commerce, il semblait que la fuite dâune entiĂšre solitude ou lâamour de la sociĂ©tĂ© eĂ»t dĂ» les assujettir Ă une liaison rĂ©ciproque ; il est cependant difficile dâexprimer la bagatelle qui les a fait rompre, qui les rend implacables lâun pour lâautre, et qui perpĂ©tuera leurs haines dans leurs descendants. Jamais des parents, et mĂȘme des frĂšres, ne se sont brouillĂ©s pour une moindre suppose quâil nây ait que deux hommes sur la terre, qui la possĂšdent seuls, et qui la partagent toute entre eux deux je suis persuadĂ© quâil leur naĂźtra bientĂŽt quelque sujet de rupture, quand ce ne serait que pour les Il est souvent plus court et plus utile de cadrer aux autres que de faire que les autres sâajustent Ă Jâapproche dâune petite ville, et je suis dĂ©jĂ sur une hauteur dâoĂč je la dĂ©couvre. Elle est situĂ©e Ă mi-cĂŽte ; une riviĂšre baigne ses murs, et coule ensuite dans une belle prairie ; elle a une forĂȘt Ă©paisse qui la couvre des vents froids et de lâaquilon. Je la vois dans un jour si favorable, que je compte ses tours et ses clochers ; elle me paraĂźt peinte sur le penchant de la colline. Je me rĂ©crie, et je dis "Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce sĂ©jour si dĂ©licieux ! " Je descends dans la ville, oĂč je nâai pas couchĂ© deux nuits, que je ressemble Ă ceux qui lâhabitent jâen veux Il y a une chose que lâon nâa point vue sous le ciel et que selon toutes les apparences on ne verra jamais câest une petite ville qui nâest divisĂ©e en aucuns partis ; oĂč les familles sont unies, et oĂč les cousins se voient avec confiance ; oĂč un mariage nâengendre point une guerre civile ; oĂč la querelle des rangs ne se rĂ©veille pas Ă tous moments par lâoffrande, lâencens et le pain bĂ©nit, par les processions et par les obsĂšques ; dâoĂč lâon a banni les caquets, le mensonge et la mĂ©disance ; oĂč lâon voit parler ensemble le bailli et le prĂ©sident, les Ă©lus et les assesseurs ; oĂč le doyen vit bien avec ses chanoines ; oĂč les chanoines ne dĂ©daignent pas les chapelains, et oĂč ceux-ci souffrent les Les provinciaux et les sots sont toujours prĂȘts Ă se fĂącher, et Ă croire quâon se moque dâeux ou quâon les mĂ©prise il ne faut jamais hasarder la plaisanterie, mĂȘme la plus douce et la plus permise, quâavec des gens polis, ou qui ont de lâ On ne prime point avec les grands, ils se dĂ©fendent par leur grandeur ; ni avec les petits, ils vous repoussent par le qui Tout ce qui est mĂ©rite se sent, se discerne, se devine rĂ©ciproquement si lâon voulait ĂȘtre estimĂ©, il faudrait vivre avec des personnes Celui qui est dâune Ă©minence au-dessus des autres qui le met Ă couvert de la repartie, ne doit jamais faire une raillerie Il y a de petits dĂ©fauts que lâon abandonne volontiers Ă la censure, et dont nous ne haĂŻssons pas Ă ĂȘtre raillĂ©s ce sont de pareils dĂ©fauts que nous devons choisir pour railler les Rire des gens dâesprit, câest le privilĂšge des sots ils sont dans le monde ce que les fous sont Ă la cour, je veux dire sans La moquerie est souvent indigence dâ Vous le croyez votre dupe sâil feint de lâĂȘtre, qui est plus dupe de lui ou de vous ?59IV Si vous observez avec soin qui sont les gens qui ne peuvent louer, qui blĂąment toujours, qui ne sont contents de personne, vous reconnaĂźtrez que ce sont ceux mĂȘmes dont personne nâest Le dĂ©dain et le rengorgement dans la sociĂ©tĂ© attire prĂ©cisĂ©ment le contraire de ce que lâon cherche, si câest Ă se faire Le plaisir de la sociĂ©tĂ© entre les amis se cultive par une ressemblance de goĂ»t sur ce qui regarde les mĆurs, et par quelques diffĂ©rences dâopinions sur les sciences par lĂ ou lâon sâaffermit dans ses sentiments, ou lâon sâexerce et lâon sâinstruit par la Lâon ne peut aller loin dans lâamitiĂ©, si lâon nâest pas disposĂ© Ă se pardonner les uns aux autres les petits Combien de belles et inutiles raisons Ă Ă©taler Ă celui qui est dans une grande adversitĂ©, pour essayer de le rendre tranquille ! Les choses de dehors, quâon appelle les Ă©vĂ©nements, sont quelquefois plus fortes que la raison et que la nature. "Mangez, dormez, ne vous laissez point mourir de chagrin, songez Ă vivre" harangues froides, et qui rĂ©duisent Ă lâimpossible. "EtĂȘs-vous raisonnable de vous tant inquiĂ©ter ? " nâest-ce pas dire "Etes-vous fou dâĂȘtre malheureux ? "64I Le conseil, si nĂ©cessaire pour les affaires, est quelquefois dans la sociĂ©tĂ© nuisible Ă qui le donne, et inutile Ă celui Ă qui il est donnĂ©. Sur les mĆurs, vous faites remarquer des dĂ©fauts ou que lâon nâavoue pas, ou que lâon estime des vertus ; sur les ouvrages, vous rayez les endroits qui paraissent admirables Ă leur auteur, oĂč il se complaĂźt davantage, oĂč il croit sâĂȘtre surpassĂ© lui-mĂȘme. Vous perdez ainsi la confiance de vos amis, sans les avoir rendus ni meilleurs ni plus Lâon a vu, il nây a pas longtemps, un cercle de personnes des deux sexes, liĂ©es ensemble par la conversation et par un commerce dâesprit. Ils laissaient au vulgaire lâart de parler dâune maniĂšre intelligible ; une chose dite entre eux peu clairement en entraĂźnait une autre encore plus obscure, sur laquelle on enchĂ©rissait par de vraies Ă©nigmes, toujours suivies de longs applaudissements par tout ce quâils appelaient dĂ©licatesse, sentiments, tour et finesse dâexpression, ils Ă©taient enfin parvenus Ă nâĂȘtre plus entendus et Ă ne sâentendre pas eux-mĂȘmes. Il ne fallait, pour fournir Ă ces entretiens, ni bon sens, ni jugement, ni mĂ©moire, ni la moindre capacitĂ© il fallait de lâesprit, non pas du meilleur, mais de celui qui est faux, et oĂč lâimagination a trop de Je le sais, ThĂ©obalde, vous ĂȘtes vieilli ; mais voudriez-vous que je crusse que vous ĂȘtes baissĂ©, que vous nâĂȘtes plus poĂšte ni bel esprit, que vous ĂȘtes prĂ©sentement aussi mauvais juge de tout genre dâouvrage que mĂ©chant auteur, que vous nâavez plus rien de naĂŻf et de dĂ©licat dans la conversation ? Votre air libre et prĂ©somptueux me rassure, et me persuade tout le contraire. Vous ĂȘtes donc aujourdâhui tout ce que vous fĂ»tes jamais, et peut-ĂȘtre meilleur ; car si Ă votre Ăąge vous ĂȘtes si vif et si impĂ©tueux, quel nom, ThĂ©obalde, fallait-il vous donner dans votre jeunesse, et lorsque vous Ă©tiez la coqueluche ou lâentĂȘtement de certaines femmes qui ne juraient que par vous et sur votre parole, qui disaient Cela est dĂ©licieux ; quâa-t-il dit ?67I Lâon parle impĂ©tueusement dans les entretiens, souvent par vanitĂ© ou par humeur, rarement avec assez dâattention tout occupĂ© du dĂ©sir de rĂ©pondre Ă ce quâon nâĂ©coute point, lâon suit ses idĂ©es, et on les explique sans le moindre Ă©gard pour les raisonnements dâautrui ; lâon est bien Ă©loignĂ© de trouver ensemble la vĂ©ritĂ©, lâon nâest pas encore convenu de celle que lâon cherche. Qui pourrait Ă©couter ces sortes de conversations et les Ă©crire, ferait voir quelquefois de bonnes choses qui nâont nulle Il a rĂ©gnĂ© pendant quelque temps une sorte de conversation fade et puĂ©rile, qui roulait toute sur des questions frivoles qui avaient relation au cĆur et Ă ce quâon appelle passion ou tendresse. La lecture de quelques romans les avait introduites parmi les plus honnĂȘtes gens de la ville et de la cour ; ils sâen sont dĂ©faits, et la bourgeoisie les a reçues avec les pointes et les Quelques femmes de la ville ont la dĂ©licatesse de ne pas savoir ou de nâoser dire le nom des rues, des places, et de quelques endroits publics, quâelles ne croient pas assez nobles pour ĂȘtre connus. Elles disent le Louvre, la place Royale, mais elles usent de tours et de phrases plutĂŽt que de prononcer de certains noms ; et sâils leur Ă©chappent, câest du moins avec quelque altĂ©ration du mot, et aprĂšs quelques façons qui les rassurent en cela moins naturelles que les femmes de la cour, qui ayant besoin dans le discours des Halles, du ChĂątelet, ou de choses semblables, disent les Halles, le Si lâon feint quelquefois de ne se pas souvenir de certains noms que lâon croit obscurs, et si lâon affecte de les corrompre en les prononçant, câest par la bonne opinion quâon a du Lâon dit par belle humeur, et dans la libertĂ© de la conversation, de ces choses froides, quâĂ la vĂ©ritĂ© lâon donne pour telles, et que lâon ne trouve bonnes que parce quâelles sont extrĂȘmement mauvaises. Cette maniĂšre basse de plaisanter a passĂ© du peuple, Ă qui elle appartient, jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, quâelle a dĂ©jĂ infectĂ©e. Il est vrai quâil y entre trop de fadeur et de grossiĂšretĂ© pour devoir craindre quâelle sâĂ©tende plus loin, et quâelle fasse de plus grands progrĂšs dans un pays qui est le centre du bon goĂ»t et de la politesse. Lâon doit cependant en inspirer le dĂ©goĂ»t Ă ceux qui la pratiquent ; car bien que ce ne soit jamais sĂ©rieusement, elle ne laisse pas de tenir la place, dans leur esprit et dans le commerce ordinaire, de quelque chose de Entre dire de mauvais choses, ou en dire de bonnes que tout le monde sait et les donner pour nouvelles, je nâai pas Ă "Lucain a dit une jolie chose⊠Il y a un beau mot de Claudien⊠Il y a cet endroit de SĂ©nĂšque" et lĂ -dessus une longue suite de latin, que lâon cite souvent devant des gens qui ne lâentendent pas, et qui feignent de lâentendre. Le secret serait dâavoir un grand sens et bien de lâesprit ; car ou lâon se passerait des anciens, ou aprĂšs les avoir lus avec soin, lâon saurait encore choisir les meilleurs, et les citer Ă Hermagoras ne sait pas qui est roi de Hongrie ; il sâĂ©tonne de nâentendre faire aucune mention du roi de BohĂȘme ; ne lui parlez pas des guerres de Flandre et de Hollande, dispensez-le du moins de vous rĂ©pondre il confond les temps, il ignore quand elles ont commencĂ©, quand elles ont fini ; combats, siĂšges, tout lui est nouveau ; mais il est instruit de la guerre des gĂ©ants, il en raconte le progrĂšs et les moindres dĂ©tails, rien ne lui est Ă©chappĂ© ; il dĂ©brouille de mĂȘme lâhorrible chaos des deux empires, le Babylonien et lâAssyrien ; il connaĂźt Ă fond les Egyptiens et leurs dynasties. Il nâa jamais vu Versailles, il ne le verra point il a presque vu la tour de Babel, il en compte les degrĂ©s, il sait combien dâarchitectes ont prĂ©sidĂ© Ă cet ouvrage, il sait le nom des architectes. Dirai-je quâil croit Henri IV fils de Henri III ? Il nĂ©glige du moins de rien connaĂźtre aux maisons de France, dâAutriche et de BaviĂšre "Quelles minuties ! " dit-il, pendant quâil rĂ©cite de mĂ©moire toute une liste des rois des MĂšdes ou de Babylone, et que les noms dâApronal, dâHĂ©rigebal, de Noesnemordach, de Mardokempad, lui sont aussi familiers quâĂ nous ceux de Valois et de Bourbon. Il demande si lâEmpereur a jamais Ă©tĂ© mariĂ© ; mais personne ne lui apprendra que Ninus a eu deux femmes. On lui dit que le Roi jouit dâune santĂ© parfaite ; et il se souvient que Thetmosis, un roi dâĂgypte, Ă©tait valĂ©tudinaire, et quâil tenait cette complexion de son aĂŻeul Alipharmutosis. Que ne sait-il point ? Quelle chose lui est cachĂ©e de la vĂ©nĂ©rable antiquitĂ© ? Il vous dira que SĂ©miramis, ou, selon quelques-uns, SĂ©rimaris, parlait comme son fils Ninyas, quâon ne les distinguait pas Ă la parole si câĂ©tait parce que la mĂšre avait une voix mĂąle comme son fils, ou le fils une voix effĂ©minĂ©e comme sa mĂšre, quâil nâose pas le dĂ©cider. Il vous rĂ©vĂ©lera que Nembrot Ă©tait gaucher, et SĂ©sostris ambidextre ; que câest une erreur de sâimaginer quâun Artaxerxe ait Ă©tĂ© appelĂ© Longuemain parce que les bras lui tombaient jusquâaux genoux, et non Ă cause quâil avait une main plus longue que lâautre ; et il ajoute quâil y a des auteurs graves qui affirment que câĂ©tait la droite, quâil croit nĂ©anmoins ĂȘtre bien fondĂ© Ă soutenir que câest la Ascagne est statuaire, HĂ©gion fondeur, Aeschine foulon, et Cydias bel esprit, câest sa profession. Il a une enseigne, un atelier, des ouvrages de commande, et des compagnons qui travaillent sous lui il ne vous saurait rendre de plus dâun mois les stances quâil vous a promises, sâil ne manque de parole Ă DosithĂ©e, qui lâa engagĂ© Ă faire une Ă©lĂ©gie ; une idylle est sur le mĂ©tier, câest pour Crantor, qui le presse, et qui lui laisse espĂ©rer un riche salaire. Prose, vers, que voulez-vous ? Il rĂ©ussit Ă©galement en lâun et en lâautre. Demandez-lui des lettres de consolation, ou sur une absence, il les entreprendra ; prenez-les toutes faites et entrez dans son magasin, il y a Ă choisir. Il a un ami qui nâa point dâautre fonction sur la terre que de le promettre longtemps Ă un certain monde, et de le prĂ©senter enfin dans les maisons comme homme rare et dâune exquise conversation ; et lĂ , ainsi que le musicien chante et que le joueur de luth touche son luth devant les personnes Ă qui il a Ă©tĂ© promis, Cydias, aprĂšs avoir toussĂ©, relevĂ© sa manchette, Ă©tendu la main et ouvert les doigts, dĂ©bite gravement ses pensĂ©es quintessenciĂ©es et ses raisonnements sophistiquĂ©s. DiffĂ©rent de ceux qui convenant de principes, et connaissant la raison ou la vĂ©ritĂ© qui est une, sâarrachent la parole lâun Ă lâautre pour sâaccorder sur leurs sentiments, il nâouvre la bouche que pour contredire "Il me semble, dit-il gracieusement, que câest tout le contraire de ce que vous dites" ; ou "Je ne saurais ĂȘtre de votre opinion" ; ou bien "Ăâa Ă©tĂ© autrefois mon entĂȘtement, comme il est le vĂŽtre, mais⊠Il y a trois choses, ajoute-t-il, Ă considĂ©rerâŠ", et il en ajoute une quatriĂšme fade discoureur, qui nâa pas mis plus tĂŽt le pied dans une assemblĂ©e, quâil cherche quelques femmes auprĂšs de qui il puisse sâinsinuer, se parer de son bel esprit ou de sa philosophie, et mettre en Ćuvre ses rares conceptions ; car soit quâil parle ou quâil Ă©crive, il ne doit pas ĂȘtre soupçonnĂ© dâavoir en vue ni le vrai ni le faux, ni le raisonnable ni le ridicule il Ă©vite uniquement de donner dans le sens des autres, et dâĂȘtre de lâavis de quelquâun ; aussi attend-il dans un cercle que chacun se soit expliquĂ© sur le sujet qui sâest offert, ou souvent quâil a amenĂ© lui-mĂȘme, pour dire dogmatiquement des choses toutes nouvelles, mais Ă son grĂ© dĂ©cisives et sans rĂ©plique. Cydias sâĂ©gale Ă Lucien et Ă SĂ©nĂšque, se met au-dessus de Platon, de Virgile et de ThĂ©ocrite ; et son flatteur a soin de le confirmer tous les matins dans cette opinion. Uni de goĂ»t et dâintĂ©rĂȘt avec les contempteurs dâHomĂšre, il attend paisiblement que les hommes dĂ©trompĂ©s lui prĂ©fĂšrent les poĂštes modernes il se met en ce cas Ă la tĂȘte de ces derniers, et il sait Ă qui il adjuge la seconde place. Câest en un mot un composĂ© du pĂ©dant et du prĂ©cieux, fait pour ĂȘtre admirĂ© de la bourgeoisie et de la province, en qui nĂ©anmoins on nâaperçoit rien de grand que lâopinion quâil a de Câest la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce quâil vient dâapprendre lui-mĂȘme ; celui qui sait beaucoup pense Ă peine que ce quâil dit puisse ĂȘtre ignorĂ©, et parle plus Les plus grandes choses nâont besoin que dâĂȘtre dites simplement elles se gĂątent par lâemphase. Il faut dire noblement les plus petites elles ne se soutiennent que par lâexpression, le ton et la Il me semble que lâon dit les choses encore plus finement quâon ne peut les Il nây a guĂšre quâune naissance honnĂȘte, ou quâune bonne Ă©ducation, qui rendent les hommes capables de Toute confiance est dangereuse si elle nâest entiĂšre il y a peu de conjonctures oĂč il ne faille tout dire ou tout cacher. On a dĂ©jĂ trop dit de son secret Ă celui Ă qui lâon croit devoir en dĂ©rober une Des gens vous promettent le secret, et ils le rĂ©vĂšlent eux-mĂȘmes, et Ă leur insu ; ils ne remuent pas les lĂšvres, et on les entend ; on lit sur leur front et dans leurs yeux, on voit au travers de leur poitrine, ils sont transparents. Dâautres ne disent pas prĂ©cisĂ©ment une chose qui leur a Ă©tĂ© confiĂ©e ; mais ils parlent et agissent de maniĂšre quâon la dĂ©couvre de soi-mĂȘme. Enfin quelques-uns mĂ©prisent votre secret, de quelque consĂ©quence quâil puisse ĂȘtre Câest un mystĂšre, un tel mâen a fait part, et mâa dĂ©fendu de le dire ; et ils le disent.VIII Toute rĂ©vĂ©lation dâun secret est la faute de celui qui lâa Nicandre sâentretient avec Elise de la maniĂšre douce et complaisante dont il a vĂ©cu avec sa femme, depuis le jour quâil en fit le choix jusques Ă sa mort ; il a dĂ©jĂ dit quâil regrette quâelle ne lui ait pas laissĂ© des enfants, et il le rĂ©pĂšte ; il parle des maisons quâil a Ă la ville, et bientĂŽt dâune terre quâil a Ă la campagne il calcule le revenu quâelle lui rapporte, il fait le plan des bĂątiments, en dĂ©crit la situation, exagĂšre la commoditĂ© des appartements, ainsi que la richesse et la propretĂ© des meubles ; il assure quâil aime la bonne chĂšre, les Ă©quipages ; il se plaint que sa femme nâaimait point assez le jeu et la sociĂ©tĂ©. "Vous ĂȘtes si riche, lui disait lâun de ses amis, que nâachetez-vous cette charge ? pourquoi ne pas faire cette acquisition qui Ă©tendrait votre domaine ? On me croit, ajoute-t-il, plus de bien que je nâen possĂšde." Il nâoublie pas son extraction et ses alliances Monsieur le Surintendant, qui est mon cousin ; Madame la ChanceliĂšre, qui est ma parente ; voilĂ son style. Il raconte un fait qui prouve le mĂ©contentement quâil doit avoir de ses plus proches, et de ceux mĂȘme qui sont ses hĂ©ritiers "Ai-je tort ? dit-il Ă Elise ; ai-je grand sujet de leur vouloir du bien ? " et il lâen fait juge. Il insinue ensuite quâil a une santĂ© faible et languissante, et il parle de la cave oĂč il doit ĂȘtre enterrĂ©. Il est insinuant, flatteur, officieux Ă lâĂ©gard de tous ceux quâil trouve auprĂšs de la personne Ă qui il aspire. Mais Elise nâa pas le courage dâĂȘtre riche en lâĂ©pousant. On annonce, au moment quâil parle, un cavalier, qui de sa seule prĂ©sence dĂ©monte la batterie de lâhomme de ville il se lĂšve dĂ©concertĂ© et chagrin, et va dire ailleurs quâil veut se Le sage quelquefois Ă©vite le monde, de peur dâĂȘtre ennuyĂ©.Re 1re G, La BruyĂšre, parcours "La comĂ©die sociale". C'est une sequence totalement pertinente selon moi. Toutefois : 1) au dĂ©but de l'annĂ©e, les Ă©lĂšves de 1res sont assez perdus ( en plus ils viennent de diffĂ©rentes secondes, ils peuvent avoir fait des choses trĂšs diffĂ©rentes). Vous ĂȘtes iciAccueil âș Recherche âș La BruyĂšre, Les CaractĂšres âș enseignant âș Lagarce, Juste la fin du monde âș Madame de La Fayette, La Princesse de ClĂšves âș Colette, Sido suivi de Les Vrilles de la vigne 1re G L'hĂ©roĂŻsme moral contre les fausses valeurs de la sociĂ©tĂ© de Cour Objet d'Ă©tude Le roman et le rĂ©cit du... Ćuvre Madame de La Fayette, La... Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale 1re G L'hĂ©roĂŻsme moral contre les fausses valeurs de la sociĂ©tĂ© de Cour Objet d'Ă©tude Le roman et le rĂ©cit du Moyen Ăge au XXIe siĂšcle Ćuvre Madame de La Fayette, La Princesse de ClĂšves Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale Lafayette XVIIe morale 1re T L'hĂ©roĂŻsme moral contre les fausses valeurs de la sociĂ©tĂ© de Cour Objet d'Ă©tude Le roman et le rĂ©cit du... Ćuvre Madame de La Fayette, La... Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale 1re T L'hĂ©roĂŻsme moral contre les fausses valeurs de la sociĂ©tĂ© de Cour Objet d'Ă©tude Le roman et le rĂ©cit du Moyen Ăge au XXIe siĂšcle Ćuvre Madame de La Fayette, La Princesse de ClĂšves Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale Lafayette XVIIe morale 1re G1re T Contre-modĂšles des rĂ©cits enchĂąssĂ©s Objet d'Ă©tude Le roman et le rĂ©cit du... Ćuvre Madame de La Fayette, La... 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Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique 1re G1re T Les inspirations iconographiques de Lagarce Objet d'Ă©tude Le théùtre du XVIIe au XXIe siĂšcle Ćuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique Lagarce art inspiration crise 1re T Comment la piĂšce de Jean-Luc Lagarce renouvelle-t-elle la notion de... Objet d'Ă©tude Le théùtre du XVIIe au... Ćuvre Lagarce, Juste la fin du... Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale 1re T Comment la piĂšce de Jean-Luc Lagarce renouvelle-t-elle la notion de crise ? Objet d'Ă©tude Le théùtre du XVIIe au XXIe siĂšcle Ćuvre Lagarce, Juste la fin du monde Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale Lagarce théùtre crise XXe 1re G1re T Parcours associĂ© "Crise personnelle, crise familiale" Objet d'Ă©tude Le théùtre du XVIIe au... Ćuvre Lagarce, Juste la fin du... 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Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique 1re G Masques, visages et comĂ©die sociale Objet d'Ă©tude La littĂ©rature dâidĂ©es du XVIe au XVIIIe siĂšcle Ćuvre La BruyĂšre, Les CaractĂšres Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique peinture art lippi daumier ensor richter La BruyĂšre 1re T Les CaractĂšres ou peindre la bĂȘtise infinie des hommes Objet d'Ă©tude La littĂ©rature dâidĂ©es... Ćuvre La BruyĂšre, Les... Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale 1re T Les CaractĂšres ou peindre la bĂȘtise infinie des hommes Objet d'Ă©tude La littĂ©rature dâidĂ©es du XVIe au XVIIIe siĂšcle Ćuvre La BruyĂšre, Les CaractĂšres Type pĂ©dagogique Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale littĂ©rature d'idĂ©es La BruyĂšre 1re T Se reprĂ©senter sous toutes les coutures en peinture Objet d'Ă©tude La littĂ©rature dâidĂ©es... Ćuvre La BruyĂšre, Les... Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique 1re T Se reprĂ©senter sous toutes les coutures en peinture Objet d'Ă©tude La littĂ©rature dâidĂ©es du XVIe au XVIIIe siĂšcle Ćuvre La BruyĂšre, Les CaractĂšres Type pĂ©dagogique Prolongement culturel et artistique littĂ©rature d'idĂ©es La BruyĂšre art portrait
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DE LA SOCIĂTĂ ET DE LA CONVERSATIONToute confiance est dangereuse si elle n'est entiĂšre il y a peu de conjectures oĂč il ne faille tout dire, ou tout cacher. On a dĂ©jĂ trop dit de son secret Ă celui Ă qui l'on croit devoir en dĂ©rober une circonstance. ĂD. 4.81Des gens vous promettent le secret, et ils le rĂ©vĂšlent eux-mĂȘmes, et Ă leur insu ; ils ne remuent pas les lĂšvres, et on les entend ; on lit sur leur front et dans leurs yeux, on voit au travers de leur poitrine, ils sont transparents. D'autres ne disent pas prĂ©cisĂ©ment une chose qui leur a Ă©tĂ© confiĂ©e ; mais ils parlent et agissent de maniĂšre qu'on la dĂ©couvre de soi-mĂȘme. Enfin quelques-uns mĂ©prisent votre secret, de quelque consĂ©quence qu'il puisse ĂȘtre C'est un mystĂšre, un tel m'en a fait part, et m'a dĂ©fendu de le dire ; et ils le disent. ĂD. 5.Toute rĂ©vĂ©lation d'un secret est la faute de celui qui l'a confiĂ©. ĂD. 8.82Nicandre s'entretient avec Ălise de la maniĂšre douce et complaisante dont il a vĂ©cu avec sa femme, depuis le jour qu'il en fit le choix jusqu'Ă sa mort ; il a dĂ©jĂ dit qu'il regrette qu'elle ne lui ait pas laissĂ© des enfants, et il le rĂ©pĂšte ; il parle des maisons qu'il a Ă la ville, et bientĂŽt d'une terre qu'il a Ă la campagne il calcule le revenu qu'elle lui rapporte, il fait le plan des bĂątiments, en dĂ©crit la situation, exagĂšre la commoditĂ© des appartements, ainsi que la richesse et la propretĂ© des meubles ; il assure qu'il aime la bonne chĂšre, les Ă©quipages ; il se plaint que sa femme n'aimait point assez le jeu et la sociĂ©tĂ©. Vous ĂȘtes si riche, lui disait l'un de ses amis, que n'achetez-vous cette charge ? pourquoi ne pas faire cette acquisition qui Ă©tendrait votre domaine ? On me croit, ajoute-t-il, plus de bien que je n'en possĂšde. » Il n'oublie pas son extraction et ses alliances Monsieur le Surintendant qui est mon cousin ; Madame la ChanceliĂšre qui est ma parente, voilĂ son style. Il raconte un fait qui prouve le mĂ©contentement qu'il doit avoir de ses plus proches, et de ceux mĂȘme qui sont ses hĂ©ritiers Ai-je tort ? dit-il Ă Ălise ; ai-je grand sujet de leur vouloir du bien ? » et il l'en fait juge. Il insinue ensuite qu'il a une santĂ© faible et languissante, et il parle de la cave oĂč il doit ĂȘtre enterrĂ©. Il est insinuant, flatteur, officieux Ă l'Ă©gard de tous ceux qu'il trouve auprĂšs de la personne Ă qui il aspire. Mais Ălise n'a pas le courage d'ĂȘtre riche en l'Ă©pousant. On annonce, au moment qu'il parle, un cavalier, qui de sa seule prĂ©sence dĂ©monte la batterie de l'homme de ville il se lĂšve dĂ©concertĂ© et chagrin, et va dire ailleurs qu'il veut se remarier. ĂD. 5.83Le sage quelquefois Ă©vite le monde, de peur d'ĂȘtre ennuyĂ©.
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