9 Citations sur la vĂ©ritĂ© et la libertĂ© : La vĂ©ritĂ© libĂšre alors que le secret dirige notre vie. ~ John Bradshaw. La vĂ©ritĂ© te rendra libre, mais d’abord, elle te foutra en rogne. ~ Anonyme. Savoir se contredire est un exercice d’humilitĂ©
2. La conscience de soi I. DEFINITION L'expression "conscience de soi" peut avoir deux sens → 1. Elle dĂ©signe la connaissance qu'a l'homme de ses pensĂ©es, de ses sentiments et de ses actes. → 2. Elle dĂ©signe la capacitĂ© qu'a l'homme de faire retour sur ses pensĂ©es ou ses actions. GĂ©nĂ©ralement on considĂšre que la conscience de soi est le propre de l'homme. La conscience de soi institue l'homme comme un sujet, c'est-Ă -dire comme un ĂȘtre entretenant des rapports particuliers au monde et Ă  lui-mĂȘme, qui le distinguent des autres espĂšces vivantes. L'ensemble de ces rapports particulier est gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ© sous le terme de "pensĂ©e" Descartes ou de spiritualitĂ© Hegel. -a La conscience est l'essence de la pensĂ©e ‱ Le premier philosophe a avoir produit une dĂ©finition claire de la conscience de soi est Descartes au XVII° siĂšcle. Rappel LIENS Explication de texte Descartes - le doute mĂ©thodique premiĂšre mĂ©ditation mĂ©taphysique Explication de texte Descartes -la dĂ©couverte du Cogito seconde MĂ©ditation mĂ©taphysique, quatriĂšme partie du discours de la mĂ©thode Dans le Discours de la mĂ©thode, Descartes est Ă  la recherche d'une vĂ©ritĂ© qui puisse mettre le doute sceptique en Ă©chec. Au terme du doute mĂ©thodique qui porte sur la totalitĂ© de nos connaissances et des choses existant, surgit une certitude qui Ă©chappe au doute le cogito, "je pense, je suis". Cette vĂ©ritĂ© primordiale, "je pense, je suis" , est pour Descartes le fondement de toute philosophie. Elle permet de distinguer l'Ăąme comme une substance distincte du corps qui dĂ©finit la nature ou l'essence de l'homme. L'homme est par dĂ©finition un ĂȘtre ou une substance pensante. Cette pensĂ©e ou savoir immĂ©diat Je suis un ĂȘtre pensant. La pensĂ©e constitue la forme particuliĂšre de mon existence que l'homme possĂšde sur lui-mĂȘme, est ce que Descartes appelle la conscience, laquelle est donc toujours une conscience de soi. - b Kant la conscience de soi est le privilĂšge de l'homme. Pour Kant il n'existe pas dans le monde, un ĂȘtre Ă  part, ou une substance pensante caractĂ©risant l'homme. Le Je est pour lui simplement un principe par lequel nous organisons nos pensĂ©es. Cela n'empĂȘche pas que cette façon de penser ou d'organiser nos pensĂ©es en les rapportant Ă  soi, caractĂ©rise l'homme et le distingue des autres espĂšces. Texte Une chose qui Ă©lĂšve infiniment l'homme au-dessus de toutes les autres crĂ©atures qui vivent sur la terre, c'est d'ĂȘtre capable d'avoir la notion de lui-mĂȘme, du Je. C'est par lĂ  qu'il devient une personne ; et grĂące Ă  l'unitĂ© de conscience qui persiste Ă  travers tous les changements auxquels il est sujet, il est une seule et mĂȘme personne. La personnalitĂ© Ă©tablit une diffĂ©rence complĂšte entre l'homme et les choses, quant au rang et Ă  la dignitĂ©. A cet Ă©gard, les animaux font partie des choses, dĂ©pourvus qu'ils sont de raison et l'on peut les traiter et en disposer Ă  volontĂ©. Alors mĂȘme que l'homme ne peut pas encore dire Je, il a dĂ©jĂ  cette idĂ©e dans la pensĂ©e, de mĂȘme que doivent la concevoir toutes les langues qui n'expriment pas le rĂŽle de la premiĂšre personne par un mot particulier lorsqu'elles ont Ă  l'indiquer. Cette facultĂ© de penser est l'entendement. Mais il est Ă  remarquer que l'enfant, lorsqu'il peut dĂ©jĂ  s'exprimer passablement, ne commence Ă  parler Ă  la premiĂšre personne, ou par Je, qu'assez longtemps aprĂšs une annĂ©e environ. Jusque lĂ , il parle de lui Ă  la troisiĂšme personne Charles veut manger, marcher, etc. Lorsqu'il commence Ă  dire Je, une lumiĂšre nouvelle semble en quelque sorte l'Ă©clairer ; dĂšs ce moment il ne retombe plus dans sa premiĂšre maniĂšre de s'exprimer. - Auparavant, il se sentait simplement ; maintenant, il se pense. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique Explication du texte Dans ce texte Kant rĂ©pond Ă  la question "Qu'est-ce qui dĂ©finit l'homme et le distingue des autres espĂšces vivantes ?" . Ce qui caractĂ©rise l'homme c'est qu'il possĂšde la capacitĂ© de dire Je, de se retourner sur moi-mĂȘme pour se constituer comme une conscience de soi ou un sujet. Plus qu'une distinction, cette capacitĂ© est un privilĂšge qui "Ă©lĂšve l'homme au-dessus des autres crĂ©atures". Parce qu'il est un sujet, un Je , l'homme est un ĂȘtre Ă  part dans le monde. Le sujet ou le je est Ă  la fois le principe qui nous permet d'organiser nos pensĂ©e d'une certaine façon, ce qui dĂ©termine un rapport particulier au monde, aux objets extĂ©rieurs et Ă  nous mĂȘmes, mais c'est aussi une valeur qui nous donne une dignitĂ©. ‱Pour Kant le sujet est d'abord un principe d'identitĂ©. Contre Descartes qui posait l'existence d'une substance pensante, la conscience n'est que le principe par lequel l'homme est capable de synthĂ©tiser et d'organiser la diversitĂ© des impressions reçues. Elle Ă©tablit un lien entre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui constituent notre reprĂ©sentation du monde et de nous-mĂȘme, en les ramenant Ă  un Je considĂ©rĂ© comme permanent et identique Ă  lui-mĂȘme - malgrĂ© la succession des Ă©tats qui peuvent l'affecter. Kant s'appuie ici sur la critique faite par David Hume Ă  Descartes, et la dĂ©passe. Si j'examine ce qui se passe au plus profond de moi, nous dit D. Hume, je ne saisis que des impressions particuliĂšres. Je ne fais jamais l'expĂ©rience de quelque chose qui serait le moi. Le moi n'a donc pas d'existence. Cependant nous dit Kant, mĂȘme si je ne peux pas prouver l'existence du moi, dans l'expĂ©rience je ne peux faire autrement que de ramener ces expĂ©riences particuliĂšres Ă  un principe unificateur qui est le moi. ‱ Mais le Je est aussi un sujet moral, une personne. Il est aussi porteur d'une valeur absolue qui place l'homme au-dessus de toutes les autres crĂ©atures ou choses. L'homme en tant que sujet disposant d'une raison, c'est -Ă -dire de la capacitĂ© de juger, est l'auteur de ses reprĂ©sentations. Il est une volontĂ©, un "je veux" libre, autonome dĂ©terminĂ© par personne d'autre que par lui-mĂȘme. En tant que volontĂ© libre , il est le seul ĂȘtre dont qu'on ne peut pas "disposer Ă  volontĂ©". En effet, si l'homme est un sujet auteur de ses pensĂ©es et de ses actions, cela signifie qu'il n'est jamais un moyen ou un instrument que l'on peut utiliser pour rĂ©aliser autre chose, comme le sont les choses de la nature ou les objets. L'homme est toujours une fin en soi. Tout ce que l'homme veut a pour finalitĂ© l'homme. ‱Le je comme fonction de l'entendement c'est-Ă -dire comme facultĂ© par laquelle nous pensons les objets au moyen de concepts est universel. Tous les hommes, mĂȘme ceux qui ne possĂšdent pas de mots particuliers dans leur langue, possĂšdent cette fonction, bien qu' elle n'apparaisse que tardivement chez l'enfant. En effet dĂšs que cette capacitĂ© se manifeste, elle constitue un moment irrĂ©versible et fondamental dans le dĂ©veloppement de l'homme. L'homme ne naĂźt pas homme, il le devient. Dans la petite enfance, l'homme est comme un animal, simplement capable de se sentir, de se percevoir par une connaissance intuitive et immĂ©diate. Lorsqu'il acquiert la conscience de soi, l'homme accĂšde Ă  la pensĂ©e, Ă  l'activitĂ© intellectuelle qui lui permet de prendre du recul vis-Ă -vis de lui-mĂȘme et de se saisir comme un sujet. A ce stade on peut dire que l'individu entre dans l'humanitĂ©. La conscience de soi est donc le signe de l'humanitĂ© dans l'homme. c Hegel la conscience est le fruit d'un double mouvement thĂ©orique et pratique LIEN Explication de texte HEGEL Conscience, DĂ©sir et AltĂ©ritĂ© Texte L'homme est un ĂȘtre douĂ© de conscience et qui pense, c'est-Ă  dire que, de ce qu'il est, quelle que soit sa façon d'ĂȘtre, il fait un ĂȘtre pour soi. Les choses de la nature n'existent qu'immĂ©diatement et d'une seule façon, tandis que l'homme parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe, d'une part, au mĂȘme titre que les choses de la nature, mais d'autre part , il existe aussi pour soi, il se contemple, se reprĂ©sente Ă  lui-mĂȘme, se pense et n'est esprit que par cette activitĂ© qui constitue un ĂȘtre pour soi. Cette conscience de soi l'homme l'acquiert de deux maniĂšres Primo thĂ©oriquement, parce qu'il doit se pencher sur lui-mĂȘme pour prendre conscience de tous les mouvements, replis, penchants du coeur humain et d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale se contempler, se reprĂ©senter ce que la pensĂ©e peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaĂźtre exclusivement, aussi bien dans ce qu'il tire de son propre fond que dans les donnĂ©es qu'il reçoit de l'extĂ©rieur. DeuxiĂšmement, l'homme se constitue pour soi par son activitĂ© pratique, parce qu'il est poussĂ© Ă  se trouver lui-mĂȘme, Ă  se reconnaĂźtre lui-mĂȘme dans ce qui lui est donnĂ© immĂ©diatement, dans ce qui s'offre Ă  lui extĂ©rieurement. Il y parvient en changeant les choses extĂ©rieures, qu'il marque du sceau de son intĂ©rioritĂ© et dans lesquelles il retrouve ses propres dĂ©terminations. L'homme agit ainsi, de par sa libertĂ© de sujet, pour ĂŽter au monde extĂ©rieur son caractĂšre farouchement Ă©tranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extĂ©rieure de sa propre rĂ©alitĂ©. Ce besoin de modifier les choses extĂ©rieures est dĂ©jĂ  inscrit dans les premiers penchants de l'enfant ; le petit garçon qui jette qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait une oeuvre oĂč il bĂ©nĂ©ficie du spectacle de sa propre activitĂ©. Hegel, EsthĂ©tique Explication du texte ‱ Dans le premier paragraphe, Hegel dĂ©finit la spĂ©cificitĂ© de l'homme la conscience de soi. La conscience de soi se distingue ici de la conscience qui renvoie Ă  la perception immĂ©diate du monde. La conscience de soi est fondamentalement rĂ©flexive "pour soi", elle est ce qui constitue Ă  proprement parler la pensĂ©e. L'homme est un ĂȘtre douĂ© de conscience et qui pense, c'est-Ă -dire que de ce qu'il est, qu'elle que soit sa façon d'ĂȘtre, il fait un ĂȘtre pour soi. Dans le vocabulaire hĂ©gĂ©lien repris plus tard par Sartre l'ĂȘtre pour soi dĂ©signe l'ĂȘtre dotĂ© d'une conscience de soi par opposition Ă  l'ĂȘtre en soi, qui dĂ©signe les choses de la nature. Cette distinction pour soi/en soi est explicitĂ© dans la suite du premier paragraphe. Les choses de la nature n'existent qu'immĂ©diatement et d'une seule façon, tandis que l'homme parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au mĂȘme titre que les choses de la nature, mais d'autre part, il existe aussi pour soi, il se contemple, se reprĂ©sente Ă  lui-mĂȘme, se pense et n'est esprit que par cette activitĂ© qui constitue un ĂȘtre pour soi. Hegel reprend la distinction posĂ©e dĂšs la premiĂšre ligne entre conscience et pensĂ©e en opposant deux façon d'ĂȘtre au monde, celle des choses de la nature, et celle de l'homme. Les ĂȘtres vivants sont "conscients" de leur milieu, ils sont pris dans un systĂšme d'interactions avec leur environnement. Ces relations sont immĂ©diates. L'animal est donc en continuitĂ© avec le milieu naturel il est la nature dans la nature. Il se vit dans une relation d'extĂ©rioritĂ© Ă  lui-mĂȘme. L'homme dans son rapport au monde et Ă  lui-mĂȘme, est pris par contre dans une relation "dĂ©doublĂ©e". 1 L'homme est aussi un ĂȘtre vivant, naturel et il est donc aussi, en tant qu'ĂȘtre naturel pris dans cette relation immĂ©diate Ă  la nature. Mais - et c'est ce qui est important car c'est lĂ  que rĂ©side la diffĂ©rence - 2 il est aussi capable de prendre du recul vis-Ă -vis de cette nature, de sortir de l'immĂ©diatetĂ© de cette relation, pour se considĂ©rer en particulier, pour s'observer, dans sa relation Ă  la nature. Ce mouvement de mise Ă  distance du monde ce que Husserl appellera l'Ă©pochĂš et de retour sur soi-mĂȘme dĂ©finit la conscience de soi ou plus gĂ©nĂ©ralement l'activitĂ© de la pensĂ©e qui caractĂ©rise l'homme. Remarque Pour dĂ©crire ce mouvement par lequel l'homme se retire du monde pour s'observer dans le monde, Bernard Stiegler prend l'exemple du poisson volant, qui par intermittence se tient au dessus de son milieu naturel. ‱ La conscience de soi se constitue de deux façons, nous dit Hegel. Cette conscient de soi, l'homme l'acquiert de deux façons Primo thĂ©oriquement...... → La conscience de soi se constitue de façon thĂ©orique par la connaissance spĂ©culative qui amĂšne un sujet a se connaĂźtre, a se prendre comme objet de ses propres pensĂ©es. Hegel nous renvoie ici Ă  la tradition philosophique. Depuis Saint Augustin et Descartes, la philosophie Ă©tudie la formation de la conscience de soi ou du Cogito en se limitant au point de vue spĂ©culatif ou thĂ©orique. Saint Augustin dans Les Confessions examinait par l'introspection les replis du coeur et de l'Ăąme humaine, Descartes voyait dans la conscience de soi l'essence de l'homme. → Ce que la tradition philosophique n'a pas vu ou a minorĂ©, c'est que la conscience de soi se constitue aussi dans l'activitĂ© pratique. DeuxiĂšmement l'homme se constitue pour soi par son activitĂ© pratique, parce qu'il est poussĂ© Ă  se trouver lui-mĂȘme, Ă  se reconnaĂźtre lui-mĂȘme dans ce qui lui est donnĂ© immĂ©diatement, dns ce qui s'offre Ă  lui extĂ©rieurement. Avant d'ĂȘtre dotĂ© d'une facultĂ© spĂ©culative, l'homme est un ĂȘtre de dĂ©sir " il est poussĂ©.... Cette dĂ©termination est essentielle chez Hegel Si l'homme pense c'est parce qu'il dĂ©sire, c'est parce que sa nature dĂ©sirante l'amĂšne Ă  agir, Ă  se confronter Ă  une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. L'homme est d'abord un ĂȘtre de besoins. En effet, pour survivre l'homme et satisfaire ses besoins, l'homme doit travailler, c'est-Ă -dire transformer les choses de la nature pour produire des biens utiles Ă  son existence. Dans travail de transformation la nature, l'homme s'exprime non pas comme un animal qui serait guidĂ© par son instinct, mais comme un ĂȘtre dotĂ© de pensĂ©e c'est-Ă - dire capable de prendre du recul par rapport Ă  son activitĂ©, capable de s'observer dans cette activitĂ© et de se donner Ă  lui-mĂȘme les fins de son activitĂ©. Il y parvient en changeant les choses extĂ©rieures qu'il marque du sceau de son intĂ©rioritĂ© et dans lesquelles il retrouve ses propres dĂ©terminations. L'homme qui transforme la nature, "humanise" le milieu dans lequel il vit. MĂȘme s'il utilise les lois de la nature, l'homme produit un milieu artificiel, culturel dans lequel s'exprime la volontĂ© de l'homme. Ainsi lorsque l'homme observe le produit de son travail, ce qu'il y retrouve ce n'est pas la nature mais l'homme. L'activitĂ© pratique permet Ă  l'homme de se rĂ©aliser concrĂštement dans ses oeuvres, comme une conscience de soi. C'est parce qu'il est cet ĂȘtre agissant dans la nature qu'il pourra ensuite par la spĂ©culation se dĂ©couvrir et de se connaĂźtre tel qu'il est, s'admirer dans son oeuvre comme l'enfant "qui bĂ©nĂ©ficie du spectacle de sa propre activitĂ©". En conclusion, ce que Hegel appelle la pensĂ©e ou la vie de l'esprit ou la pensĂ©e, ne se limite Ă  l'activitĂ© spĂ©culative ou thĂ©orique. Elle englobe l'ensemble des activitĂ©s par lesquelles le l'humanitĂ© s'Ă©mancipe du rĂšgne de la nature et se rĂ©alise comme une conscience de soi libre capable de se donner Ă  elle-mĂȘme ses propres fins. Ce mouvement de rĂ©alisation de l'humanitĂ© prend la forme de l'histoire. - d La conscience de soi ne se rĂ©alise que dans le rapport Ă  autrui Hegel La lutte pour la reconnaissance comme lutte Ă  mort. C'est dans l'histoire, c'est-Ă -dire dans le monde des affaires humaines, et pas dans la nature, que l'homme accĂšdera Ă  une vĂ©ritable conscience de soi. Pour s'affirmer comme une conscience de soi existant pour soi, l'homme besoin d'autrui. Pour ĂȘtre l'homme a besoin de se confronter Ă  un autre dĂ©sir qui le reconnaisse dans son essence vĂ©ritable, c'est-Ă -dire qui le reconnaisse comme une conscience de soi ou un sujet libre de toute dĂ©terminations. Autrement dit, pour s'abstraire de la vie biologique et entrer pleinement dans l'humanitĂ©, la conscience doit montrer qu'elle n'est pas attachĂ©e Ă  la vie - ou Ă  la survie - qu'elle est au-dessus des dĂ©terminations biologiques de la vie. La conscience de soi n'a qu'un seul but, s'affirmer comme conscience de soi pour soi. Ainsi dans la rencontre d'autrui, chacune des deux consciences veut ĂȘtre reconnue comme une libertĂ© existant pour soi et pour rien d'autre, c'est-Ă -dire n'Ă©tant dĂ©terminĂ©e par rien d'autre que sa propre volontĂ©. Je ne peux m'affirmer comme une libertĂ© que si j'affirme mon pouvoir, ma volontĂ© ou mon dĂ©sir sur une autre volontĂ© ou sur un autre dĂ©sir. Ainsi la rencontre des consciences ne peut ĂȘtre que conflictuelle, chacune cherchant Ă  dominer l'autre. Le conflit des consciences prendra la forme d'une lutte Ă  mort. Ce n'est qu'en mettant sa vie en jeu que chaque conscience pourra s'affirmer comme une volontĂ© ou un sujet absolument libre. voir la dialectique du maĂźtre et de l'esclave LIEN Cours le travail et la technique II. LES CRITIQUES DE LA CONSCIENCE - a La conscience de soi n'est pas nĂ©cessairement synonyme de connaissance de soi. Si personne ne nie que la spĂ©cificitĂ© de la pensĂ©e humaine rĂ©side dans la capacitĂ© rĂ©flexive par laquelle l'homme se pose comme le sujet de ses pensĂ©es ou de ses actes, beaucoup de penseurs vont remettre en question l'affirmation cartĂ©sienne selon laquelle la conscience de soi est toujours synonyme de connaissance de soi. ‱ Pour PASCAL XVII° siĂšcle, " l'homme n'est que dĂ©guisement, que mensonge et hypocrisie". Aussi bien vis-Ă -vis des autres, mais aussi vis-Ă -vis de lui-mĂȘme. "Il ne veut pas qu'on lui dise la vĂ©ritĂ©, il Ă©vite de la dire aux autres...". Cette disposition Ă  vivre dans l'illusion s'enracine au plus profond du coeur humain. Elle est dans la nature mĂȘme de l'homme. Ainsi l'homme est condamnĂ© Ă  la mĂ©connaissance de lui-mĂȘme. ‱ David HUME XVIII° siĂšcle est un philosophe empiriste, c'est-Ă -dire que toute connaissance ou tout savoir se fonde sur l'expĂ©rience ou l'habitude. Sur cette base, il remet en question l'existence d'un moi ou d'une "substance pensante". Selon lui tous les Ă©lĂ©ments qui constituent notre psychisme proviennent directement ou indirectement de l'expĂ©rience. Ainsi le moi ou la supposĂ©e conscience intime du moi n'est qu'une suite de perceptions particuliĂšres. Jamais je ne parviens Ă  me "percevoir moi-mĂȘme" comme une unitĂ© distincte ainsi que le pensait Descartes. Il n'existe donc pas un ĂȘtre ou une substance qui serait le moi. Texte "Il y a des philosophes qui s'imaginent que nous avons Ă  tout instant la conscience intime de ce que nous appelons notre moiÂč; que nous sentons son existence et sa persĂ©vĂ©rance dans l'existence, et que nous sommes certains par une Ă©vidence au-dessus de toute dĂ©monstration, Ă  la fois de son identitĂ© et de sa simplicitĂ©. [...] Pour moi, quand je pĂ©nĂštre au plus intime de ce que j'appelle moi-mĂȘme, c'est toujours pour tomber sur une perception particuliĂšre ou sur une autre une perception de chaud ou de froid, de lumiĂšre ou d'obscuritĂ©, d'amour ou de haine, de peine ou de plaisir. Je ne puis jamais arriver Ă  me saisir moi-mĂȘme sans une perception, et jamais je ne puis observer autre chose que la perception. [...] D. Hume, TraitĂ© de la nature humaine Âč Le moi est la conscience de l'individualitĂ©. Il dĂ©signe ici une rĂ©alitĂ© permanente et invariable, identique, simple. Ce que Descartes appelle une substance. - b La conscience de soi ne reprĂ©sente qu'une petite partie de notre appareil psychique La critique la plus dĂ©cisive sera celle de FREUD qui dĂ©montrera avec l'invention de la psychanalyse, que la conscience de soi ne constitue qu'une petite part de l'activitĂ© du psychisme humain et que le moi est loin d'ĂȘtre le "maĂźtre dans sa propre maison". Au contraire, il est tiraillĂ© entre les exigences de trois despotes le monde extĂ©rieur , le surmoi et le ça. Texte 1. La psychanalyse dĂ©centre l'homme du moi. Trois grandes rĂ©volutions ont renouvelĂ© notre reprĂ©sentation de l'homme La rĂ©volution copernicienne qui sera Ă  l'origine de la rĂ©volution scientifique du XVII° siĂšcle. Celle-ci nous fait passer d'une conception gĂ©ocentrĂ©e de l'univers, Ă  une conception hĂ©liocentrĂ©e . La rĂ©volution darwinienne qui explique la variabilitĂ© des espĂšces par le phĂ©nomĂšnes de sĂ©lection naturelle, ainsi que l'origine liĂ©e des espĂšces vivantes qui dĂ©rivent les unes des autres par transformations successives. La rĂ©volution freudienne liĂ©e Ă  la dĂ©couverte de l'Inconscient qui remet en question notre reprĂ©sentation de l'homme hĂ©ritĂ©e de Descartes. Dans le cours des siĂšcles, la science a infligĂ© Ă  l'Ă©goĂŻsme naĂŻf de l'humanitĂ© deux graves dĂ©mentis. La premiĂšre fois, ce fut lorsqu'elle a montrĂ© que la Terre, loin d'ĂȘtre le centre de l'univers, ne forme qu'une parcelle insignifiante du systĂšme cosmique dont nous pouvons Ă  peine nous reprĂ©senter la grandeur. Cette premiĂšre dĂ©monstration se rattache pour nous au nom de Copernic [...] Le second dĂ©menti fut infligĂ© Ă  l'humanitĂ© par la recherche biologique, lorsqu'elle rĂ©duisit Ă  rien les prĂ©tentions de l'homme Ă  une place privilĂ©giĂ©e dans l'ordre de la crĂ©ation, en Ă©tablissant sa descendance du rĂšgne animal et en montrant l'indestructibilitĂ© de sa nature animale. Cette derniĂšre rĂ©volution s'est accomplie de nos jours Ă  la suite des travaux de C. Darwin, de Wallace et de leurs prĂ©dĂ©cesseurs, travaux qui ont provoquĂ©s la rĂ©sistance la plus acharnĂ©e des contemporains. Un troisiĂšme dĂ©menti sera infligĂ© Ă  la mĂ©galomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maĂźtre en sa propre maison, qu'il en est rĂ©duit Ă  se contenter de renseignement rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience dans sa vie psychique. [...] Freud, Introduction Ă  la psychanalyse, 1916 ‱ L'inconscient est le noyau de notre ĂȘtre. Il est ce sujet inconnu du moi. "Le noyau de notre ĂȘtre ne coĂŻncide pas avec le moi. C'est le sens de l'expĂ©rience analytique, et c'est autour de cela que notre expĂ©rience s'est organisĂ©e, et a dĂ©posĂ© des strates de savoir qui sont actuellement enseignĂ©es". Jacques Lacan, Le SĂ©minaire II Texte 2. Les difficultĂ©s existentielles du moi Si on examine le fonctionnement des instances psychiques, il constitue une menace permanente pour le moi. Un proverbe met en garde de servir deux maĂźtres Ă  la foi. Le pauvre moiÂč est dans une situation encore pire, il sert trois maĂźtres sĂ©vĂšres, il s'efforce de concilier leurs revendications et leurs exigences. Ces revendications divergent toujours, paraissent souvent incompatibles, il n'est pas Ă©tonnant que le moi Ă©choue si souvent dans sa tĂąche. Les trois despotes sont le monde extĂ©rieur, le surmoiÂČ et le çaÂł . Quand on suit les efforts du moi pour les satisfaire tous en mĂȘme temps, plus exactement pour leur obĂ©ir en mĂȘme temps, on peut regretter d'avoir personnifiĂ© ce moi, de l'avoir prĂ©sentĂ© comme un ĂȘtre particulier. Il se sent entravĂ© de trois cĂŽtĂ©s, menacĂ© par trois sortes de dangers auxquels il rĂ©agit, en cas de dĂ©tresse par un dĂ©veloppement d'angoisse [...] Freud, Nouvelles confĂ©rences d'introduction Ă  la psychanalyse Explication du texte A partir de 1920, Freud prĂ©sente une nouvelle reprĂ©sentation de l'appareil psychique connue sous le nom de "Seconde Topique". ‱ La "PremiĂšre topique" divisait l'appareil psychique en trois instances le conscient qui a en charge la rĂ©ponse de l'individu aux exigences de la vie, le prĂ©conscient, qui est l'ensemble des souvenirs disponibles, l'inconscient, constituĂ©s par les souvenirs refoulĂ©s qui ne plus redevenir conscients. Une force la censure empĂȘche le refoulĂ© de parvenir Ă  la conscience, si ce n'est de façon dĂ©guisĂ©e comme dans le rĂȘve ou dans les symptĂŽmes pathologiques. ‱ La " Seconde topique". Freud est conduit Ă  réélaborer sa reprĂ©sentation de l'appareil psychique afin de poser l'existence de forces inconscientes encore plus primitives que les dĂ©sirs refoulĂ©s. Cette nouvelle division du psychisme distingue - le MoiÂč qui est le centre d'adaptation Ă  la rĂ©alitĂ©. Il est chargĂ© de l'unitĂ© du sujet. Il est pris entre deux exigences contraires l'adaptation du monde extĂ©rieur principe de rĂ©alitĂ© et la maĂźtrise des forces inconscientes dirigĂ©es par le principe de plaisir. - le ÇaÂł qui est le rĂ©servoir des pulsions inconscientes. Le propre de ces pulsions est d'ĂȘtre impersonnelles, dĂ©cousues. Il est possible de dĂ©tourner, de refouler ou de sublimer une pulsion, mais non de la dĂ©truire. - le SurmoiÂČ est issu de l'intĂ©rorisation des rĂšgles morales extĂ©rieures, des contraintes exercĂ©es par les parents et les Ă©ducateurs, non pas tels qu'ils sont mais tels qu'ils apparaissent Ă  l'enfant et tels qu'ils ont Ă©tĂ© eux-mĂȘmes modelĂ©s par leur propre surmoi. Il se manifeste par l'injonction "tu dois ĂȘtre ainsi". Des tendances trop sĂ©vĂšres de la censure du surmoi peuvent se transformer en vĂ©ritables agressions contre l'individu. Le Surmoi forme donc un noyau tout aussi obscur et inconscient que les pulsions du Ça. Mots clĂ©s conscience de soi, connaissance de soi, conscience pour soi, pensĂ©e, sujet, personne, lutte pour la reconnaissance, moi, ça, surmoi Laconscience de soi est-elle immĂ©diate ? A. La conscience de soi paraĂźtre ĂȘtre immĂ©diate. Le mot conscience a eu pendant longtemps une signification morale. La conscience est en ce sens un conseiller qui nous avertit de ce que nous devons faire, et c’est aussi un juge qui se prononce sur ce que nous avons fait. Tel est le sens de l’expression « Quelques pistes La conscience est proche du savoir. Si elle n’est pas elle mĂȘme savoir, c’est en son sein que l’on peut dĂ©partager cette zone claire de la connaissance et celle obscure de l’ignorance. Il est possible d’avoir conscience de son ignorance, mais cette conscience est dĂ©jĂ  savoir de ses limites, des limites de sa connaissance. Ce savoir obscure n’est certes pas connaissance scientifique pas d’emblĂ©e, mais dĂ©sir de connaissance. Et il y a dĂ©jĂ  dans ce dĂ©sir le principe des connaissances Ă  venir qui sont dĂ©jĂ  anticipĂ©e sur le mode du pressentiment. La conscience n’est pas le savoir, mais le point d’entrĂ©e dans le savoir ; toute conscience n’est pas savoir, mais tout savoir apparaĂźt comme conscient, Ă  un certain degrĂ© de lui mĂȘme. L’étymologie le dit ce qui se fait avec conscience, se fait avec » science ». Ainsi, il est possible de faire quelque chose sans mĂ©thode, de rĂ©ussir en s’en remettant Ă  la chance, mais cette rĂ©ussite sera due au hasard et ne saura pas ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e. Elle n’est vĂ©ritable rĂ©ussite, si en plus du rĂ©sultat s’adjoint ce rĂ©sultat supplĂ©mentaire qu’est la connaissance. Ce savoir n’est pas seulement le savoir de la chose, mais du processus qui a permis de la produire ou du moins de la viser, de la rencontre, de la saisir et de la connaĂźtre. La conscience est le prĂ©supposĂ© de toute connaissance, et tout connaissance, est la rationalisation de phĂ©nomĂšne conscients c’est Ă  dire l’ordonnancement selon les lois de la nature, des reprĂ©sentations que l’on s’en fait. La conscience ne saurait ĂȘtre dĂšs lors illusoire. Elle ne pourrait ĂȘtre Ă  la marge, mais seulement par dĂ©faut ce serait parce que l’on serait insuffisamment conscient que nous serions dans l’erreur. Mais en rĂ©alitĂ©, si l’on devenait pleinement conscient, la part des reprĂ©sentations qui sont admises se rĂ©duirait Ă  peau de chagrin, et il ne resterait plus que des certitudes, dont l’apodicticitĂ© nous assurait de la science. La conscience absolue est scientifique, et elle est ce qui met Ă  distance l’illusion et l’erreur. La conscience est source de clartĂ© et de connaissance, et non pas d’illusions. * I. A Descartes semble avoir ouvert la voie en ce qui concerne la mise en convergence de la science et de l’illusion. Ainsi, en dĂ©couvrant la conscience, Descartes rencontre le rĂ©el. Quand il cherche cette premiĂšre certitude, socle sur lequel fondĂ© son nouvel Ă©difice de savoir, il a rencontre cette chose qu’est la conscience en latin, chose se dit res », qui a donnĂ© rĂ©alitĂ© ». La rĂ©alitĂ© de la conscience, est cette premiĂšre certitude, cette rĂ©alitĂ© dont on ne peut pas douter et dont la prĂ©sence, la facticitĂ© se prĂ©sente avec le caractĂšre d’une Ă©vidence telle qu’on ne peut que reconnaĂźtre qu’elle existe. La conscience est une chose, et la connaissance de cette chose est assurĂ©e par l’évidence Ă  laquelle la conscience se prĂ©sente. La conscience a conscience d’elle mĂȘme sans l’ombre d’un doute, et cette absence de doute est le critĂšre de la connaissance. La conscience de soi, est immĂ©diate et par lĂ  la conscience se saisit se conçoit, se connaĂźt comme chose pensante. DĂšs lors, la conscience n’est pas source de l’illusion. Elle est source de pensĂ©es on pourrait reprĂ©senter les pensĂ©es effectivement comme un flux elles ne se juxtaposent pas dans l’espace, mais se dispose diachroniquement selon la ligne du temps, mais toutes ces pensĂ©es, qui s’écoulent dans le temps qu’ouvre la conscience, sont toutes rapportĂ©es au sujet, Ă  l’ñme dont l’attribue essentielle est la pensĂ©e. L’acte permanent de la pensĂ©e est ce par quoi la continuitĂ© dans le temps signale la substantialitĂ© du sujet. L’ñme est substance pensante. Et cela ne saurait ĂȘtre une source d’illusions. B. Pour autant, la conscience est source de toutes les reprĂ©sentations sur le rĂ©el. DĂšs lors, elle est source des reprĂ©sentations justes et des reprĂ©sentations fausses. Aussi si le fait de la conscience, ou mĂȘme le fait mĂ©taphysique de la rĂ©alitĂ© substantielle de l’ñme conçue comme chose pensante ne fait pas doute pour le rationaliste cartĂ©sien, il n’empĂȘche que des reprĂ©sentations fausses peuvent ĂȘtre reçue en la crĂ©ance de l’ĂȘtre conscient de lui mĂȘme. Tel est le destin de celui qui se fie aux opinions. Or, mĂȘme Descartes le reconnait dans la premiĂšre de ses trois maximes de la morale par provision, il n’est pas possible de faire autrement que de cĂ©der sur l’exigence de vĂ©rification de la science pour rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s de la vie. La vie imposant sans dĂ©lais de se positionner dans l’existence, il nous faut nous appuyer sur ces jugements prĂ©caires que sont les opinions pour nous orienter dans l’existence. Ainsi, la conscience en tant qu’elle n’est pas seulement le point de dĂ©part d’une reconstruction solide, selon les canons de la sciences, et de la mathĂ©sis universalis, en suivant des chaines dĂ©ductives Ă  partir de principes assurĂ©s, mais aussi le principe de l’action dans un environnement oĂč le possible et le contingent laisse place Ă  la dĂ©libĂ©ration et Ă  une part de latence dans la dĂ©termination, la conscience doit avoir Ă  s’y prendre Ă  des illusions qu’elle accepte en elle. Est ce Ă  dire pour autant que la conscience serait source de ces illusions qu’elle prend en sa crĂ©ance ? Les opinions, sont la plupart du temps, des opinions reçues. Il ne s’agit pas d’illusion produite mais reçue. Les jugements sont des prĂ©jugĂ©s, des jugements produits par d’autres. Certes il nous revient de nous assurer que ce que nous affirmons est vrai, et non pas prendre pour argent content ce que l’on nous assure ĂȘtre vrai, mais nĂ©anmoins il nous faire aussi confiance dans une certaine mesure, dans les tĂ©moignages pour des choses qui sont hors de notre portĂ©e. Il en va autrement en ce qui concerne le tĂ©moignage des sens. En effet, ce dernier est plus intĂ©rieur Ă  notre psychiques que les tĂ©moignages des autres, et si notre perception Ă©tait source d’illusion, Ă©tant donnĂ© qu’elle est part de notre conscience on parle de conscience perceptive alors, on pourrait dire que la conscience est trompeuse. Et il est vrai que dans la premiĂšre mĂ©ditation mĂ©taphysique, Descartes Ă©voque ce cas des illusions de sens, qui jette le discrĂ©dit sur l’ensemble de leur tĂ©moignage. S’ils ont pu nous tromper une fois, ils le peuvent sans doute Ă  nouveau. NĂ©anmoins, une puissance en nous semble Ă©chapper Ă  cette dĂ©rive, et c’est l’entendement le jugement, est ce qui rectifie les donnĂ©es illusoires de sens. Ce n’est pas les sens qui sont trompeurs, c’est le jugement qui est mal ajustĂ©. Dans les rĂ©ponses aux objections, Descartes donne alors l’exemple du bĂąton brisĂ© le jugement est ce qui rĂ©tablit la rĂ©alitĂ© de la rectitude du bĂąton, alors que les sens du fait de la diffraction de la lumiĂšre diffĂ©rente en fonction du changement de milieu. Il reste que le jugement n’est pas assurĂ© lui mĂȘme de ses fondements. On pourrait imaginer une forme de folie intĂ©rieure Ă  la conscience qui le soutient. C. C’est cette hypothĂšse que fait Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation. mais quoi ce sont des fous ? » cette phrase qui Ă©carte en apparence la possibilitĂ© de la folie, la rĂ©tablit en rĂ©alitĂ©, car Descartes s’adressant Ă  lui mĂȘme est comme dĂ©doublĂ©. Il y a en effet en lui une tendance Ă  jouer contre lui mĂȘme il se prĂ©sente l’hypothĂšse d’un rĂȘve, d’une illusion totale. Cet argument du rĂȘve, mis en scĂšne par le théùtre l’illusion Comique de Corneille ou le cinĂ©ma Inception de Nolan va jusqu’à affirmer la possibilitĂ© d’un malin gĂ©nie, d’un Dieu trompeur. La conscience serait soumise donc Ă  des manipulations et sujette Ă  des illusions. Elle serait comme source d’illusion. DĂ©jĂ  Platon avait soulevĂ© cette possibilitĂ© avec son allĂ©gorie de la caverne, mais la manipulation Ă©tait extĂ©rieure, et il Ă©tait toujours loisible au prisonnier sous le coup d’une illusion cinĂ©matographique de sortir de la caverne. LĂ , ce que l’on voit, c’est au contraire c’est que les illusions sont intĂ©rieures Ă  la conscience, et que le malin gĂ©nie est cette instance qui fait percevoir comme vraie car certaine, c’est Ă  dire claires et distinctes donc Ă©videntes des vĂ©ritĂ©s qui ne le sont pas. Ce n’est pas que le tĂ©moignage des sens qui est douteux, c’est le tĂ©moignage par notre esprit de l’expĂ©rience de la vĂ©ritĂ© qui l’est. NĂ©anmoins Descartes le montre, mĂȘme si la conscience est source d’illusion, il y a en pĂ©riphĂ©rie de ce monde inquiĂ©tant et familier, une certitude absolument indubitable celle de sa propre conscience. Si la conscience est sources d’illusions ne peut-elle pas ĂȘtre s’illusionner sur sa propre nature, et son propre pouvoir ? * II. A. La conscience peut s’illusionner sur la nature extĂ©rieure et constant que les limites de son pouvoir de connaĂźtre sont plus proches d’elle qu’elle ne le soupçonnait, rentrer dans un moment sceptique. Mais, ce doute peut Ă©galement, alors rebondir sur elle mĂȘme, se redoubler en doute de son pouvoir. Peut ĂȘtre que la libertĂ© qui semblait ĂȘtre la consĂ©quence de l’autarcie initiale dont une conscience se saisissant dans son concept est capable, est illusoire. Spinoza est celui qui objecte ainsi Ă  Descartes que le libre arbitre est une illusion, et les neuro sciences semblent lui donner raison dans une certaine mesure. La conscience serait alors non seulement sources d’illusions, mais elle serait en tant qu’entitĂ© autonome, et autarcique, entitĂ© mĂ©taphysique certaine de sa substantialitĂ© une illusion. Non seulement ce dont nous nous serions conscience seraient possiblement des illusions nous serions comme dans l’idĂ©alisme de Beckley en prĂ©sence des seules reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ©, sans jamais ĂȘtre certain de rencontrer la rĂ©alitĂ©, mais en plus, la conscience immĂ©diate que nous aurions de nous mĂȘmes seraient une illusion. Ou plutĂŽt il serait une illusion de dĂ©duire de cette conscience, une connaissance. Nous nous supposons peut ĂȘtre entitĂ© substantielle, mais cette supposition pour nĂ©cessaire qu’elle soit pour ordonner nos reprĂ©sentation n’en est pas pour autant une connaissance. Le moi, n’est qu’une pensĂ©e qui accompagne les autres pensĂ©es. Comme le dit Kant le je pense » accompagne toute mes reprĂ©sentations », mais il faut bien se garder de lui donner une rĂ©alitĂ© et de prĂ©tendre le connaĂźtre. B. Sans doute la thĂšse de Spinoza qui consiste Ă  faire de la conscience une Ă©mergence, n’est pas mois rĂ©ductrice que celle de Descartes qui en fait une chose pensante ». La chose qu’est la conscience serait alors assimilable au cerveau dont la conscience ne serait que l’émergence. La pensĂ©e n’est qu’un attribut d’une mĂȘme substance, le fantĂŽme qui surnage, Ă  travers les enchaĂźnements d’idĂ©e qui la traverse en parallĂšle des relations entre les corps qu’ils reflĂštent. L’illusion qu’est cette conscience ectoplasmique est expliquĂ©e par Spinoza comme Ă©tant, l’entretient d’une forme d’ignorance. Pour ce cacher cette vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante, la conscience conspire contre elle, et fomente une obscuritĂ© qu’elle jette sur les causes rĂ©elles de ce qui lui arrive. Elle constate dans le corps dont elle est l’idĂ©e des changements dont elle se croit l’origine, alors que les causes lui sont extĂ©rieures. Cette ignorance des causes, et l’origine de l’illusion du libre arbitre. Cette illusion est doublement dommageable, car l’erreur se redouble en ignorance de cette erreur. Et cette boucle ferme la possibilitĂ© d’une correction possible. Il faut pour ĂȘtre plus libre, ĂȘtre conscience d’ĂȘtre plus dĂ©terminĂ© que l’on ne croit l’ĂȘtre. La conscience qui se prĂ©cipite dans le monde ne comprend pas que ce qui dĂ©termine l’action de l’individu qu’elle croit pilotĂ©e est extĂ©rieur Ă  cet individu. Ce qui lui revient en propre est de commencer Ă  se faire des idĂ©es justes sur le monde et donc Ă  commencer Ă  s’éclairer, Ă  se dĂ©ciller sur les illusions produites par l’imagination. C’est par une mĂ©taphore que Spinoza montre la voie les dĂ©monstrations sont les yeux de l’esprit ». Il faut ouvrir les yeux de l’esprit, et cesser de se laisser subjuguer par les illusions des sens, qui imprĂšgnent notre esprit Ă  travers cette facultĂ© hybride qu’est l’imagination. La connaissance est donc source d’illusion quand elle ne se soumet pas Ă  la rĂšgle logique es enchaĂźnement dĂ©ductif, par quoi l’ordre des choses s’impose Ă  elle Ă  l’encontre de l’ordre de ses reprĂ©sentations oĂč elle tend Ă  se faire le centre de tout. C. L’illusion commune Ă  Spinoza et Ă  Descartes, est l’illusion chosiste. Elle consiste Ă  passer du plan psychologique et descriptif de la conscience, ou plan ontologique et normatif de la connaissance. La conscience n’est pas une chose ni chose pensante, ni cerveau. Sa dĂ©couverte est Ă  la fois l’émergence d’une forme de modernitĂ© par quoi elle s’affirme comme point d’entrĂ©e d’un sujet Ă  partir de quoi le monde se dĂ©ploie dans son objectivitĂ© selon une perspective particuliĂšre, et en mĂȘme temps cette dĂ©couverte, cette surrection est immĂ©diatement l’objet d’une mĂ©prise. La connaissance prĂ©tendue de sa nature ontologique bouche la voie de l’exploration du champ qu’elle constitue. C’est l’empirisme d’un Locke, qui, par exemple viendra dĂ©crire les associations d’idĂ©es, les relations et comment Ă  partir de ces relations s’engendre comme terme supplĂ©mentaire la conscience de ces relations dans le champ mĂȘme que dĂ©gage Descartes par l’expĂ©rience du cogito. C’est expĂ©rience de la conscience, pour illusoire qu’elle soit quant Ă  la perception de ce qui la conditionne matĂ©riellement dans l’obscuritĂ© de notre organisme ne peut ĂȘtre niĂ© en tant que vĂ©cu. Et les reprĂ©sentations telles qu’elles sont vĂ©cues, peuvent ĂȘtre dĂ©crites avec quelque vĂ©ritĂ© si l’on se tourne vers elles avec une attention suffisante. La conscience une fois l’illusion chosiste levĂ©e, est la ressource d’une enquĂȘte sur notre vie de l’esprit. La suspension phĂ©nomĂ©nologique de la thĂšse du monde donne alors la marge de manƓuvre nĂ©cessaire Ă  la description de cette rĂ©gion de l’ĂȘtre par quoi l’ĂȘtre se manifeste. Elle n’est pas source d’illusion, mais le lieu de l’apparaĂźtre du vrai. III. A. La raison de l’illusion chosiste n’est peut ĂȘtre pas une raison contingente, une erreur d’inattention. Si la posture phĂ©nomĂ©nologique, la rĂ©duction qu’elle est nĂ©cessaire, et Ă  contretemps de l’attitude naturelle et nĂ©cessite une conversion du regard, c’est que la faute initiale que cette torsion, cette rĂ©volution copernicienne corrige n’est rien moins qu’accidentelle il s’agit au contraire d’une faute qui peut mĂȘme relevĂ©e d’une responsabilitĂ© morale, et qui comme le dit Blaise Pascal tient de notre propension Ă  nous faire le centre de tout. Ce qui vient faire Ă©cran au rĂ©el n’est pas une opinion mal examinĂ©e, mais une illusion secrĂ©tĂ©e par la conscience le moi ». Ce que Pascal dĂ©signe par la substantivation d’un adverbe, c’est cette substantialisation du sujet, produit spontanĂ©e de l’amour propre. Le moi est tyrannique, car alors mĂȘme qu’il n’a rien de particulier et d’une mĂ©chante banalitĂ© puisqu’il ne peut mĂȘme pas se dire autrement que par ce petit mot de deux lettres que tout le monde a en commun en français je », il s’estime comme Ă©tant le roi du monde. Cette absurditĂ© Ă©vidente et pourtant, et c’est le plus Ă©trange, une illusion trĂšs commune et rĂ©pandue, Ă  telle point que son Ă©normitĂ© passe totalement inaperçue. C’est pour expliquer la possibilitĂ© d’un tel paradoxe monstrueux, d’une telle auto hypnose collective que l’auteur des PensĂ©es en appelle Ă  la puissance explicative de l’imagination que Descartes appelle aussi la folle du logis ». Celle-ci est trompeuse, et d’autant plus qu’elle dit parfois la vĂ©ritĂ©. Elle n’est pas fiable mais extrĂȘmement persuasive elle s’adresse avant tout au sens, et mĂȘme si la raison la dĂ©ment, elle continue Ă  faire son effet. L’imagination est la reine du monde dit Pascal, en effet, elle est ce qui rĂ©git les rapports entre les hommes, mais Ă©galement les rapports de soi avec soi. Les ĂȘtres humains sont si peu enclins Ă  la vĂ©ritĂ© quant Ă  leur propre ĂȘtre, et surtout leur existence tournĂ© vers l’inessentiel au lieu de s’intĂ©resser aux questions les plus brulantes d’importance qu’ils ne peuvent accĂ©der Ă  la connaissance de soi qu’à travers le dĂ©centrement maximal conversion que leur propose la religion selon Pascal, Ă  travers la reconnaissance et l’imitation de JĂ©sus Christ. L’imagination est source d’illusion et la conscience est tramĂ©e d’imaginaire. Cette soi disant conscience de soi, est en rĂ©alitĂ© une imagination de ce que nous sommes, qui nous gĂ©nĂ©ralement une reprĂ©sentation sinon complĂštement fausse en tout cas tronquĂ© de nous mĂȘmes. Nous nous reprĂ©sentons comme nous voudrions qu’ils nous voient, et nous demandons aux autres comme Oronte dans le Misanthrope qu’ils nous disent ĂȘtre ce que nous voulons paraĂźtre. Tout ce théùtre lĂ  montre assez bien que le cƓur de l’ĂȘtre humain est vanitĂ©, et que, comme le dit si bien Shakespeare nous sommes faits de la mĂȘmes Ă©toffes que le songes et notre infime est cernĂ©e de brouillard ». La conscience jette de l’illusion sur le monde, afin de mieux se mĂ©connaĂźtre. B. Pour autant, l’ignorance dans laquelle nous sommes n’est pas totale, puisque nous pouvons la soupçonner. Et Socrate n’a pas tors de faire dĂ©boucher son connais toi toi-mĂȘme » sur le constat de ses limites la connaissance de son ignorance, puisque c’est le dĂ©but d’un savoir vĂ©ritable un savoir qui connaĂźtre les limites de son application possible, c’est Ă  dire un savoir critique. Nous ne sommes dans l’illusion non par ignorance absolument, mais par l’ignorance de ce qui limite nos connaissances. Nos connaissances sont partielles, mais elles sont suffisantes pour nous mettre en quĂȘte de connaissance vĂ©ritable, authentique, mĂȘme si celles ci sont paradoxales toutes les vĂ©ritĂ©s ne peuvent obtenir le mĂȘme degrĂ© de clartĂ© que les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques, c’est lĂ  une limite au platonisme. Il convient donc de chercher, mĂȘme si l’on n’est pas sur de trouver. La conscience se dĂ©couvre par lĂ , Ă  la fois avoir une texture inattendu non seulement, ce n’est plus une chose tendanciellement solide, ou en tout cas identifiable comme occupant une place donnĂ©e mais un flux, un ĂȘtre temporel qui s’écoule dans le temps ; mais en plus, cette conscience fluente, tramĂ©e d’illusion, mais de la mĂȘme texture que le temps dont elle explore le paradoxe d’une Ă©vidence rĂ©ticente Ă  ĂȘtre dite, a quelque chose d’un fonctionnement Ă  la dĂ©pense. Plus elle se dĂ©ploie dans la domaine de la quĂȘte de l’absolu qui viendrait complĂ©ter la misĂšre que la connaissance de soi rĂ©vĂšle l’absence de fond, de fondement, plus elle dĂ©couvre de ressource. La conscience apparaĂźt alors comme la ressource d’un dĂ©sir infini de vĂ©ritĂ©, si bien que quelque chose de cette vĂ©ritĂ© se rĂ©vĂšle au cƓur de ce dĂ©sir. C. Il y a dans l’expĂ©rience de la littĂ©rature, un tel paradoxe Ă  l’Ɠuvre certaines grandes Ɠuvres ont justement cette propriĂ©tĂ© Ă©trange de s’enrichir Ă  chaque fois que l’on vient y puiser, et finalement de se rĂ©vĂ©ler inĂ©puisable. Ainsi, l’usage ne les use pas, mais les enrichit. Ainsi, la recherche du temps perdu est Ă  la fois un exemple de ce type qu’une communautĂ© de lecteurs fidĂšles chĂ©rissent, mais aussi la thĂ©orisation d’un tel fonctionnement dans la maniĂšre dont Marcel devient Proust, Ă  travers la dĂ©couverte de l’épaisseur d’une temporalitĂ© qui double l’éternel prĂ©sent d’une vie mondaine frivole. De la mĂȘme maniĂšre la conscience, est s’il faut la voir comme un courant de pensĂ©e, un Ă©lixir de jeunesse par lequel l’individu rajeunit quand le corps d’un individu suit la pente inĂ©luctable du devenir des choses matĂ©rielles c’est Ă  dire la corruption. La conscience s’intensifie, se vivifie, et voit de plus en plus clairement des choses qui dans la dispersion de la jeunesse apparaissaient comme confuse. Ramasser en elle mĂȘme, elle revient Ă  une certaine intensitĂ© et clartĂ© qui illumine ceux qui avec une pauvretĂ© de moyens se laissent Ă©clairer par elle. * * * ElĂšve 2 La conscience apparaĂźt avec le vivant. On pourrait reconstituer ce concept chez Aristote Ă  travers la notion d’ñme. Il distingue trois types d’ñme vĂ©gĂ©tative, sensitive et noĂ©tique. L’ñme et par lĂ  la conscience serait liĂ©e Ă  la question du mouvement ; la conscience serait la conscience d’un mouvement et par lĂ  mĂȘme d’un Ă©cart avec un repos quelque chose qui reste identique Ă  soi. La conscience est par soi-mĂȘme mouvement, Ă©cart avec soi mĂȘme, extase par quoi elle se tourne vers l’autre que soi l’en soi est la nourriture du pour soi » de la conscience dans la phĂ©nomĂ©nologie. Cette conscience mouvante, et ce pour quoi il y a du mouvement, et par lĂ  mĂȘme aussi de la durĂ©e. La perception du temps et des Ă©carts entre temporalitĂ©s diffĂ©rentes est ce qui rend nĂ©cessaire la conscience. Ces diffĂ©rentes types de conscience, sont hiĂ©rarchiquement classĂ©es chez Aristote la conscience la plus haute est la conscience noĂ©tique, car c’est le pensĂ©e du devenir en gĂ©nĂ©ral. La pensĂ©e de ce qui meut toute chose, mais qui ne se meut pas le premier moteur est accessible par intermittence Ă  la pensĂ©e noĂ©tique. La phĂ©nomĂ©nologie, en hĂ©ritiĂšre de l’aristotĂ©lisme, suspend la rĂ©alitĂ© du monde pour la faire se reflĂ©ter dans le champ de la conscience transcendantale. Elle pense l’a priori corrĂ©lationnel, c’est Ă  dire les condition d’apparition des choses, des phĂ©nomĂšnes qui disparaissent au moment oĂč les phĂ©nomĂšnes apparaissent eux mĂȘmes. C’est cette conscience noĂ©tique, qui analyse le corrĂ©lat noĂ©tico-noĂ©matique de tout apparaĂźtre pour qui il y a du sens du monde, et qui apparaĂźt capable de dĂ©jouer les prĂ©jugĂ©s de l’attitude naturelle, c’est Ă  dire les illusions. Pour les autres types de conscience, si la part d’illusion est plus grande que la part de vĂ©ritĂ©, c’est qu’elle a une fonction vitale, et qu’elle est nĂ©cessaire Ă  la vie. Est ce que la conscience est spontanĂ©ment source d’illusions, Ă  quoi seule la conversion du regard phĂ©nomĂ©nologique fait exception ou au contraire, il y au delĂ  des illusions une part de vĂ©ritĂ© irrĂ©ductibles Ă  quoi la phĂ©nomĂ©nologie ne fait que retourner, en rendant la conscience rĂ©flexive par sa mĂ©thode de rĂ©duction ? En phĂ©nomĂ©nologie, il est nĂ©cessaire de distinguer l’apparence du phĂ©nomĂšne. Le phĂ©nomĂšne est ce qui apparaĂźt, mais n’est pas forcĂ©ment une apparence. Le phĂ©nomĂšne, c’est la chose telle qu’elle nous apparaĂźt. La chose n’est jamais dissociĂ©e de son mode d’apparaĂźtre ; c’est lĂ  l’apport de la phĂ©nomĂ©nologie. La science elle-mĂȘme, qui prĂ©tend dĂ©crire le monde tel qu’en lui mĂȘme, qui l’objective, et qui le dĂ©crit indĂ©pendamment du point d’observateur que l’on a construit sur lui, est le prolongement de l’attitude naturelle, en soi naĂŻve. La science a des prĂ©supposĂ©s, qu’elle n’interroge pas et dont elle se soutient. Il ne s’agit pas avec le sceptique de critiquer la science, et de la dĂ©couvrir non objective. Au contraire, c’est son objectivitĂ© qui la rend nĂ©cessairement doublĂ©e de prĂ©supposĂ©s ininterrogĂ©s. La phĂ©nomĂ©nologie interroge les conditions de l’apparaĂźtre des choses, que n’interroge pas la science et qui en cela recouvre le champ de la conscience, le masque par l’attitude objectivante de la science. L’illusion n’est donc pas du cĂŽtĂ© de celui qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de dĂ©crire le vĂ©cu de la conscience, mais du cĂŽtĂ© de celui qui croit pouvoir sauter au dessus de son ombre et dĂ©crire les choses telles qu’en elles-mĂȘmes, sans jamais prĂ©juger de ce qu’elles sont. Le neurocentrisme est par exemple une attitude soutenue par des prĂ©supposĂ©s nĂ©cessaires. Il est possible de dire deux choses donc qui ne sont qu’en apparence contradictoires d’une part, la conscience d’objet scientifique ou du commun en masquant les conditions d’apparaĂźtre, est source d’illusion l’objectivitĂ© est une illusion, d’autre part, la conscience en tant qu’elle est capable de devenir conscience rĂ©flexive est la source du dĂ©passement des illusions, et de l’interrogation des prĂ©supposĂ©s. Kant fait lui aussi la diffĂ©rence entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne. Le noumĂšne, la chose en soi, est ce qui ne peut qu’ĂȘtre pensĂ© et ne pas ĂȘtre connu. Il serait illusoire de croire que nous puissions la connaĂźtre. Nous n’avons accĂšs qu’à l’apparaĂźtre des choses, qui sont en rĂ©alitĂ© conditionnĂ©e par la subjectivitĂ© transcendantale de notre espĂšce les phĂ©nomĂšnes apparaissent dans l’espace et dans le temps, dans la rĂ©alitĂ© qu’il appelle Wirklichkeit », c’est-Ă -dire le monde du devenir, Ă  quoi l’on ne peut pas Ă©chapper. Les noumĂšnes sont au contraire sur un autre plan Ă  quoi l’on ne peut pas accĂ©der. On peut juste penser qu’il y a quelque chose Ă  quoi l’on ne peut pas accĂ©der et qui nous est pourtant nĂ©cessaire pour penser la cohĂ©rence du plan phĂ©nomĂ©nal. Si l’intĂ©gralitĂ© des reprĂ©sentations d’une chose doit avoir une cohĂ©rence, c’est qu’elles sont toutes rapportables Ă  cette idĂ©e transcendantale, la chose en soi, qui est l’horizon unifiant de toutes les reprĂ©sentations que nous en avons. Elle s’esquive et s’esquisse derriĂšre chacune des phĂ©nomĂ©nalisations que l’on en a. Les objets du monde, font partie de ces choses que l’on vise Ă  travers les reprĂ©sentations que l’on a d’elles, mais les sujets conscients que nous sommes le sont aussi ; ils le sont mĂȘme en premier lieu. Le noumĂšne ici, cette chose en soi, est rĂ©ellement sur un autre plan que ces entitĂ©s phĂ©nomĂ©nales, car contrairement Ă  elles qui sont soumises aux lois de la nature, qui circonscrivent le possible, et explicitent les interactions dont sont capables les objets, par des lois nĂ©cessaires, les sujets sont libres. On devine alors que cet en-soi du sujet libre est ce qui Ă©chappe par excellence Ă  l’individu en question. LĂ©vinas est un phĂ©nomĂ©nologue qui voit dans le rapport au visage, l’apparaĂźtre de la transcendance, quelque chose d’inobjectivable la libertĂ©, l’absolue singularitĂ© d’autrui. L’objectivation du visage la reconnaissance faciale, le dĂ©tail des Ă©lĂ©ments qui le composent
 n’est pas le rapport au visage, c’est Ă  dire Ă  la personne. C’est le rapport Ă  la face, Ă  ce qui est matĂ©riel, est visible, factuellement identifiable. L’identitĂ© dont il s’agit dans cette façon de se laisser troubler par l’apparaĂźtre de l’autre, qui vient me dĂ©ranger dans mon propre rapport rĂ©flexif Ă  mon identitĂ© consciente, c’est l’ipsĂ©itĂ©. L’identitĂ© dans la diffĂ©rence, l’identitĂ© de la conscience avec elle mĂȘme, n’est jamais figĂ©e comme dans l’en soi des choses, elle est mobile et vivante. Elle se rĂ©cupĂšre Ă  travers l’infinie variĂ©tĂ©s des modulations vĂ©cues, des Ă©tats de conscience l’autre est avant tout ce qui vient, dans une vĂ©ritable rencontre, perturber ce rapport de moi Ă  moi, en s’adressant Ă  moi, de maniĂšre tacite, par la simple exposition de sa vulnĂ©rabilitĂ©, de la nuditĂ© de sa face, demander d’ĂȘtre pris en charge. Il y a quelque chose ici d’une relation singuliĂšre et Ă©thique, qui ne peut pas ĂȘtre rĂ©sorbĂ©e dans le dĂ©jĂ  connu, qui s’impose comme Ă©vĂ©nement et comme nouveautĂ©. Si la relation est Ă©thique, c’est qu’elle transforme et bouleverse ; elle impose Ă  l’individu de s’engager, et de neutraliser sa tendance au repli, au quant Ă  soi on ne peut pas dire, comme dans la mauvaise foi sartrienne, ce n’était pas moi », je n’y Ă©tais pas ». On est convoquĂ© en personne. On cesse alors de jouer un personnage », de faire comme si le rĂŽle auquel nous nous adaptons Ă©tait Ă©crit d’avance. Nous sommes dĂ©muni, jetĂ© dans le monde, en charge de la responsabilitĂ© de nos actes, voire de la responsabilitĂ© de ce que les autres font en notre nom. La conscience en dĂ©passant l’illusion de l’objectivitĂ©, devient vĂ©ritablement Ă©thique, sincĂšre et engagĂ©e subjectivement, par quoi elle rencontre un Ă©clat de vĂ©ritĂ© quant au sens de son existence. * ElĂšve 3 L’illusion est dans sa forme sociale, une tromperie, une manipulation. L’illusionniste, est celui qui en manipulant des objets cartes, foulards, articles de foire etc. produit des effets Ă©tonnants, et inattendus. Nous nous attendons Ă  voir quelque chose et autre chose, qui semble dĂ©roger aux lois de la causalitĂ© surgit un lapin hors d’un chapeau, une cigarette d’une oreille etc.. En allant voir un illusionniste nous nous attendons Ă  ĂȘtre surpris, et nous sommes heureux de l’ĂȘtre quand le tour fonctionne. C’est ce qui le distingue du pick pocket on paye pour ĂȘtre trompĂ© quand on va au spectacle alors que l’on est en colĂšre de s’ĂȘtre fait dĂ©rober de l’argent dans l’autre cas. L’illusionniste de talent est celui qui instrumentalise nos rĂ©flexes perceptifs afin de faire croire Ă  un enchantement, un mirage en dĂ©tournant l’attention de ce qu’il y a Ă  voir pour que l’escamotage puisse avoir lieu et que la carte rĂ©apparaisse dans un endroit que l’on ignorait auparavant, le miracle du spectacle a lieu. Personne n’est dupe, mais l’illusion n’est pas seulement celle basĂ©e sur les conventions théùtrales, faisant voir Oreste lĂ  oĂč un acteur joue un rĂŽle ; le tour a pris quand le trucage que tout le monde prĂ©suppose derriĂšre l’apparence, n’apparaĂźt pas. Il demande Ă  ce qu’on le suive, l’écoute, il joue avec notre attention et en rĂ©alitĂ©, il se joue de notre attention, en dĂ©jouant sa vigilance. Nous sommes heureux qu’il nous trompe car nous savons qu’en rĂ©alitĂ©, le principe de non contradiction les mĂȘmes choses produisent les mĂȘmes effets » n’est pas dĂ©jouĂ©. La contradiction n’est pas dans les choses, mais dans le discours qui nous demande notre confiance pour la trahir naturellement, il y a un contrat de confiance initiale qui rend Ă©trange cette confiance que l’on donne pour se faire tromper. Cette attention qu’il nous demande est doublĂ©e par un intĂ©rĂȘt Ă©trange qui consiste Ă  la fois Ă  dĂ©sirer ĂȘtre trompĂ©, et en mĂȘme temps, dĂ©sirer relever le dĂ©fi consistant confondre le truqueur, ĂȘtre plus malin que lui, avoir un coup d’avance sur lui. Cela arrive rarement, mais c’est ce mĂȘme intĂ©rĂȘt, trĂšs puissant, que l’on suscite quand on produit du sensationnel, quand on veut attirer par des rĂ©vĂ©lations, la prĂ©sentation des choses cachĂ©es les foires, les monstres, les curiositĂ©s etc. Les films de Fellini interrogent cette pulsion au cƓur de l’ñme humaine Ginger et Fred, Fellini Roma etc. Ces films dĂ©montrent que le trucage fonctionne encore, quand il s’agit non pas tant de le faire fonctionner, que de montrer comment il fonctionne. L’illusion, la duperie est peut ĂȘtre d’ailleurs d’autant plus grande qu’on prĂ©tend nous rĂ©vĂ©ler l’arriĂšre du dĂ©cors. C’est lĂ  ce que dĂ©nonçait dans les annĂ©es 70 Guy Debord dans la sociĂ©tĂ© du spectacle » rien n’échappait au rĂšgne du spectaculaire, mĂȘme la critique Ă©tait rĂ©intĂ©grĂ©e au socle de cet univers qu’elle critiquait. Le critique de la sociĂ©tĂ© du spectacle est interviewĂ©, passe sur les plateaux tĂ©lĂ© etc. C’est dire si la conscience est Ă  la fois ce qui prĂ©tend distinguer le vrai du faux, et en mĂȘme temps ce qui se laisse tromper alors mĂȘme qu’elle se croit rĂ©aliste. Peut ĂȘtre que cette illusion cette demande de spectaculaire est une demande profonde de la conscience, peut ĂȘtre que ce besoin trahit le fait qu’elle est l’origine de cette illusion, et que c’est elle qui est la ressource de ce mensonge. La conscience qui est au spectacle est toujours en train de voir comme, et ne voit jamais que ce qu’elle sait ou prĂ©tend savoir. Elle n’est qu’en contact avec elle mĂȘme et ses prĂ©jugĂ©s. Notre cerveau, par le biais de raccourcis qui lui sont nĂ©cessaires et qui sont adossĂ©s sur l’habitude laisse la place Ă  des illusions possibles. Des croyances conscientes d’ĂȘtre des croyances glissent alors peu Ă  peu dans la catĂ©gorie des croyance ignorantes d’elles mĂȘmes des croyances qui se prennent pour le savoir. Les individus qui sont habituellement attentifs Ă  la situation qui les environnent, deviennent caricaturaux ils rĂ©pĂštent des gestes qu’ils ont dĂ©jĂ  fait, dĂ©rapent en se rĂ©fĂ©rant Ă  d’autres contextes qui ne sont pas les bons, et paraissent alors hors d’eux mĂȘmes, dĂ©boussolĂ©s, dĂ©calĂ©s. Ils font rire ou ils inquiĂštent, ils sont semblables Ă  des automates ou Ă  des zombis le rire du Bergson, c est du mĂ©canique plaquĂ© sur du vivant ». Bergson parle d’une illusion propre Ă  la conscience qu’il nomme illusion cinĂ©matographique ». Sa conscience fonctionne comme le cinĂ©matographe, elle recompose le mouvement Ă  partir d’une sĂ©rie de position fixe. Ce serait le cƓur du mensonge ce que l’on appellerait mouvement est une illusion de mouvement. Pour Bergson en effet, l’homme est avant tout, homo faber, et les exigences de cette activitĂ©s fabricatrice sont telles qu’il ne doit sĂ©lectionner dans le monde que ce qui lui est utile. Ce qui est lui utile apparaĂźt comme identifiable, c’est Ă  dire rĂ©identifiable, c’est Ă  dire fixe. Il s’intĂ©resse Ă  ce qui est semblable et oublie ce qui diffĂšre. Or, par excellence, ce qui diffĂšre, c’est le passage du temps, et c’est cette conscience du temps qu’il laisse par excellence Ă©chapper. La conscience en tant que conscience fabricatrice est source de cette illusion cinĂ©matogrpahique qui consiste Ă  ramener le mouvement Ă  une sĂ©rie de positions fixes ou bien Ă  rapporter le temps Ă  du spatial, comme par exemple la flĂšche du temps d’une frise chronologique. Cette illusion est nĂ©cessaire en ce qu’elle permet la pratique, mais il est possible Ă  la conscience de fonctionner aussi Ă  contre emploi, de revenir sur ce qui vient avant le tournant de l’expĂ©rience » par quoi elle se spĂ©cialise ; cette conscience s’inscrit alors dans le flux vital, et reprend un contact avec l’expĂ©rience vĂ©cue du temps. Cela peut ĂȘtre l’expĂ©rience de la durĂ©e conscience, mais c’est aussi une expĂ©rience beaucoup plus vaste l’expĂ©rience de la vie. La conscience est Ă  la fois en tant que conscience d’une rĂ©alitĂ© utile pour l’espĂšce, source d’une illusion quant Ă  la nature vĂ©ritable des choses, mais aussi capable, suite Ă  une conversion du regard Ă  saisir l’en soi des choses, inutile, mais vrai. Les artistes incarnent par excellence cette virtualitĂ© de la conscience se libĂ©rant des prĂ©jugĂ©s de l’usage. * ElĂšve 4 La conscience individuelle est notre point d’entrĂ©e dans le monde. Elle jette parfois sur le monde une coloration qui est subjective et qu’elle prend pour la nature des choses. Les choses apparaissent comme autres qu’elles ne sont. C’est par exemple, le cas d’une illusion d’optique rapportĂ©e par les Ă©picuriens, les tours au loin qui apparaissent comme carrĂ©es. Ce type d’illusion nĂ©anmoins mĂȘme s’il a son origine dans le sujet les organes de la perception n’est pas Ă  proprement parler Ă  rapporter Ă  la conscience elle mĂȘme. La conscience est plutĂŽt ce qui est capable, pourvue qu’elle fasse appel Ă  l’entendement, ce qui vient corriger ce que les sens produisent. Ainsi, le jugement redresse le bĂąton que les sens font percevoir brisĂ© dans l’eau Descartes. La conscience est source de vĂ©ritĂ©, et les sens d’illusions. Ils ne sont pas fiables mais trompeurs. La tromperie est extĂ©rieure Ă  la conscience, jusque dans le cas oĂč le malin gĂ©nie viendrait Ă  nous faire percevoir pour vrai des idĂ©es claires et distinctes alors qu’elles sont fausses. Pour autant, l’illusion, n’est pas forcĂ©ment de ce type. Il peut y avoir des fantasmes qui sont plus puissants que ces illusions d’optique. Ainsi, percevoir quelque chose autrement qu’il ne l’est les tours rondes que l’on perçoit carrĂ© ; le bĂąton que l’on perçoit brisĂ© etc. est autre chose que percevoir quelque chose lĂ  oĂč il n’y en a pas. On parle alors d’une hallucination. Hamlet perçoit le corps de son pĂšre, alors qu’il est mort. Il est le seul Ă  le percevoir. Et ce qu’il perçoit en rĂ©alitĂ© n’est rien. C’est une production de son esprit. Un esprit faux est un esprit dont la conscience fait percevoir les objets qui Ă  l’extĂ©rieur n’existent pas. C’est une conscience qui n’a plus de rapport avec le monde extĂ©rieur mais Ă  soi mĂȘme. Par exemple, le mythomane qui croit Ă  ses dĂ©lires, et croit que le monde se conforme Ă  ses dĂ©sirs. Ou bien ces fous dont parle Descartes dans la premiĂšre mĂ©ditation et qui considĂšre qu’ils n’ont pas de corps, ou que leur corps est fait de verre, qu’ils se briseront au moindre choc avec quelque chose d’extĂ©rieur. Cette illusion serait non pas due Ă  quelque chose d’extĂ©rieur Ă  la conscience, d’objectivable comme la modification de la tempĂ©rature de l’air qui produit les illusions d’optiques Ă  l’origine des mirages, mais des productions de l’esprit lui-mĂȘme. La folie serait finalement le cas oĂč la conscience ne serait plus l’instance qui nous met en contact avec le rĂ©el, mais au contraire, celle qui nous en dĂ©tourne. Le fou ce serait quelqu’un dont la conscience serait malade, qui n’aurait plus accĂšs au rĂ©el comme il se doit, et serait constamment dans une forme d’illusion appelĂ© dĂ©lire dĂ©lire de persĂ©cution, oĂč l’individu croit entendre des personnes comploter contre lui, fantasme qui consiste Ă  percevoir des choses qui n’existent pas, affabulation oĂč l’on raconte des histoires. Descartes met de cĂŽtĂ© ces ĂȘtres dĂ©rangĂ©s, et se dissocie de leur compagnie quand il se demande si lui-mĂȘme n’est pas en train de le devenir en faisant son hypothĂšse hyperbolique du doute radical mais quoi, ce sont des fous ! » Michel Foucault, dans L’Histoire de la Folie le lui a bien reprochĂ© ce geste serait contemporain du grand enfermement. C’est Ă  dire de l’époque oĂč la construction de la rĂ©alitĂ© partagĂ©e du bon sens » dont parle Descartes au dĂ©but du Discours de la MĂ©thode est en fait rendue possible, par l’exclusion d’un certain nombre de personnes de ce partage. Il ligne de partage sĂ©pare ceux dont les reprĂ©sentations sont conformes avec l’ordre Ă©tabli de ceux qui sont des marginaux les pauvres, les malades, les fous, les criminels etc. Cette exclusion est fondatrice de la raison plus que ne le veulent le reconnaĂźtre les personnes que favorise une telle dĂ©marcation. Ainsi, alors que la raison est le discours qui a pu rendre compte de la folie jusqu’à notre Ă©poque en niant au fou la possibilitĂ© de s’exprimer, il s’agit de faire parler la folie pour essayer de dire quelque chose sur la raison. La raison se soutient de ceux qu’elle exclut. Elle trouve son origine non pas en elle-mĂȘme, mais elle se dĂ©finit par diffĂ©renciation d’avec ce qu’elle rejette en dehors d’elle. La violence faite aux fous, aux exclus, au nom de la raison, dit plus de choses sur elle, qu’elle mĂȘme. Ce qu’elle dit d’elle est mĂȘme, est en Ă©cart avec ce qu’elle est. Le savoir rationnel est liĂ© Ă  des techniques de pouvoir par lequel il s’impose. Les systĂšmes de sĂ©lection et de validation, s’auto-lĂ©gitiment et se renforcent pour les personnes qui y participent car finissant par ne plus soupçonner aucune extĂ©rioritĂ©, mais finalement, ils ignorent tout extĂ©rieur possible. Il nie ce qui ne vient pas les renforcer, et produisent des effets qui relĂšvent aussi de l’illusions. La raison ne serait pas raisonnable, et elle sĂ©crĂ©terait la folie en Ă©teignant d’autres perspectives sur le monde possible, car les frappant d’invaliditĂ©. La raison serait en son fond l’origine de la folie, et la folie serait le lieu oĂč l’on pourrait deviner les non-dits de la raison Ă  partir de quoi elle s’éclaire. Kant avant Freud avait dĂ©jĂ  soupçonnĂ©, que les illusions n’étaient pas seulement liĂ©es Ă  des dĂ©faillances du sujet mĂȘme si toujours Ă  ses limites, Ă  sa finitude, mais aussi Ă  la nĂ©cessitĂ©. L’illusion ne serait pas une dĂ©faillance, mais quelque chose qui a une fonction de rĂ©gulation pour notre psychique. Elle ne serait pas l’exception, l’écart Ă  la norme, mais la norme elle-mĂȘme, Ă  partir de quoi il faut repenser la pathologie comme nouvelle norme. Nietzsche dĂ©crivait la grande santĂ© comme la capacitĂ© Ă  se rendre malade pour pouvoir produire une nouvelle norme, un nouvel Ă©quilibre, qui n’est pas prĂ©dĂ©terminĂ© par l’équilibre biologique hĂ©ritĂ© de l’espĂšce. L’ĂȘtre humain en tant qu’ĂȘtre technique, et l’ĂȘtre qui expĂ©rimente d’autres Ă©quilibres que ceux naturels. Il vit toujours sur le bord d’une crise, d’une catastrophe qu’il doit alors corriger par d’autres innovations qui fonctionnent comme des remĂšdes toujours susceptibles d’ĂȘtre transformĂ©s en poison. Les illusions de la raison, sont chez Kant, ce qui permet Ă  la raison de s’orienter dans le monde. Le monde, l’ñme et Dieu sont des concepts rĂ©gulateurs, qui produisent des promesses, alors qu’ils ne seront jamais rejoints car la rĂ©alitĂ© qu’ils dĂ©signent n’est pas totalisable, reste ouverte. Or, ils doivent ĂȘtre prĂ©supposĂ©s pour se mettre Ă  connaĂźtre si le monde n’était pas cohĂ©rent, unifiĂ©, il n’y aurait pas de sens Ă  en chercher ses lois. Mais cette cohĂ©rence ne sera jamais que postulĂ©. C’est la conscience en tant que fini, qui sĂ©crĂšte cette illusion prĂ©sentable sous la forme d’antinomie il est par exemple aussi probant de dire que le monde ait eu une origine qu’il soit Ă©ternel, mais ces illusions lui sont nĂ©cessaire au bon fonctionnement. La folie est donc ce qui travers la raison la plus pure, qui se scinde en deux, devient schizophrĂ©nique, et se convoque Ă  son tribunal critique afin de se poser des bornes. Il est sans ce dĂ©tour par la question des limites de nos pouvoirs de connaĂźtre question centrale de la Critique de la Raison Pure, nous rencontre compte que l’illusion est parfois nĂ©cessaire Ă  notre Ă©quilibre. De la mĂȘme maniĂšre que certaines douleurs devenant insupportables, nous font tomber dans les vapes, de la mĂȘme maniĂšre, certaines vĂ©ritĂ©s sont trop intenses pour ĂȘtre supportĂ©e par une conscience. Dans Ecce Homo, Nietzsche parle ainsi du degrĂ© de vĂ©ritĂ© qu’un esprit peut supporter, et de la dose de vĂ©ritĂ© qu’il peut oser, comme mesure de la valeur. La vĂ©ritĂ© n’est pas soutenable, et l’illusion nous est nĂ©cessaire Ă  vivre. Freud parle lui de dĂ©nĂ©gation. Si le rĂ©el Ă©tait visible, il nous empĂȘcherait de vivre. Cette demande de vĂ©ritĂ© n’est pas naturelle, elle est le mĂȘme le signe d’une perte de vitalitĂ©. L’illusion est plus pragmatique, plus efficiente. Vivre dans le mensonge a quelque chose de rassurant. Tel est le reproche que Freud adresse Ă  la religion il y a une part d’infantilisme. La demande adressĂ©e au Dieu par les rites et les priĂšres, est une demande de protection qui prend la suite de la demande adressĂ©e au pĂšre quand l’homme Ă©tait enfant. Cette demande reste alors que les parents s’absentent ou que les rĂŽles s’inversent, et pour la satisfaire, l’imaginaire, produirait par idĂ©alisation cette entitĂ© Ă  laquelle on espĂšre si on lui obĂ©it obtenir la garantie de ce qui viendrait Ă©teindre notre angoisse la vie aprĂšs la mort, la guĂ©rison des souffrances etc. Telle est la thĂšse de L’Avenir d’une Illusion. Pour Freud la conscience, en tant qu’elle est la consĂ©quence du refoulement de la pulsion, est une demande d’illusion. L’inconscient est la vĂ©ritĂ© de ce dont la conscience est le mensonge. Elle est Ă©tayĂ©e sur l’ignorance volontaire de pensĂ©es refoulĂ©es. Ces pensĂ©es refoulĂ©es par l’instance du surmoi garante des valeurs intĂ©riorisĂ©es de la culture, font parties intĂ©grantes de la personnalitĂ© psychique, puisqu’elles expliquent mieux que les pensĂ©es conscientes, la plupart des actions dont la portĂ©e consiste Ă  essayer de les contourner ce qui nĂ©cessite de les prĂ©supposer. La conscience est la source d’une illusion, dont le centre lui extĂ©rieur car rĂ©sidant dans l’inconscient. * ElĂšve 5 L’ĂȘtre humain est un ĂȘtre dont la nature est plastique. Il n’est pas dĂ©fini par avance par un programme gĂ©nĂ©tique, biologique aucun sĂ©quençage d’ADN ne pourra jamais prĂ©dire qui sera criminel de qui ne le sera pas. Il n’est pas plus guidĂ© par les Dieux ou le destin. Aristote pouvait dire alors que sa place Ă©tait entre les animaux et les Dieux, et qu’il devait la bien garder s’il voulait rester dans les bornes du raisonnable, ce que commande l’éthique. L’ĂȘtre humain est libre, car il a affaire au contingent, au possible, et qu’il peut s’y orienter grĂące Ă  sa raison. NĂ©anmoins, cet ĂȘtre en devenir, et qui se dĂ©finit lui mĂȘme Ă  partir de dĂ©cisions orientĂ©es par les normes du rationnel, cet ĂȘtre qui acquiert une seconde nature des habitus qui vient rĂ©troagir sur la premiĂšre afin de dĂ©couvrir un potentiel absolument insoupçonnable avant, a besoin d’illusions pour grandir et s’élever au-dessus de sa condition premiĂšre. Ainsi, alors que Platon condamne l’imitation au titre de ce qu’elle productrice d’apparence et donc d’illusion, qu’elle trompe la conscience, Aristote la loue comme le ressort mĂȘme de l’apprentissage. Si tous les hommes dĂ©sirent apprendre, c’est par l’imitation qu’ils commencent Ă  apprendre, et en particulier car cette imitation se fait avec un certain plaisir. Freud dĂ©jĂ  parle du surmoi comme une instance de rĂ©gulation du psychique, venant canaliser les pulsions du ça, et normer le moi, comme gĂ©nĂ©rer par un processus d’idĂ©alisation. L’idĂ©al du moi est produit par identification Ă  des rĂ©fĂ©rents, dĂ©jĂ  primaires les parents puis secondaires les personnes que l’on rencontre et donc le dĂ©veloppement de l’enfant, est polariser par cette image de lui mĂȘme qu’il trouve en dehors de lui, et qu’il se met Ă  intĂ©grer Ă  son psychique et conserver en l’absence mĂȘme de la personne par la suite. Cette idĂ©alisation est ce qui permet la scission du psychique par quoi l’instance du surmoi intervient pour rĂ©guler les pulsions, les canaliser, et aider Ă  la transformer en dĂ©sir, et en mĂȘme temps. Elle donne une direction, l’idĂ©alisation creuse l’horizon et lui redonne une forme d’infini. L’infini du dĂ©sir n’est pas que quand il n’est pas la rĂ©pĂ©tition infinie des mĂȘmes dĂ©sirs qui aussitĂŽt Ă©teints renaissent Ă  l’identique, mais l’objet d’un dĂ©sir infini, qui surprend toujours et dont on prend soin, car il renouvelle le mystĂšre de l’identification paradoxale avec lui. Descartes montre que le dĂ©sir se nourrit d’une certaine illusion celle qui fait rapporter les petites filles louches Ă  un dĂ©sir d’enfance initial, et aussi soupçonne que la cristallisation peut se faire sur un dĂ©faut, indiquant que le dĂ©sir fait toujours signe vers le dĂ©faut originaire dont il procĂšde et mĂȘme s’il remarque que c’est habituellement plutĂŽt Ă  des qualitĂ©s qu’à des dĂ©fauts qu’on s’attache. En effet, ce dĂ©faut originaire du dĂ©sir, est cette sorte de manque que dĂ©signe Platon en rapportant la gĂ©nĂ©alogie d’Eros Ă  ponos et pĂ©nia. Ce rapport Ă  l’idĂ©alisation et Ă  l’imitation montre qu’autrui est ce par quoi est mĂ©diĂ© notre rapport aux valeurs. Autrui intercĂšde entre nous et nous mĂȘmes, et fut-ce Ă  titre de catalyseur, il aide la conscience Ă  se ressaisir, soit immĂ©diatement, au niveau prĂ© rĂ©flexif comme par un affect soit au niveau rĂ©flexif. Le dĂ©centrement nĂ©cessaire pour se saisir comme cette difficile identitĂ© qui diffĂšre de soi passe par l’intĂ©gration, par exemple, des reprĂ©sentations que les autres ont de nous et se font de nous. C’est souvent par opposition, contraste, nuance, dĂ©calage que se fait l’affirmation de soi. La conscience n’est libre que par rapport Ă  une situation. Si bien que, puisque la conscience est libertĂ©, elle est toujours possiblement une chose et une autre Ă  la fois. Ces compossibles donnent raison aux illusions que l’on se fait. La conscience se nourrit de ce que l’on voit d’elle et qu’elle n’imagine pas encore pouvoir ĂȘtre. La conscience n’est pas seulement source d’illusions de fantasmes, de dĂ©sirs, de cristallisations qui idĂ©alisent autour d’un individu des attentes qui ne le concernent pas mais nous, mais aussi l’illusion est sa ressource. La conscience de soi se nourrit de ce que les autres voient en elle, Ă  condition que ceux ci ne soient pas rĂ©duction. La vĂ©ritable illusion, celle qui serait inacceptable et qui tend Ă  sĂ©parer la conscience de ses possibles, c’est la rĂ©duction Ă  l’état de chose. Autrui sa conscience en tant qu’il peut tendre Ă  vouloir me rĂ©duire Ă  l’état d’objet, d’outil, de moyen pour ses propres dĂ©sirs, et sources de la plus pernicieuses des illusions celle qui dĂ©nature la conscience pour en faire une chose. Cette illusion n’est pas pour autant anodine, qui pourrait ĂȘtre dĂ©savouĂ©e par le rĂ©el. Elle prend la place du rĂ©el comme un fantasme qui est attestĂ© collectivement. Elle relĂšve en ce sens parfois de l’idĂ©ologie, comme c’est le cas pour le racisme les races certes n’existent pas, les biologistes l’ont montrĂ©. Mais mĂȘme si ce concept est fallacieux, qu’il ne correspond Ă  aucune rĂ©alitĂ©, ceux qui l’utilisent lui donnent une forme de rĂ©alitĂ©. Le racisme existe et les reprĂ©sentations qui tendent Ă  rĂ©duire des individus Ă  un certain nombre de caractĂšres physiques sont rĂ©elles. En sens, la conscience en tant qu’elle est l’instance productrices des reprĂ©sentations, est la cause de cette illusion chosiste pernicieuse. Mais, en tant qu’elle est aussi conscience critique, elle est aussi le remĂšde Ă  ce poison. Par le dialogue, la distinction, l’écoute de la multiplicitĂ© des arguments, elle dĂ©passe cette opposition entre la reprĂ©sentation du rĂ©el et le rĂ©el pour le voir tel qu’il est et non pas au prisme des prĂ©jugĂ©s reçus. * ElĂšve 7 De la mĂȘme maniĂšre que LaBruyĂšre dĂ©crivait des caractĂšres MĂ©nalque est l’étourdi par exemple, il est possible de dĂ©crire des types psychologiques qui permettent d’identifier les individus comme appartenant Ă  un certaine catĂ©gorie de personnes avec qui, mĂȘme s’ils ne sont pas de la mĂȘme famille, ils partagent des traits de caractĂšres communs. Naturellement aucune des personnages en question n’est vĂ©ritablement une personne, ce sont des idĂ©aux types, des reprĂ©sentations caricaturales mais qui disent par leur univocitĂ© mĂȘme, la vĂ©ritĂ© de certaines traits qui nous traversent. Nous participons de la rĂ©alitĂ© transversale qui tisse ensemble certains individus sĂ©parĂ©s physiquement, mais contigus dans cette ribambelle des vĂ©ritĂ©s de comportements possibles. La conscience individuelle, qui nous fait, par le repli sur soi et la capacitĂ© Ă  dire je » ou moi » percevoir comme radicalement diffĂ©rent de tout autre, fait ressentir comme Ă©trange cette Ă©cart avec la reprĂ©sentation que l’on a de nous. Les autres prĂ©tendent nous connaĂźtre en ce qu’ils reconnaissent en nous quelqu’un qu’ils ont dĂ©jĂ  connu par ailleurs. Ils nous assimilent Ă  quelqu’un d’autre, alors qu’ils nous prĂ©tendent nous connaĂźtre nous mĂȘmes. Ces trouble de la conscience, ces confusions, Ă©veillent la mĂ©fiance de Descartes qui se soustrait Ă  cette illusion en remarquant les sentiments que son inclination le poussait Ă  ressentir en prĂ©sence des jeunes filles louches ne concernent pas la personne qu’il rencontre, mais le souvenir qu’il lui Ă©voque. Il n’est pas en prĂ©sence de la personne dans sa diffĂ©rence irrĂ©ductible, mais de sa propre conscience, en ce qu’elle se protĂšge de l’altĂ©ritĂ© du monde et de ce qu’il y a de troublant dans une rencontre en convertissant l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du rĂ©el en souvenir. On ramĂšne l’autre au mĂȘme. On rapporte tout Ă  soi. Il faut alors ouvrir les yeux et voir non pas ce que l’on sait, mais ce que l’on voit, or rien n’est plus difficile. Leibniz et Pascal on bien vu ces difficultĂ©s le premier qui est le second historiquement a montrĂ© qu’il n’y avait pas d’entitĂ© sans identitĂ©. Une entitĂ©, avec une unitĂ©, que si elle Ă©tait identique Ă  elle mĂȘme. Il dĂ©duit de cela le principe des indiscernables. C’est Ă  dire que si deux choses sont absolument indiscernables elles ne forment qu’une seule et mĂȘme chose. Si elles sont deux, c’est qu’elles sont dissemblables par certaines de leurs caractĂ©ristiques ne serait ce que leur position dans le monde, l’espace qu’ils occupent n’est pas le mĂȘme, ce qui les amĂšnent alors Ă  diffĂ©rer et aussi diverger. Le devenir, leur destin sont sĂ©parĂ©s, aussi proche soit leur origine commune deux feuilles appartenant au mĂȘme arbre ; deux gouttes au mĂȘme nuage. Pascal remarque que le rapprochement entre deux choses que l’on sait diffĂ©rentes, est souvent le fait de l’esprit. C’est d’un point de vue extĂ©rieure que deux choses dissemblables peuvent ĂȘtre rapportĂ©es l’une Ă  l’autre Ă  travers une analogie, une comparaison etc. Ainsi, Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance. » B133 L13. Pascal classe ce fragment dans le feuillet vanitĂ© » il s’agit ici de la vanitĂ© de l’observateur qui rit de ce qu’il voit de ce qu’il a mis dans le rĂ©el pour se l’approprier. Ce que masque cette projection, ce qui fait Ă©cran dans cette pratique divertissante qui consiste Ă  distinguer ce qui est semblable de ce qui est diffĂ©rent, c’est le vĂ©ritable travaille de l’esprit, c’est la diffĂ©rence profonde entre les choses. Un individus qui se contenteraient de jouer le jeu des petites diffĂ©rences » comme le fustige Rousseau chez le courtisans qui font grand cas de dĂ©tails en semblant en tirer une diffĂ©rence de nature entre les gens du peuple et les aristocrates c’est qu’il finiront par s’aveugler sur la diffĂ©rence essentielle celle entre le paraĂźtre et l’ĂȘtre, entre l’apparence et l’essence justement. Les ĂȘtres humains qui se divertissent sont attentifs Ă  de petites diffĂ©rences de surface, superficielles, alors qu’ils se rendent aveugles Ă  la diffĂ©rence fondamental, Ă  ce qui est dĂ©cisif et fait toute la diffĂ©rence. Le choix de l’existence, la valeur qui Ă  l’arriĂšre plan de tous leurs actes restent invisible Ă  leur yeux. Ils finissent par ne plus chercher la vĂ©ritĂ©, la croyant sinon inexistante du moins inaccessible. C’est l’illusion que produit cette projection sur le rĂ©el de ce que nous attendons de lui, et qui nous fait prĂ©sumer de sa nature. L’illusion serait donc Ă  la fois dans la conscience spectatrice qui met dans le monde ce qui l’approprie Ă  son idiosyncrasie et dans la conscience active, qui ne cesse de diffĂ©rer ave celle mĂȘme, tout en se percevoir comme stable et identique Ă  elle mĂȘme. La conscience se vit comme une identitĂ© Ă  l’écart, et en ce sens de diffĂ©rent de tous le reste. Son attitude premiĂšre et de nier l’appropriation Ă  ce qui n’est pas elle elle ne dit rien positivement sur elle mĂȘme, mais tout ce qu’on dit elle pour essayer de le qualifier, elle le refuse. Son affirmation premiĂšre, consiste Ă  dire non ». Certes, Descartes a essayĂ© d’affirmer positivement qu’elle est chose pensante » aprĂšs l’avoir refuser toutes les autres choses comme douteuses, c’est Ă  dire illusoire. Mais cet attribut essentiel qu’est la pensĂ©e, reste assez fragile en ce qu’il ne s’assure de lui mĂȘme que quand il se dĂ©tourne de tout contenu qui lui est extĂ©rieur pour se saisir dans la transparence de la conscience Ă  elle mĂȘme. Certes, Descartes a fait se dissiper les illusions du monde, voire l’illusion qu’est le monde en identifiant la pensĂ©e et la conscience, en montrant qu’il n’y a pas le moindre Ă©cart, pas la moindre place pour le doute entre eux, mais cette vĂ©ritĂ© de la conscience sur elle-mĂȘme, qui la fait percevoir comme une rĂ©alitĂ© res cogitans faisant Ă©chec Ă  la duperie du malin gĂ©nie reste sinon temporaire je suis, j’existe est nĂ©cessairement vraie toute les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit » 2nd MĂ©ditation du moins local cette vĂ©ritĂ© est une zone de clartĂ© dans un ocĂ©an d’incertitudes, ou tout pourrait n’ĂȘtre qu’illusion, des hommes qui passent et que l’on peut voir quand on se met Ă  la fenĂȘtre ce seraient des automates, au morceau de cire dont la forme se dissipe au contact de la flamme du bougie, jusqu’au monde qui ne serait que mirage, et aux mathĂ©matiques qu’effet de la manipulation d’un dieu pervers, falsifiant ses propres lois et dĂ©crets. La conscience qui se saisit elle mĂȘme, en se croyant source de diffĂ©rence et d’une rĂ©alitĂ© absolument singuliĂšre, ne serait pas moins source d’illusion que celle qui se tourne vers le monde. Les types d’individus extravertis se tournent vers le monde, et savent par le jeu de l’imagination pour lequel ils ont acquis quelque habiletĂ© se tromper eux mĂȘmes en regardant ce qu’ils veulent voir, ou dĂ©couvrant ce qu’ils croient savoir, sans voir ce qu’il y a vraiment. Mais ceux qui, plus introvertis, cherchent en eux mĂȘmes la bonne articulation au rĂ©el, le rĂ©glage de l’appariement entre leur conscience est le monde ne sont pas plus dans la vĂ©ritĂ© que les autres. Dans ce rapport Ă  eux mĂȘmes, la conscience n’est pas moins sous l’effet des prestiges de l’imagination que dans l’autre cas on ne se ment pas moins Ă  soi mĂȘme. Ainsi, le mensonge suprĂȘme, qualifiĂ©e de mauvaise fois par Sartre, est de se prendre pour une chose le soldat qui se fait chose, en fixant son regard Ă  dix pas, et ne voyant pas ce sur quoi son regard ne s’arrĂȘte plus ; le garçon de cafĂ© qui se coule dans une norme sociale en prĂ©tendant ne rien ĂȘtre d’autre ; ou la femme coquette qui fait mine de ne pas voir que sa main repose comme une chose dans les mains de celui qui la sĂ©duit. C’est bien au fond, ce que Sartre reproche Ă  Descartes, la conscience ne peut pas ĂȘtre une chose la partie oĂč le monde Ă©tait rĂ©duit aux reprĂ©sentations, aux perspectives que le sujet jette sur lui montrait suffisamment bien que la conscience Ă©tait nĂ©gation. Mais il n’est pas allĂ© suffisamment loin, la conscience n’est pas une chose, position d’une positivitĂ©, la pensĂ©e, mais elle est elle mĂȘme, nĂ©gativitĂ©, nĂ©ant, puissance de nĂ©gation et non d’anĂ©antissement. Elle est ce qui se nie pour l’autre puisse lui apparaĂźtre. Cette conscience de son propre nĂ©ant intĂ©rieur et par lĂ  de sa vanitĂ© a quelque chose d’insoutenable. C’est pour cela, qu’il faut la mĂ©thode de la mĂ©taphysique pour l’aborder, sur le plan existentiel, cela s’éprouve sous la forme de l’angoisse, ou de l’ennui, ces sentiments limites oĂč le sujet s’abime. La mauvaise foi est la rĂ©ponse qui consiste Ă  nier ce nĂ©ant, on pourrait dire Ă  le dĂ©nier » si Sartre n’avait pas maille Ă  partir avec la psychanalyse. L’illusion dont la conscience est la source ne peut pas concerner seulement le monde, mais aussi sa propre nature. Seule une opĂ©ration singuliĂšre et contre nature, permet de la gager comme le champ de l’apparaĂźtre des phĂ©nomĂšne et de suspendre la volontĂ© de lui donner une substance, d’en faire une chose. Cette confusion de la conscience avec la connaissance de sa nature, s’enracine dans une confusion entre la conscience et le monde. C’est que quand elle perçoit les choses, elle est Ă  la fois en contact avec ce qui la transcende les choses mĂȘmes mais aussi avec ce qu’elle y met pour recevoir ce qui lui est autre. Le dĂ©sir de se connaĂźtre soi mĂȘme intĂ©gralement, serait Ă©quivalent alors du dĂ©sir de s’identifier avec le monde. Ce serait un dĂ©sir dĂ©mesurĂ©e, marquĂ© d’hubris, une forme de dĂ©lire mĂ©taphysique que Kant appelle SchwĂ€rmerei enthousiasme qui fait oublier les bornes. Pour se guĂ©rir d’une telle prĂ©tention outranciĂšre, la perspective critique donne certes une aide prĂ©cieuse, mais d’autres maniĂšres moins austĂšres son possibles. Ainsi, si le vice originaire tient Ă  ce que la conscience est perçue comme chose, identitĂ© en soi, il s’agirait de la considĂ©rer comme diffĂ©rence, traversĂ©e par les tendances. L’illusion au cƓur de la conscience, serait celle qui consiste Ă  percevoir son identitĂ© comme celle des objets, une identitĂ© figĂ©e, fixĂ©e Ă  elle mĂȘme come dans l’en soi des choses. Il est possible de concevoir un autre type d’identitĂ©, qui tienne compte de ce mouvement continuel, cette fluence de la conscience qui s’inscrivant dans la durĂ©e, ne peut jamais ĂȘtre que dans le passage d’un Ă©tat Ă  un autre, sans jamais ne s’y arrĂȘter c’est l’identitĂ© narrative ou ipsĂ©itĂ©. L’illusion sur l’identitĂ© Ă  soi se voit quand on affirme ĂȘtre la mĂȘme personne » alors que de toute Ă©vidence nous ne sommes par les mĂȘmes entre le moment de notre enfance, et celui de notre Ă©tat adulte. Les changements sont physiques, mĂȘme si un air » subsistent qui nous permet de deviner au delĂ  du changement quelque chose qui demeure. De mĂȘme nous faisons l’expĂ©rience de la non permanence de notre ĂȘtre, l’expĂ©rience d’un changement perpĂ©tuel Ă  nous mĂȘmes, si bien que nous sommes d’instant en instant arrachĂ© Ă  nous-mĂȘmes. Nous expĂ©rimenter l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, l’altĂ©ritĂ© entre sein propre, et c’est elle qui nous ferait avancer, progresser, Ă©voluer. Ce qui se rĂ©pĂšte se sclĂ©rose, le changement s’il exprime une diffĂ©rence profonde nous rĂ©invente, l’innovation s’ancre dans la continuitĂ© d’une histoire et donc d’un passĂ©. Bergson comparait ces progrĂšs de la conscience Ă  une boule de neige qui en roulant accumule de la matiĂšre et grossit harmonieusement. Cette diffĂ©rence que nous sommes est en mĂȘme temps ce qui perme de nous identifier. La diffĂ©rence est ici un certain rapport au temps, une certaine maniĂšre de diffĂ©rer le rapport au nĂ©ant la mort qui devra nous emporter, une maniĂšre de faire vivre quelque chose qui rĂ©siste Ă  cette tendance Ă  l’entropie qui atteint le corps, et qui donne des signes, d’une nature autre que matĂ©rielle. Cette transmission qui se joue entre les gĂ©nĂ©rations permet de susciter le retour des maniĂšres du passĂ© Ă  travers des Ɠuvres douĂ©es d’esprit les Ɠuvres d’art qui permet de faire revivre les solutions trouvĂ©e contre la rĂ©sistance de la matiĂšre. Cette diffĂ©rence que nous sommes, nous la trouvons aussi dans l’Essai sur les DonnĂ©es ImmĂ©diates de Bergson, l’exemple de ces camarades de classe qui proche un jour voient leurs destinĂ©es se sĂ©parer, et chacun suivant leur chemin trouve dans leur retrouvaille un charme particulier car c’est comme s’ils restaient le complĂ©ment l’un de l’autre. Ainsi, la vie qui s’écoule demande de faire des choix, et de dĂ©clarer illusoires des possibles qui n’auront pas Ă©tĂ© rĂ©aliser pour que d’autres puissent avoir lieu choisir c’est dĂ©truire es possibles. Mais l’autre qui incarne une autre voie, qui a explorĂ© d’autre possible nous ramĂšne Ă  nos virtualitĂ©s qui s’avĂšrent rĂ©elles et il nous ramĂšne Ă  nous mĂȘmes, en nous rappelant ce qu’un jour nous avions Ă©tĂ© capable de faire. Un mĂȘme lien de solidaritĂ© peut se trouve Ă  un niveau plus gĂ©nĂ©rationnel. Et c’est lĂ  encore, une forme de proximitĂ© entre le rĂ©el et l’illusion qui se joue au niveau de la diffĂ©rence, de la diffĂ©renciation ici non plus entre l’apparence et l’essence, ou entre la conscience et elle mĂȘme, mais entre deux camarades semblables ou proches qui suivent des lignes de destin diffĂ©rentes. ON pourrait imaginer que cette confusion, cette illusion nĂ©cessaire est ce qui habite Ă©galement la relation Ăąme corps que Descartes pose comme une notion primitive et que Merleau–Ponty explore avec les outils de la phĂ©nomĂ©nologie. De Descartes Ă  Leibniz l’histoire de la pensĂ©e fait signe vers la notion de l’inconscient. Si pour le penseur français la pensĂ©e et la conscience s’impliquent mutuellement jusqu’à finir par s’identifier Leibniz doute que cette substance pensante ainsi dĂ©couverte soit toujours consciente. La clartĂ© et la distinction qui le signe d’une vĂ©ritĂ© sans phares et donc l’indication du rĂ©el, se double d’une frange qui nimbe la zone nette oĂč il est difficile de distinguer s’il s’agit de lumiĂšre ou d’obscuritĂ©. Ces zones intermĂ©diaires oĂč l’accommodation n’est pas Ă©vidente permet de penser les effets de seuil, lĂ  oĂč peuvent s’intervertir, par intermittence, ce qui apparaĂźt comme rĂ©el et illusion. Les effets de distorsion de la perception du monde comme le phĂ©nomĂšne de dĂ©jĂ  vu », ou les moments crĂ©pusculaire entre chien et loup, ou l’ami et l’ennemi ne se distinguent plus nettement, oĂč le familier devient Ă©trange, voire inquiĂ©tant l’Unheimlichkeit du parle Freud, et qu’illustre le HorlĂ  de Maupassant, sont des situations trĂšs favorable Ă  la pensĂ©e baroque oĂč le roi est vu comme le plus misĂ©rable des hommes car ne pouvant pas se passer de divertissement, oĂč le bouffon se conçoit comme sage car seul Ă  assumer la folie du monde comme dans La Nuit des Rois de Shakespeare. C’est dans ces phĂ©nomĂšnes de marges, de franges, que la pensĂ©e de la traversĂ©e des seuils qui restitue le principe de continuitĂ© au-delĂ  des ruptures que l’on observe. Ainsi, quand Leibniz nous parle des petites perceptions, du bruit des vaguelettes imperceptibles en soi, dont le bruit est en dessous du seuils de la conscience que l’on peut en avoir, mais qui agrĂ©gĂ©es les unes aux autres produisent l’impressionnant mugissement d’une vague roulant sur la plage, il nous montre comment au cƓur du monde, de sa prĂ©sence, l’illusion ici confusion des sens, est nĂ©cessaire. La rumeur du monde ne nous atteint dans le repli de notre conscience monadique, fermĂ©e sur elle mĂȘme, close au point d’ĂȘtre sans porte ni fenĂȘtre » qu’à travers des fils qui la tisse par avance Ă  tous les autres atomes de conscience et qui vibrent et qui s’entre-expriment mutuellement depuis le point de vue qu’ils ouvrent sur la totalitĂ©. C’est donc en approfondissant au lieu oĂč toutes les confusions se font notre pensĂ©e, perception voire volontĂ© du monde, que nous pourront explorer dans sa richesse et son ambiguĂŻtĂ©. Cette Ă©toffe dont Shakespeare dit que nous sommes fait, et qui est de la mĂȘme nature que celle des songes, il s’agit d’en explorer les replis Ă  travers une synesthĂ©sie de nos sensations, au risque d’une confusion de nos sentiments, afin de rendre compte de la richesse complexe du monde pris dans un Ă©cheveau de possibles non toujours rĂ©alisĂ©s. L’illusion est le lieu oĂč la conscience se mĂȘle au monde avec quelque confusion et dans l’épaisseur de cette Ă©toffe, de cette chair, se trouve la possibilitĂ© d’un rapport complexe au rĂ©el. L’illusion est le lieu oĂč se trame notre rapport au rĂ©el. Cette confusion originaire que la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception de Merleau–Ponty explore et que la peinture charnelle de CĂ©zanne dĂ©montre et enrichit, c’est ce qui chez Descartes se nomme union de l’ñme et du corps ». C’est Ă  travers cette union, par lequel l’ñme n’est pas dans le corps comme un pilote en son navire c’est Ă  dire qu’il est immĂ©diate uni Ă  lui, Ă  tel point que dans l’expĂ©rience le monisme englobe le dualisme mĂ©taphysique inĂ©vitable si l’on suit la rĂ©duction du doute hyperbolique, que nous avons accĂšs au monde, et que nous sommes par lĂ  mĂȘme uni Ă  lui, puisque notre propre corps est lui mĂȘme partie du monde. A la fois sujet et objet, Ă©lĂ©ment du monde, Ă  partir de quoi le monde m’apparaĂźt. Ce chiasme qui fait que se rĂ©vĂšle Ă  moi ce qui m’englobe par ailleurs alors que je tends de le comprendre, est l’expĂ©rience originaire Ă  partir de quoi tout se pense. La reprise de cette circulation par quoi on se dĂ©couvre partager une mĂȘme nature, le monde et moi, fait que la pensĂ©e et aussi un forme de pansement qui tend Ă  rĂ©duire cet Ă©cart, cette schize, ou bĂ©ance qui s’ouvre avec le sentiment de l’absurde, ou de l’irrĂ©ductibilitĂ© de mes dĂ©sirs Ă  l’ordre indiffĂ©rent des choses. L’illusion qu’est cette confusion primordiale, est Ă  la fois l’expĂ©rience du dĂ©menti de cette illusion, et ce qui guĂ©rit la blessure d’un tel Ă©cart par laquelle je me sens extĂ©rieur Ă  ce qui arrive, voire Ă  ce qui m’arrive. L’illusion de la confusion qu’est l’expĂ©rience, vient rendre possible l’examen du vrai, en mĂȘme temps que rĂ©duire la douleur tragique fomentĂ©e par la tension duelle entre l’esprit et la matiĂšre. L’illusion a donc une portĂ©e thĂ©rapeutique aussi bien qu’hermĂ©neutique. La conscience est source d’illusion, mais c’est en ce sens mĂȘme qu’elle est capable de vĂ©ritĂ©. Si la confusion de la vie ne la faisait pas sourdre d’elle mĂȘme, elle ne rencontrerait jamais les choses et ne pourrait pas reconquĂ©rir sur le disjointement initial, la possibilitĂ© d’un discours vrai. Le mathĂ©matique elles-mĂȘmes, que Desanti disait ĂȘtre ni du ciel ni de la terre cf. les IdĂ©alitĂ©s MathĂ©matiques sont susceptibles pour se soutenir elle mĂȘmes, d’invention, et d’usage de forme d’illusions. Les nombres imaginaires i = -1 sont des pĂ©titions, des demandes qui redoublent les nombres rĂ©els, afin de permettre la solution de problĂšmes avec des complexes. L’imaginaire et avec lui l’illusion n’est plus ce qui s’oppose au rĂ©el, mais ce qui le complĂšte et qui l’éclaire. Il est le dĂ©tour nĂ©cessaire. Et si la source est capable de rĂ©alisme, de rencontrer le rĂ©el, c’est parce qu’elle est capable de faire preuve d’imagination par quoi elle tend Ă  construire des mĂ©diations vers lui, pour en rĂ©vĂ©ler la complexitĂ© passionnante. Pourexister dans le monde et dans l’histoire, la conscience de soi performante a besoin d’une substance corporelle humaine en gĂ©nĂ©ral, et non pas de telle ou telle substance corporelle en particulier. L’individualitĂ© personnelle est fondamentalement indĂ©pendante de toute substance corporelle spĂ©cifique.
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SubjectivitĂ© et objectivitĂ© de la conscience - La conscience peut-elle ĂȘtre objective ? - La conscience nous montre-t-elle la rĂ©alitĂ© telle qu'elle est ? a. Conscience et subjectivitĂ© b. La conscience de la rĂ©alitĂ© - Quels sont les obstacles Ă  la prise de conscience de la rĂ©alitĂ© ? 4. La conscience mĂ©diate ou immĂ©diate ? - Dans quelle mesure peut-on affirmer que la conscience n'est pas un donnĂ© mais une tĂąche ? - "Croyant possĂ©der la conscience, les hommes se sont donnĂ© peu de mal pour l'acquĂ©rir." Quel sens donner Ă  cette rĂ©flexion ? - Sommes-nous conscients ou avons-nous Ă  nous rendre conscients ? - Quelle relation la conscience entretient-elle avec ses objets ? - La conscience ne s'exprime-t-elle que dans la nĂ©gation ? - Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi ? - La conscience de soi suppose-t-elle autrui ? - Pour ĂȘtre soi-mĂȘme, faut-il se diffĂ©rencier des autres ? - Les autres nous aident-ils Ă  nous connaĂźtre ou nous en empĂȘchent-ils ? - Puis-je attendre d'autrui qu'il m'apporte une vĂ©ritĂ© sur moi-mĂȘme ? - Suffit-il d'ĂȘtre diffĂ©rent des autres pour ĂȘtre soi-mĂȘme ? a. Conscience et sociĂ©tĂ© - La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la sociĂ©tĂ© Ă  laquelle il appartient ? - Est-on fondĂ© Ă  affirmer l'existence d'une conscience collective ? II. La conscience de soi - Le moi est-il ce qui se cache ou ce qui se manifeste ? - Comment comprendre la notion de vie intĂ©rieure ? - Suis-je dans mon corps "comme un pilote dans son navire" ? - Comment sait-on que quelqu'un est conscient de ce qu'il fait ? - La conscience n'est-elle tournĂ©e que vers elle-mĂȘme ? - "La conscience enferme un refus de soi ; on ne connaĂźt de soi que ce qu'on change." Quelles rĂ©flexions vous suggĂšre cette pensĂ©e d'Alain ? - La question "qui suis-je ?" admet-elle une rĂ©ponse exacte ? - Être conscient de soi est-ce ĂȘtre maĂźtre de soi ? - Pourquoi chercher Ă  se connaĂźtre soi-mĂȘme ? - La conscience immĂ©diate de soi est-elle connaissance de soi ? - "Connais-toi toi-mĂȘme." À quels obstacles se heurte cette exigence ? - Peut-on se connaĂźtre soi-mĂȘme ? - Est-il plus facile de connaĂźtre autrui que de se connaĂźtre soi-mĂȘme ? - Comment puis-je savoir qui je suis ? - Que peut-on savoir de soi ? - L'homme est-il condamnĂ© Ă  se faire des illusions sur lui-mĂȘme ? - La maĂźtrise de soi dĂ©pend-elle de la connaissance de soi ? - Si la connaissance de soi est utopique, devons-nous pour autant y renoncer ? - Est-il vrai de dire que "l'observation directe de soi est loin de suffire pour apprendre Ă  se connaĂźtre " ? - La connaissance de soi peut-elle ĂȘtre sincĂšre ? - La conscience de soi est-elle une connaissance ? b. La conscience vĂ©ridique ou trompeuse ? - La conscience peut-elle ĂȘtre objective ? - La conscience peut-elle nous tromper ? - Suis-je ce que j'ai conscience d'ĂȘtre ? - Suis-je ce que je crois ĂȘtre ? - Toute conscience de soi est-elle une illusion sur soi ? - La conscience est-elle source d'illusions ? - Peut-on se mentir Ă  soi-mĂȘme ? - Le moi s'identifie-t-il Ă  la conscience ? - Peut-on ne pas ĂȘtre soi-mĂȘme? - Suffit-il d'ĂȘtre diffĂ©rent des autres pour ĂȘtre soi-mĂȘme ? - Doit-on apprendre Ă  devenir soi-mĂȘme ? - Suis-je le mieux placĂ© pour savoir ce que je suis ? - L'expression " ĂȘtre soi-mĂȘme " a-t-elle un sens ? - Mon identitĂ© dĂ©pend-elle de ma culture ? - Prendre conscience de soi, est-ce devenir Ă©tranger Ă  soi-mĂȘme ? - Qu'est-ce qu'une personne ? - Y a-t-il continuitĂ© de l'ĂȘtre vivant Ă  la personne ? - Pourquoi dois-je respecter la personne ? - Le respect n'est-il dĂ» qu'Ă  la personne ? - Toutes les personnes ont-elles droit Ă  un Ă©gal respect ? - Respecter l'autre, est-ce respecter en lui la personne humaine ? d. La dimension temporelle de l'identitĂ© - Suis-je ce que mon passĂ© a fait de moi ? - Peut-on dire qu'on change avec le temps ? - Peut-on dire que je change avec le temps ? - Peut-on changer avec le temps ? - Qu'est-ce que rester soi-mĂȘme ? 4. Conscience et libertĂ© - La conscience est-elle source de libertĂ© ou de contrainte ? - Toute prise de conscience est-elle libĂ©ratrice ? III. La conscience morale - Qu'est-ce qui, en moi, me dit ce que je dois faire ? - Quelle origine assignez-vous Ă  la mauvaise conscience ? - La conscience morale est-elle naturelle Ă  l'homme ? - La conscience morale n'est-elle que le rĂ©sultat de l'Ă©ducation ? - Agir selon sa conscience, est-ce agir selon ses valeurs personnelles ? - Écouter la voie de la conscience, est-ce Ă©couter celle de la raison ? - La conscience morale ne provient-elle que de l'Ă©preuve de la faute ? - Sur quoi ma conscience morale fonde-t-elle sa lĂ©gitimitĂ© ? - Peut-on dire que toute conscience est une conscience morale ? - Qu'y a-t-il Ă  reprocher Ă  la bonne conscience ? - Suffit-il d'avoir bonne conscience pour ĂȘtre innocent ? - Etre maĂźtre de soi, est-ce une visĂ©e illusoire ? - Peut-on Ă©chapper aux exigences de la conscience ? - Suffit-il d'avoir bonne conscience pour ĂȘtre innocent ? - La conscience peut-elle ĂȘtre un obstacle pour l'action ? - Peut-on ĂȘtre immoral sans le savoir ? - Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience ? - Suffit-il d'ĂȘtre conscient de ses actes pour en ĂȘtre responsable ? - Pourquoi l'homme peut-il parfois dĂ©sirer l'inconscience ? - La conscience peut-elle ĂȘtre un fardeau ? - Quel sens peut-on donner Ă  l'expression c'est plus fort que moi ? - L'indignation morale dispense-t-elle de l'analyse ? IV. La conscience en rapport aux autres notions du programme - La conscience de ce que nous sommes peut-elle faire obstacle Ă  notre bonheur ?- L'expĂ©rience de l'oeuvre d'art modifie-t-elle la conscience que nous avons du monde ? Date de crĂ©ation 09/12/2005 1701 DerniĂšre modification 08/07/2019 1222 CatĂ©gorie Page lue 22037 fois
1Jaborderai ici quelques aspects de la rencontre entre les philosophes et l’illusion.. La caverne. 2L’un des premiers Ă  Ă©voquer ce problĂšme est Platon exposant dans La RĂ©publique le mythe de la caverne. L’homme qui est sorti de la caverne oĂč il ne percevait que les ombres des objets ne consentira pas volontiers Ă  « revenir Ă  ses anciennes illusions et Ă  vivre Au programme de notre dictionnaire de philosophie la conscience Table des MatiĂšres1 La conscience en philosophie2 DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience 3 Cours sur la notion de conscience4 DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© Dans l'AntiquitĂ©, la conscience n'existait pas seul le “noos”, l'esprit connaissant, avait une valeur. C'est la modernitĂ© philosophique qui a donnĂ© au sujet une conscience. Descartes l'a posĂ©e comme le socle de la connaissance car la conscience a rĂ©sistĂ© au doute mĂ©thodique, elle peut donc servir de fondement sur lequel s'Ă©difierait l'ensemble du savoir cf. La MĂ©taphysique de Descartes. Kant, Hegel, ou encore Sartre reprennent Ă  leur compte cet acquis de la philosophie moderne. DĂ©finitions gĂ©nĂ©rales du concept de conscience – Du latin conscientia connaissance partagĂ©e avec un autre – Sens psychologique connaissance, intuition ou sentiment qu'un sujet possĂšde de lui-mĂȘme, de se Ă©tats et de ses actes – Sens moral capacitĂ© de formuler des jugements moraux, sur le bien et le mal Cours sur la notion de conscience Introduction Conscience » cum scientia latin. La conscience activitĂ© psychique qui fait que je pense le monde et que je me pense moi-mĂȘme. Et ce parce que la conscience est une mise Ă  distance. La conscience est mise Ă  distance De l’homme face au monde De l’homme face Ă  lui-mĂȘme La conscience ce qui fait que je ne suis pas posĂ© dans le monde comme peut l’ĂȘtre un objet mais que je me rapporte au monde, que je le vise, que je m’y projette. Etre conscient, c’est sentir, agir, penser et savoir que je sens, que je pense et que j’agis. L’homme n’est pas posĂ© dans le monde, il s’y rapporte. Par la conscience, le monde devient objet de connaissance et de rĂ©flexion. Etre conscient des actes accomplis et des pensĂ©es Ă©laborĂ©es n’en fournit pas pour autant l’intelligibilitĂ©. De plus, la conscience est une mise Ă  distance de l’homme par rapport Ă  lui-mĂȘme. Elle peut ĂȘtre ce qui lui inflige des expĂ©riences douloureuses ex la conscience morale, la culpabilitĂ©, le remords. Ex Crime et chĂątiment DostoĂŻevski avec le personnage de Raskolnikov aprĂšs le double meurtre de l’usuriĂšre et de sa sƓur. Par la conscience morale, l’homme fait l’épreuve d’actes dans lesquels il a du mal Ă  se reconnaitre. En ce sens, la conscience signifie moins l’accĂšs Ă  une identitĂ© stable, dĂ©finie qu’à une tĂąche Ă  effectuer. ProblĂ©matique En quoi la conscience fait elle la grandeur et la misĂšre de l’homme ? La conscience ce qui permet la connaissance La conscience permet Ă  l’homme de rĂ©pondre de ce qu’il est. Ceci l’élĂšve au-dessus de l’animal. Mais ce phĂ©nomĂšne est aussi ce qui le sĂ©pare de l’immĂ©diatetĂ© et de l’innocence de l’instant. La conscience est donc synonyme de dignitĂ©, elle est ce qui permet Ă  l’homme de penser le monde et de se penser lui-mĂȘme. Mais cette dignitĂ© a un prix, elle est une libĂ©ration qui impose la nĂ©cessitĂ© de devoir rĂ©pondre de ses actes et de les assumer. ParallĂšlement Ă  cela parce qu’elle permet la pensĂ©e, elle est ce qui permet le questionnement philosophique. Si la conscience est ce qui permet le raisonnement philosophique, il semble nĂ©cessaire de s’interroger sur l’origine de cette interrogation. A la question connais-toi toi-mĂȘme », Socrate rĂ©pond je sais que je ne sais rien ». NĂ©gativitĂ© de la connaissance le savoir se pose ici comme la conscience de ne rien savoir. I Descartes La conscience va aboutir comme positivitĂ© fondatrice. Les mĂ©ditations mĂ©taphysiques. Cogito ergo sum » Remise en question des perceptions, des opinions et des jugements. Le doute est un outil, il est mĂ©thodique, radical et systĂ©matique. Il a pour but d’aboutir Ă  la dĂ©couverte d’une vĂ©ritĂ© fondatrice, indubitable et certaine Ă  partir de laquelle la science et la connaissance pourraient ĂȘtre refondĂ©es. On doute du plus simple au plus complexe le plus simple douter des 5 sens plutĂŽt que de douter de chacune de mes perceptions ce qui serait infini, il faut douter de ce qui permet la perception les 5 sens. Cf texte du morceau de cire et de la tour qui semble carrĂ©e et qui en fait est ronde. Les sens sont donc trompeurs. Si les sens sont trompeurs, il est nĂ©cessaire de douter ce qui fonde mes 5 sens le corps. Descartes doute de l’existence de son propre corps. Mais si mes sens sont trompeurs, mes pensĂ©es peuvent aussi l’ĂȘtre doute quant aux vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Comme celles-ci ne procĂšdent pas de l’expĂ©rience et sont dans mon esprit, il faut bien qu’un ĂȘtre les y ait mises. Douter de ces vĂ©ritĂ©s, c’est donc nĂ©cessairement poser l’hypothĂšse de l’existence d’un Dieu qui ne cesserait de me duper. D’oĂč l’hypothĂšse de l’existence d’un malin gĂ©nie. DĂ©but de la conclusion je puis douter de toute mais pour douter il faut que je pense et pour penser il faut que je sois je pense, je suis. DĂšs que je pense et aussi longtemps que je pense, je suis. L’unique certitude qui rĂ©siste au doute je pense donc je suis ». Mais cette vĂ©ritĂ© affirme le fait que j’existe, elle ne me dit pas la nature de ce que je suis. Etre conscient d’exister ne m’informe pas sur l’identitĂ© de cet existant. La conscience peut-elle ĂȘtre objet de connaissance ? II La Conscience est une activitĂ© La conscience une activitĂ© qui accompagne mes reprĂ©sentations Kant Logique intro 1800 Contrairement Ă  Descartes qui dĂ©finit la conscience comme une chose, Kant la prĂ©sente comme une activitĂ©. La conscience est une fonction nĂ©cessaire de la pensĂ©e mais ne me donne pas la connaissance de ce je que je suis. Pour identifier ce moi, il est nĂ©cessaire que le pouvoir d’indentification soit initialement dans la conscience, pouvoir d’identification qui permet d’établir la relation entre sujet et objet. Kant distingue la reprĂ©sentation » de la connaissance », la matiĂšre » de l’ intuition », la sensibilitĂ© », la forme », l’ entendement ». Selon Kant, la connaissance procĂšde de deux sources la sensibilitĂ© et l’entendement sans la sensibilitĂ© l'entendement est vide, sans l’entendement, la sensibilitĂ© est aveugle. cf. La Critique de la Raison Pure SensibilitĂ© facultĂ© par laquelle les objets me sont donnĂ©s rĂ©ceptivitĂ©, sensation. Entendement facultĂ© intellectuellepar laquelle les objets sont pensĂ©s facultĂ© de connaitre. FacultĂ© intellectuelle qui produit les concepts Ă  partir desquels des intuitions sensibles sont reliĂ©es entre elles et ordonnĂ©es car subsumĂ©es. Subsumer » ranger une intuition sensible sous un concept, donc identifier, connaitre. Ex celui qui voit une maison pour la premiĂšre fois simple intuition. Celui qui voit une maison et qui a dĂ©jĂ  dans son entendement le concept de maison en a la reprĂ©sentation. Le je » accompagne toutes mes reprĂ©sentations et les unifie. La conscience, le je » est originaire. Il est ce qui permet cette unification et la conscience de soi procure aux reprĂ©sentations leur cohĂ©rence. Pour que les reprĂ©sentations soient unifiĂ©es, il faut admettre ce pouvoir unificateur comme ce qui permet la connaissance, donc le penser comme originaire. La conscience est donc une activitĂ©, elle est un pouvoir de synthĂšse. Le sujet ne peut prendre conscience de lui-mĂȘme qu’à travers cette activitĂ©. Comme, la conscience de soi ne peut apparaitre que lorsqu’elle se rĂ©alise, elle ne peut pas ĂȘtre une connaissance de soi car elle est ce qui permet la connaissance. La conscience, lorsqu’elle se prend elle-mĂȘme pour objet de pensĂ©e ne peut se penser Ă  vide. Elle se pense Ă  partir des contenus de pensĂ©e qui l’investissent. La conscience prĂ©sente ainsi un caractĂšre paradoxal, elle est ce qui permet la connaissance de l’objet, mais elle ne peut ĂȘtre elle-mĂȘme objet de connaissance. La conscience immĂ©diate et la conscience rĂ©flĂ©chie, la connaissance du monde, la connaissance de soi. La conscience de soi se dĂ©finit comme la possibilitĂ© pour le sujet de prendre pour objet de connaissance ses Ă©tats de conscience la conscience se retourne sur elle-mĂȘme pour penser ses contenus de pensĂ©e. La conscience participe ainsi de deux mouvements La conscience immĂ©diate elle est celle qui accompagne les actes du sujet avoir conscience de quelque chose La conscience rĂ©flĂ©chie celle dans laquelle le sujet se pense lui-mĂȘme comme conscient de quelque chose. Exemple Kant le passage de la simple conscience de soi Charles veut manger » Ă  je veux manger » la conscience de soi Kant Avant il se sentait, maintenant il se pense » Les deux mouvements fonctionnent ensemble toute conscience est toujours conscience de quelque chose et je ne peux prendre conscience de ce que je suis qu’en me regardant au travers des actes accomplis la conscience rĂ©flĂ©chie prĂ©suppose la pensĂ©e immĂ©diate. De la mĂȘme façon, le sujet ne peut avoir conscience de quelque chose que parce qu’il s’y sait prĂ©sent je n’ai conscience du monde que pace que je suis conscient d’y ĂȘtre la conscience immĂ©diate prĂ©suppose la conscience rĂ©flĂ©chie. Elles sont donc inscrites dans une activitĂ©, dans un mouvement, donc dans une temporalitĂ© qui entrelace la conscience immĂ©diate et celle rĂ©flĂ©chie sans pour autant les faire coĂŻncider. Cette absence de coĂŻncidence avec soi clairement chez Bergson. Cette non coĂŻncidence apparait avec la notion de durĂ©e. Le mouvement effectuĂ© inscrit la conscience dans la durĂ©e. La conscience Ă©tablit une relation entre le passĂ©, le prĂ©sent et l’avenir. III La conscience et la temporalitĂ© Texte de Bergson l’énergie spirituelle La conscience est conservation du passĂ©. La conscience est mouvement vers l’avenir. Donc la conscience est un lien entre le passĂ© et l’avenir car c’est le rapport Ă  la mĂ©moire et au projet qui caractĂ©rise la conscience. Bergson lie le savoir Ă  la mĂ©moire et Ă  l’anticipation. La mĂ©moire est une fonction du passĂ©. La conscience est attention portĂ©e au prĂ©sent. Elle est donc fondamentalement pratique. La conscience chez Bergson est une chose concrĂšte, c’est-Ă -dire une rĂ©alitĂ© dont nous faisons l’expĂ©rience Ă  chaque instant. Elle apparait d’autant plus clairement qu’elle se rĂ©alise Ă  chaque rapport au monde car elle accompagne chacune de nos perceptions et chacun de nos actes. La conscience se caractĂ©rise par la mĂ©moire une conscience sans mĂ©moire serait une conscience inconsciente », une conscience sans conscience d’elle-mĂȘme une conscience qui ne pourrait jamais rien identifier et serait ainsi confrontĂ©e Ă  un perpĂ©tuel inconnu. Or la conscience est le lieu dans lequel les Ă©vĂ©nements s’impriment. Elle se dĂ©finit d’abord par la perception des objets qui nous environnent et cette perception implique la mĂ©moire percevoir, c’est se souvenir » Bergson Etre conscient », signifie ĂȘtre capable d’effectuer le lien entre un Ă©vĂ©nement prĂ©sent et un Ă©vĂ©nement passĂ© afin que celui prĂ©sent puisse ĂȘtre identifiĂ©, reconnu et que je puisse agir dans le monde et donc y vivre. La conscience est aussi tension vers l’avenir, anticipation car agir dans le prĂ©sent signifie nĂ©cessairement s’engager dans ce que ce prĂ©sent va devenir. Si la conscience rapporte l’évĂ©nement prĂ©sent Ă  celui passĂ© pour pouvoir identifier celui prĂ©sent, si la conscience est relation Ă  l’évĂ©nement prĂ©sent Ă  partir de l’avenir qu’il annonce, quelle relation la conscience peut-elle avoir avec le prĂ©sent ? Si la conscience est en relation avec ce qui nest plus le passĂ©, et ce qui n’est pas encore l’avenir quelle relation a-t-elle avec ce qui est l’instant prĂ©sent ? L’instant prĂ©sent est par nature fugace, fugitif commencer Ă  percevoir l’instant prĂ©sent signifie qu’il n’est dĂ©jĂ  plus du prĂ©sent mais dĂ©jĂ  du passĂ© car la pensĂ©e s’y applique l’instant est alors dĂ©jĂ  un souvenir. De la mĂȘme façon, anticiper le prĂ©sent est impossible. L’instant n’existe pas dĂšs qu’il apparait, il n’est dĂ©jĂ  plusil est dĂ©jĂ  du passĂ©, aussi longtemps qu’il est attendu, il n’est pas c’est de l’avenir. DĂšs lors, le prĂ©sent n’est qu’une durĂ©e participĂ©e par le passĂ© immĂ©diat et l’avenir imminent. Le prĂ©sent, c’est quelque chose qui dure. LĂ  oĂč Descartes voyait la conscience comme une chose qui pense, Bergson voit une chose qui dure, qui s’écoule. Pour Bergson, la conscience est progrĂšs et son inspiration dans la durĂ©e fait que l’homme est ce qu’il fait et fait ce qu’il est. Si la conscience est happĂ©e par le passĂ© et tendue vers l’avenir, la conscience est mouvement, visĂ©e. IV Toute conscience est conscience de quelque chose » Husserl. Tout cogito porte en lui son cogitatum auquel elle se relie et dont il se distingue. La conscience est toujours relation avec autre chose qu’elle-mĂȘme. Il y a toujours une distance entre la conscience et l’objet qu’elle vise. MĂȘme lorsque la conscience prend pour objet de pensĂ©e ses contenus de pensĂ©e ex ses souvenirs 
 elle ne parvient pas Ă  les penser tels qu’ils Ă©taient au passĂ© parce qu’elle ne peut les apprĂ©hender que relativement au prĂ©sent dans lequel elle est. La conscience est projet, visĂ©e du monde, elle est intentionnalitĂ© ». IntentionnalitĂ© visĂ©e, projection vers le monde. La conscience n’est plus lue comme une intĂ©rioritĂ© close sur elle-mĂȘme, elle est visĂ©e, projection. Avant d’ĂȘtre rĂ©flexive, retour sur elle-mĂȘme, la conscience est initialement relation au monde en tant que je suis un ĂȘtre qui dĂ©sire, qui agit et qui anticipe. Parce qu’elle s’anticipe, la conscience est donc toujours dĂ©jĂ  au-delĂ  d’elle-mĂȘme, elle est visĂ©e d’un ailleurs pour orienter son agir dans le monde. La conscience est donc donatrice de sens, de signification. La signification n’est pas dans la chose, c’est la conscience qui donne leur sens aux choses qu’elle vise et qu’elle perçoit. Mais si la conscience est donatrice de sens, si elle ne se rĂšgle plus sur l’objet pour le connaĂźtre mais fournit un sens Ă  l’objet, alors la conscience ne peut plus ĂȘtre pensĂ©e comme le lieu d’une vĂ©ritĂ© unique, absolue. Il apparait alors lĂ©gitime de se poser la question suivante penser la conscience comme prĂ©valant sur la conscience, est-ce une vĂ©ritĂ© ou une simple interprĂ©tation ? V La mise ne doute de la suprĂ©matie de la conscience sur le corps. Texte de Nietzsche Aurore » 1880 La conscience n’est que le simple Ă©cho du corps qui la porte au monde. Plus que cela, ne serait-ce pas une simple interprĂ©tation que l’on aurait posĂ©e comme vĂ©ritĂ© pour des raisons morales, pratiques ? Si la conscience est donatrice de sens, penser la conscience comme supĂ©rieure au corps, n’est-ce pas une simple interprĂ©tation plutĂŽt qu’une vĂ©ritĂ©, une croyance et non un Ă©tat de fait ? Avec le cogito, Descartes avait signalĂ© la sĂ©paration de l’ñme et du corps. Cependant, Descartes, affirmant par la suite que je ne suis seulement logĂ© dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire », il finit par rĂ©unir l’ñme et le corps car l’expĂ©rience de la faim et de la douleur physique montre que le corps peut troubler la pensĂ©e. Et cette rĂ©union n’est pas sans consĂ©quences car elle conduit nĂ©cessairement Ă  s’interroger sur l’influence du corps sur la conscience et de la conscience sur le corps. Cette interrogation est fondamentale dans l’Ɠuvre de Nietzsche. La conscience selon Nietzsche Traditionnellement, la mĂ©taphysique et la philosophie ont toujours pensĂ© la conscience comme ontologiquement supĂ©rieure au corps. Ceci n’est qu’un postulat avancĂ© pour des raisons pratiques et morales elles servent Ă  responsabiliser l’homme quant Ă  ce qu’il est et ce qu’il fait, Ă  le rendre coupable et justifie ainsi le chĂątiment
. Avant cela, la mĂ©taphysique avait dĂ©jĂ  posĂ© tout ce qui est immatĂ©riel comme ontologiquement supĂ©rieur au sensible l’ñme, l’esprit, la conscience sont donc valorisĂ©s et le corps, le sensible dĂ©prĂ©ciĂ©. Nietzsche opĂšre un reversement de cette hiĂ©rarchie il pose la conscience comme dĂ©rivative du corps la conscience est une Ă©volution derniĂšre et tardive du systĂšme organique ». Selon Nietzsche, le corps est premier, il est pluralitĂ© de forces, de pulsions qui luttent les unes contre les autres, les unes avec les autres. Ces forces constituent ce que Nietzsche appelle la volontĂ© de puissance » force qui cherche son propre accroissement, qui est toujours en devenir
 Le Moi est donc multiple et l’individu vit une pluralitĂ© de sensations, d’identitĂ©s, de rĂŽles. RĂ©duire la conscience Ă  une unitĂ©, c’est vouloir enfermer l’homme dans une identitĂ© unique, c’est vouloir le rĂ©duire Ă  un seul rĂŽle et ce rĂŽle est dĂ©fini par la philosophie comme celui de l’ animal rationnel ». Or, selon Nietzsche Tout acte de volontĂ© comporte premiĂšrement une pluralitĂ© de sentiments ». L’unitĂ© du je pense » n’est donc qu’un prĂ©jugĂ©, une illusion de la grammaire qui laisse croire que le je » dĂ©cide de la pensĂ©e alors qu’en fait le je » n’est que la consĂ©quence d’une multitude de luttes continuelles entre les diffĂ©rentes forces qui animent le corps. L’unitĂ© de la conscience est donc une illusion pratique car face Ă  la pluralitĂ© du monde, il est rassurant de se penser comme une unitĂ© plutĂŽt que de se penser comme pris dans un devenir permanent et donc d’ĂȘtre toujours autre Ă  soi-mĂȘme. PremiĂšre illusion de la conscience la conscience se pose comme cause d’elle-mĂȘme, elle se croit substance et se pense comme Ă©tant Ă  l’origine de ses pensĂ©es. Or, la conscience n’est pas ce qui donne des ordres mais qui ne fait qu’obĂ©ir Ă  ce que le corps impose les pensĂ©es viennent Ă  moi quand elles le veulent et non quand je le dĂ©cide ». La conscience n’est que le simple Ă©cho du corps. La conscience n’a accĂšs qu’à la surface des que l’on connait les raisons qui nous font agir, c’est en fait se mĂ©prendre car ces raisons fondamentales sont en profondeur et Ă©chappent Ă  la surface. La croyance en l’ego n’est donc qu’une illusion, le Moi rationnel n’est qu’un mythe, une fiction mĂ©taphysique et la souverainetĂ© de la conscience sur le corps, un fantasme. On peut alors comprendre le sens du cogito brisĂ© » chez Ricoeur le moi n’est pas transparent Ă  lui-mĂȘme. Le Moi n’est pas une identitĂ© qui est donnĂ©e de façon dĂ©finitive au dĂ©part, une fois pour toutes ; mais une identitĂ© qui ne cesse de se construire au fur et Ă  mesure ce qu'il nomme identitĂ© narrative. La conscience se manifeste ainsi par une certaine opacitĂ© Ă  elle-mĂȘme. Conclusion La conscience se dĂ©finit, certes, par son activitĂ© quant Ă  la connaissance, mais aussi par ses lacunes, ses errances, son opacitĂ©. En approchant l’homme relativement Ă  cette opacitĂ© de la conscience, force est de constater que celle-ci n’est pas transparente Ă  elle-mĂȘme. Il y a en elle des choses qui lui Ă©chappent et qui signalent que par-delĂ  ce que la conscience affirme d’autres choses se disent. Penser la conscience signifie donc aussi penser ce qu’elle ne maĂźtrise pas au sein du psychisme et qui peut la remettre en question quant Ă  son autoritĂ©. Cette remise en question passera par Nietzsche par la volontĂ© de puissance, par Marx dans le domaine social pour aboutir au thĂšme de l’inconscient chez Freud, inconscient qui induira ce constat fatal Le Moi n’est pas maĂźtre en sa propre maison » DĂ©finitions particuliĂšres de philosophes sur la conscience / la subjectivitĂ© – Descartes “Ma propre pensĂ©e ou conscience” Discours de la mĂ©thode – Rousseau “Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et cĂ©leste voix guide assurĂ© d'un ĂȘtre ignorant et bornĂ©, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable Ă  Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralitĂ© de ses actions” Emile ou de l'Education – Kant “La conscience est une reprĂ©sentation qu'une autre reprĂ©sentation est en moi” Critique de la raison pure – Kant “La conscience est la raison pratique reprĂ©sentant Ă  l'homme son devoir pour l'acquitter ou le condamner en chacun des cas oĂč s'applique la loi” Critique de la raison pratique – Hegel “L'homme est un ĂȘtre douĂ© de conscience et qui pense, c'est-Ă -dire que, de ce qu'il est, quelle que soit sa façon d'ĂȘtre, il fait un ĂȘtre pour soi” PhĂ©nomĂ©nologie de l'Esprit – Bergson “La conscience est la puissance de choix” L'Evolution CrĂ©atrice – Alain “La conscience est le savoir revenant sur lui-mĂȘme” DĂ©finitions – Sartre “La conscience est le refus d'ĂȘtre substance” L'Etre et le NĂ©ant – Rabelais “Science sans conscience n'est que ruine de l'Ăąme” Panagruel – Dante “Pourvu que ma conscience ne me fasse pas de reproches, je suis prĂȘt Ă  subir la volontĂ© de la fortune” La Divine ComĂ©die
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Sil est un fait pourtant dont la constatation est univer­selle, c'est l'existence en chaque ĂȘtre humain d'une dualitĂ© opposĂ©e de tendances, comme s'il y avait rĂ©ellement en chacun deux natures diffĂ©rentes, Ă©troitement associĂ©es, mais orientĂ©es dans des directions contraires : d'une part donc des tendances centripĂštes, poussant chaque homme vers la
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Semoquer de la philosophie c'est vraiment philosopher (PensĂ©es) Parce que la philosophie est une entreprise critique pour laquelle rien ne va de soi, elle peut se mettre aussi elle-mĂȘme en cause. Elle est mĂȘme la seule discipline qui se prenne elle-mĂȘme pour objet. VĂ©ritĂ© en deçà des PyrĂ©nĂ©es, erreur au delĂ .
Objectif L’élĂšve sera capable de dĂ©terminer les rapports de la conscience et de l’inconscient dans le comportement de l’individu. GrĂące Ă  la conscience, l’homme parvient Ă  se dĂ©tacher du monde Ă  la diffĂ©rence de l’animal. Par elle, non seulement il entre en relation avec le monde et les autres mais encore il se saisit comme le sujet des actes qu’il pose. Ainsi, l’homme semble avoir une claire luciditĂ© de ce qu’il est et fait. Mais tous les actes que l’homme pose sont-ils toujours guidĂ©s et Ă©clairĂ©s par la conscience ? Le sujet humain est-il toujours maĂźtre et possesseur de lui-mĂȘme ? Il ne le semble pas comme l’atteste l’hypothĂšse freudienne de l’inconscient de sorte que beaucoup de choses lui Ă©chappent. Pour Freud en effet, l’essentiel de la vie psychique de l’homme est constituĂ© et dĂ©terminĂ© par l’inconscient. Cependant, si on accepte cette thĂ©orie freudienne, peut-on encore maintenir l’idĂ©e d’un sujet libre et responsable de ses actes ? I- LA CONSCIENCE 1- Qu’est-ce que la conscience ? a Conscience psychologique et conscience morale Le mot conscience vient du latin cum scientia » qui signifie accompagnĂ© de savoir ». Etre conscient en ce sens, c’est agir, sentir ou penser et savoir qu’on agit, qu’on sent ou pense. On peut alors dĂ©finir la conscience comme l’intuition c’est-Ă -dire la connaissance immĂ©diate qu’a un sujet de son activitĂ© psychique, de ses actes, du monde et de lui-mĂȘme, autrement de ce qui se passe en lui et en dehors de lui. Il s’agit lĂ  de la conscience psychologique qu’on divise en conscience spontanĂ©e et en conscience rĂ©flĂ©chie. La conscience spontanĂ©e est l’impression premiĂšre qui accompagne tous les actes du sujet et par laquelle ces actes sont simplement Ă©prouvĂ©s. Autrement, il y a conscience spontanĂ©e lorsque la conscience se porte vers l’objet auquel on fait attention Ă  un moment particulier si j’ai faim et je dis j’ai faim », cela montre que je fais attention Ă  ma sensation de faim et que j’en ai ainsi conscience. La conscience spontanĂ©e est la simple prĂ©sence du sujet Ă  lui-mĂȘme, le simple sentiment de soi ». La conscience rĂ©flĂ©chie est le retour critique du sujet sur ce qu’il pense, ce qu’il vit, sent ou fait pour l’analyser. Le sujet a ici conscience d’ĂȘtre conscient ; il porte l’attention sur l’état de conscience lui-mĂȘme, c’est-Ă -dire sur ce qui se passe en lui. Il convient par ailleurs de distinguer la conscience psychologique de la conscience morale. Celle-ci est la propriĂ©tĂ© qu’a l’esprit de porter spontanĂ©ment des jugements de valeur, c’est-Ă -dire de distinguer ce qu’il convient ou non de faire. C’est par elle que nous avons une idĂ©e du bien et du mal. La conscience morale, c’est ce qui permet Ă  l’homme d’approuver ou de rejeter une situation ou un acte ; c’est elle qui lui permet face Ă  une situation qu’il a trouvĂ©e rĂ©voltante de s’en indigner et de s’y opposer. C’est aussi elle qui explique le sentiment de faute et les remords qu’on a par exemple quand on a mauvaise conscience ; ou a contrario elle donne une haute estime de soi lorsqu’on a bonne conscience. La conscience morale, c’est cette voix intĂ©rieure qui nous dĂ©tourne de mal agir et nous incite Ă  bien agir. Elle est la condition de la libertĂ© et de la responsabilitĂ© insĂ©parables de l’action morale ; autrement, c’est parce que l’homme possĂšde la conscience qu’il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un sujet libre et responsable de ses actes, donc comme un sujet moral. Dire de l’homme qu’il est libre suppose qu’il est capable, avant d’agir, d’opĂ©rer un choix en toute connaissance de cause, en toute conscience ; et c’est parce qu’il est capable d’un tel choix conscient qu’il peut ĂȘtre tenu pour responsable des actes qu’il pose pour celui qui en rĂ©pond, qui les assume comme siens. Alain 1868-1951 en s’appuyant sur la conception courante qu’on se fait de la conscience, va contester la distinction que nous avons faite entre conscience psychologique et conscience morale. Pour lui la conscience, opposition de soi Ă  soi, retour du savoir sur lui-mĂȘme, est toujours implicitement morale car elle est dĂ©cision de penser. Pour Alain ce qu’on appelle conscience spontanĂ©e n’est pas vĂ©ritablement une conscience humaine puisque l’animal en est aussi pourvu. La conscience humaine se reconnaĂźt plutĂŽt dans la capacitĂ© qu’a le sujet humain de revenir sur lui-mĂȘme comme c’est le cas dans la conscience rĂ©flĂ©chie. Dans la conscience rĂ©flĂ©chie, le sujet prend de la distance par rapport Ă  ce qu’il a fait pour pouvoir l’apprĂ©cier, le juger ; c’est en cela que la conscience est opposition de soi Ă  soi. Or, dans la conscience morale, le sujet revient Ă©galement sur ce qu’il a dĂ©jĂ  posĂ© comme acte pour y porter des jugements de valeur. S’il en est ainsi, toute conscience humaine se ramĂšne en dĂ©finitive Ă  la conscience morale. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir du 17e siĂšcle avec Descartes 1596-1650 que le mot conscience auquel Ă©tait attachĂ© un sens moral comme dans le langage courant, va prendre une autre signification. b Le cogito cartĂ©sien Avec Descartes, le sujet pensant devient ce Ă  partir de quoi s’ordonne la vĂ©ritĂ© et s’organise le savoir. Cela signifie qu’aucune connaissance du monde des objets n’est possible que pour un sujet qui pense et se saisit d’abord comme pensĂ©e c’est-Ă -dire pour une conscience. Sa dĂ©marche est fondĂ©e sur le doute mĂ©thodique qui est un procĂ©dĂ© consistant Ă  remettre, par Ă©tape, en question tout ce qu’on a admis antĂ©rieurement afin d’établir la vĂ©ritĂ© sur des bases solides. Descartes va ainsi douter de tout de telle sorte que, si une chose rĂ©siste au doute, il la considĂšre comme vraie. Il dĂ©cide donc de douter des sens qui sont trompeurs, des sciences qui comportent des erreurs et de tout ce qui lui vient Ă  l’esprit. Il imagine mĂȘme un malin gĂ©nie » qui s’acharne Ă  le tromper. Mais Ă  la fin, il constate qu’il y a une chose qui rĂ©siste au doute et aux machinations du malin gĂ©nie » le fait mĂȘme de douter qu’il doute, l’évidence de la pensĂ©e en acte rĂ©vĂ©lant du mĂȘme coup son existence. C’est ce qui va lui permettre d’affirmer je pense, donc je suis ». Chez Descartes, la conscience se ramĂšne Ă  la fonction de penser que chacun peut dĂ©couvrir par sa propre rĂ©flexion. Une telle pensĂ©e Ă  l’oeuvre est toujours accompagnĂ©e du savoir de celui qui pense autrement, quand on pense, quand quelque chose se passe en soi, on en est nĂ©cessairement conscient. Cela implique que la conscience de soi est en mĂȘme temps une connaissance de soi l’individu est transparent Ă  lui-mĂȘme non seulement parce qu’il pense mais encore parce qu’il a conscience de penser. Cette certitude amĂšne Descartes Ă  faire du sujet une chose pensante » ou une substance pensante » radicalement diffĂ©rente du corps – quoique intimement unie Ă  ce dernier. Il introduit ainsi une dualitĂ© entre le corps et l’ñme c’est-Ă -dire la conscience et l’homme ne se dĂ©finit que par sa conscience, n’existe que dans la mesure oĂč il est conscient de son existence pensante. c Conscience de soi et connaissance de soi La conception cartĂ©sienne de la conscience ramĂšne celle-ci Ă  une intĂ©rioritĂ© propre Ă  l’homme. C’est grĂące Ă  une telle intĂ©rioritĂ© que je sais mieux que quiconque du moins j’en ai l’impression, ce que je pense ou ressens. C’est en cela aussi que je me reconnais comme un sujet unique et que je fais l’expĂ©rience de ma solitude radicale. En rĂ©alitĂ©, je ne prends conscience de moi qu’à partir des autres c’est grĂące Ă  eux que je me dĂ©couvre comme un sujet singulier, que j’ai conscience de moi. Mais avoir conscience de soi signifie-t-il avoir une connaissance de soi ? Si l’on en croit Malebranche 1638-1715, le sentiment intĂ©rieur que j’ai de moi-mĂȘme m’apprend seulement que je suis» ; il ne me montre pas ce que je suis. Le cogito exprime mon existence et non mon essence. D’ailleurs, le fait de vivre sur le mode de la premiĂšre personne n’implique pas selon Kant, que la conscience soit synonyme d’intĂ©rioritĂ©. La conscience de soi n’est pas possible sans les choses extĂ©rieures au moi. Elle n’est pas une entitĂ© intĂ©rieure c’est-Ă -dire une substance au sens cartĂ©sien mais ce qui permet Ă  l’homme d’unifier toutes ses reprĂ©sentations ; autrement ce qui lui permet de se distinguer du monde extĂ©rieur en rapportant tout Ă  lui-mĂȘme. Chez Kant, la conscience n’est plus une substance comme chez Descartes, mais une activitĂ© ayant une fonction unificatrice. 2- Les fonctions de la conscience a La conscience comme sĂ©lection On prend gĂ©nĂ©ralement conscience des situations qui exigent un choix. Ainsi dans une tĂąche oĂč elle est sollicitĂ©e, la conscience n’évoque que les souvenirs utiles Ă  l’accomplissement de cette tĂąche. La conscience est alors attention Ă  l’action et c’est pourquoi Henri Bergson 1859-1941 affirme que toute conscience signifie choix ». On peut donc dire que la fonction premiĂšre de la conscience est l’adaptation de notre organisme au rĂ©el. b La conscience comme synthĂšse La conscience ne se contente pas de choisir les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă  l’action elle les organise par une activitĂ© de synthĂšse. On distingue ainsi – une synthĂšse temporelle par laquelle, la conscience qui n’est pas figĂ©e dans l’instant prĂ©sent, unifie le passĂ© au prĂ©sent en se tendant vers l’avenir. C’est en ce sens que Bergson dit qu’elle est un pont jetĂ© entre le passĂ© et l’avenir ; – une synthĂšse perceptive par laquelle, la conscience rassemble et organise les donnĂ©es de la perception ; – une synthĂšse personnelle par laquelle la conscience unifie tous ses Ă©tats en les rapportant au moi. C’est grĂące Ă  une telle synthĂšse que l’identitĂ© personnelle est saisie malgrĂ© les changements qui affectent le corps et mĂȘme le psychisme. Au total, dire que la conscience est synthĂšse, c’est dire qu’elle n’est pas une simple donnĂ©e intĂ©rieure mais qu’elle est une activitĂ© tournĂ©e vers l’extĂ©rieur. C’est en ce sens que la conçoit Edmund Husserl 1859-1939. c La conscience comme intentionnalitĂ© Tout comme pour Kant, pour Husserl la conscience ne se dĂ©finit pas par l’intĂ©rioritĂ©, mais par son rapport au monde. La conscience est toujours visĂ©e de quelque chose, orientation vers l’extĂ©rieur ; on ne peut ainsi penser la conscience si on lui retire son objet. C’est en ce sens que Husserl affirme que toute conscience est conscience de quelque chose ». Tout cogito sujet pensant porte en lui son cogitatum objet pensĂ© auquel il se rapporte et se distingue. Mon enfance par exemple, dont je me rappelle Ă  l’instant est bien la mienne ; elle n’est pourtant pas totalement moi qui m’y rapporte en ce moment oĂč j’y pense. Husserl dira que la conscience est intentionnalitĂ©, c’est-Ă -dire qu’il existe une distance irrĂ©ductible entre le sujet et l’objet qu’il vise, mĂȘme si cet objet est le sujet lui-mĂȘme. En d’autres termes, la conscience ne coĂŻncide jamais avec elle-mĂȘme ; elle est fondamentalement ouverture au passĂ© ou au futur. Ainsi, avant d’ĂȘtre instrument d’une connaissance, la conscience est donatrice de sens. En effet, la conscience fait exister le monde pour nous, elle impose et dĂ©veloppe tout un rĂ©seau de significations autour de nous orientant notre perception du monde. Au total, par la conscience, non seulement l’homme parvient Ă  se saisir comme sujet mais encore Ă  se rendre familier le monde qu’il transforme pour lui confĂ©rer une signification humaine. Elle apparaĂźt ainsi comme le guide qui Ă©claire les actions humaines. Mais elle n’est pas un guide infaillible car elle ne dĂ©tient pas toute la vĂ©ritĂ© sur le sens de ses actes. C’est en ce sens que Nietzsche 1844-1900 affirme que nul n’est plus que soi-mĂȘme Ă©tranger Ă  soi-mĂȘme ». C’est que selon Spinoza 1632-1677 la conscience est fortement dĂ©terminĂ©e par l’état de notre corps de sorte que sa puissance en dĂ©pend. Karl Marx 1818-1883 lui, soutiendra que la conscience humaine n’a pas de rĂ©alitĂ© en dehors de la sociĂ©tĂ©. C’est surtout Freud qui va Ă©branler la conception traditionnelle de la conscience avec sa thĂ©orie de l’inconscient. II- L’INCONSCIENT Dans la conception traditionnelle, l’homme est dĂ©fini par la pensĂ©e consciente c’est-Ă -dire par une activitĂ© psychique oĂč le sujet est censĂ© avoir un contrĂŽle absolu de sa pensĂ©e et de sa conduite. A partir de Freud, une telle conception sera remise en cause. Pour lui, la rĂ©alitĂ© profonde de l’activitĂ© psychique est ignorĂ©e du sujet car relevant de l’inconscient ; cet inconscient constitue mĂȘme l’essentiel de la vie psychique et dĂ©termine l’homme de part en part. Cependant, que deviennent la libertĂ© et la responsabilitĂ© de l’homme s’il est dĂ©terminĂ© par l’inconscient ? N’est-ce pas parce qu’il est considĂ©rĂ© comme un ĂȘtre conscient et libre qu’on peut le tenir pour responsable de ses actes ? L’inconscient n’est-il pas alors invoquĂ© pour fuir ses responsabilitĂ©s ? 1- L’inconscient avant Freud Le mot inconscient est habituellement utilisĂ© comme l’adjectif venant d’inconscience. En tant que tel il qualifie au sens psychologique, un ĂȘtre dĂ©pourvu de conscience par nature le caillou par exemple ou momentanĂ©ment sous l’effet de l’anesthĂ©sie par exemple et au sens moral, une personne non consciente des consĂ©quences de ses actes l’enfant, le fou ou qui se conduit de façon irresponsable et insouciante en s’écartant des rĂšgles Ă©tablies par la sociĂ©tĂ© un pĂšre de famille inconscient. Dans la perspective freudienne cependant, l’inconscient est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ© comme un substantif un nom. Il dĂ©signe alors un domaine psychique particulier contenant des reprĂ©sentations pensĂ©es, images, souvenirs refoulĂ©es, c’est-Ă -dire repoussĂ©es de la conscience. Ces reprĂ©sentations sont rĂ©gies par des mĂ©canismes propres qui se caractĂ©risent par l’indiffĂ©rence Ă  la rĂ©alitĂ©. L’inconscient ignore en effet le doute, la contradiction ou l’interdiction. On peut se rendre compte de cette indiffĂ©rence Ă  la logique de la rĂ©alitĂ© dans les rĂȘves qui paraissent dĂ©cousus, incohĂ©rents ou absurdes. En tant qu’adjectif dans cette perspective, l’inconscient renvoie Ă  ce qui Ă©chappe Ă  la conscience tout en Ă©tant quelque chose que celle-ci peut connaĂźtre un dĂ©sir inconscient par exemple. MĂȘme si c’est avec Freud que l’inconscient acquiert le statut de concept, certains philosophes avant lui en eurent l’intuition. Ainsi, alors que Descartes, identifiant conscience et pensĂ©e, ne reconnaissait pas l’existence de l’inconscient psychique, Leibniz 1646-1716 admettait l’existence de petites perceptions inconscientes, c’est-Ă -dire des changements de l’ñme dont nous ne nous apercevons pas ». De mĂȘme Bergson, identifiait l’inconscient Ă  l’oubli par lequel les perceptions et les souvenirs qui ne sont pas utiles Ă  l’action sont chassĂ©es de la conscience. Dans tous les cas pour ces philosophes, la conscience demeure l’instance privilĂ©giĂ©e, l’inconscient n’est considĂ©rĂ© que comme ce qui n’est pas encore conscient ou ce qui ne l’est plus. Seul Nietzsche 1844-1900 soutiendra l’existence d’une pensĂ©e inconsciente mettant en question la prĂ©tention du sujet Ă  maĂźtriser grĂące Ă  la conscience, ses pensĂ©es et ses sentiments. Une pensĂ©e, Ă©crit-il Ă  ce sujet, ne vient que quand elle veut, et non quand c’est moi qui veux ». 2- Le psychisme humain selon Freud a Les deux topiques Dans une premiĂšre Ă©laboration de la thĂ©orie de l’inconscient dite premiĂšre topique, Freud propose de comprendre le psychisme comme la coexistence de trois instances fonctionnelles – le conscient situĂ© Ă  la pĂ©riphĂ©rie du psychisme qui reçoit les informations du monde intĂ©rieur et extĂ©rieur pour les organiser dans l’intĂ©rĂȘt du sujet ; – le prĂ©conscient dont les reprĂ©sentations ne sont pas en permanence dans la conscience mais ont toujours la possibilitĂ© d’y entrer ; le prĂ©conscient est situĂ© entre le conscient et l’inconscient ; – l’inconscient qui est constituĂ© de pulsions qui sont des forces anarchiques orientant l’organisme vers la rĂ©duction d’une tension faim, agressivitĂ©, libido. De lui-mĂȘme, l’inconscient est incapable de revenir Ă  la conscience parce qu’une rĂ©sistance s’y oppose. La rĂ©sistance est due Ă  la censure qui interdit aux dĂ©sirs jugĂ©s inacceptables par la conscience morale de se manifester. La censure provoque ainsi un refoulement qui est une opĂ©ration repoussant et maintenant hors de la conscience les reprĂ©sentations liĂ©es Ă  une pulsion dont la satisfaction n’est pas compatible avec les exigences morales reçues de l’éducation. Dans une seconde topique, Freud prĂ©sentera le psychisme comme le lieu d’un conflit permanent et constituĂ© de trois instances – Le Ça, totalement inconscient, est le rĂ©servoir des pulsions et des dĂ©sirs. Il est rĂ©gi par le principe de plaisir qui pousse le sujet Ă  satisfaire ses pulsions et Ă  supprimer toute excitation pĂ©nible ; – Le Moi qui inclut la conscience, cherche Ă  satisfaire les pulsions du Ça tout en tenant compte des conditions imposĂ©es par le monde extĂ©rieur. Il est rĂ©gi par le principe de rĂ©alitĂ© qui le pousse en raison des dangers qu’entraĂźnerait la satisfaction des pulsions et au regard de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure, Ă  rĂ©soudre les conflits qui l’opposent au Ça et au Surmoi ; – Le Surmoi qui est formĂ© par l’intĂ©riorisation des exigences sociales est la conscience morale, le juge du Moi. En somme, chez Freud, l’inconscient n’est pas simplement le non conscient ; il dĂ©signe une rĂ©alitĂ© positive et dynamique. C’est d’ailleurs parce que l’inconscient est dynamique, c’est-Ă -dire qu’il produit des effets qui se manifestent, que Freud a Ă©tĂ© conduit Ă  en construire l’hypothĂšse. Cette hypothĂšse s’est avĂ©rĂ©e fĂ©conde car sans elle, les donnĂ©es de la conscience qui sont extrĂȘmement lacunaires, demeureraient incomprĂ©hensibles. b Les manifestations de l’inconscient Il se passe en nous dans la vie quotidienne, des choses dont la signification nous Ă©chappe nous amenant Ă  dire souvent ça me dĂ©passe, c’est plus fort que moi ». Ce sont lĂ  des symptĂŽmes de l’inconscient qui ne se manifeste qu’en se dĂ©guisant. Si l’inconscient se manifeste ainsi tout en se voilant, c’est parce qu’il est de nature conflictuelle. Ces manifestations sont essentiellement les rĂȘves, les actes manquĂ©s et les conduites nĂ©vro-psychotiques. – Le rĂȘve Le rĂȘve est, selon Freud, la voie royale qui mĂšne Ă  la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique ». Le rĂȘve rĂ©sulte en effet d’un travail d’élaboration au terme duquel les dĂ©sirs refoulĂ©s parviennent Ă  s’exprimer mais tout en se dĂ©guisant pour dĂ©jouer la censure morale et pour ĂȘtre acceptĂ©s par la conscience. En d’autres termes, le rĂȘve est la satisfaction inconsciente et dĂ©guisĂ©e d’un dĂ©sir refoulĂ© ». Le rĂȘve possĂšde ainsi un contenu latent c’est-Ă -dire cachĂ©, qui est la source du rĂȘve et un contenu manifeste exprimant de maniĂšre symbolique c’est-Ă -dire plus ou moins voilĂ©e le contenu latent. En interprĂ©tant le rĂȘve on peut retrouver les pulsions qui en sont la cause. – Les actes manquĂ©s Ce sont des actes dans lesquels le rĂ©sultat visĂ© consciemment n’est pas atteint et se trouve remplacĂ© par un autre de façon inattendue. On y distingue les lapsus de parole dire un mot pour un autre, les ratĂ©s de mĂ©moire oublier un nom ou un rendez-vous, les maladresses de l’action renverser un objet. Ce sont des conduites qu’on rĂ©ussit habituellement et dont l’échec semble dĂ» Ă  l’inattention ou au hasard. Mais Freud montre que ces actes ne sont ni insignifiants ni nĂ©gligeables. En rĂ©alitĂ©, l’inconscient profite d’une circonstance favorable pour se manifester en contournant le barrage que fait habituellement la censure. Par exemple le PrĂ©sident d’une AssemblĂ©e ouvrant la sĂ©ance du jour en dĂ©clarant je dĂ©clare la sĂ©ance close » manifeste ainsi son ennui inconscient. – Les conduites nĂ©vro-psychotiques Alors que le rĂȘve et les actes manquĂ©s sont pour la plupart des symptĂŽmes bĂ©nins, il existe d’autres manifestations de l’inconscient qui sont de vĂ©ritables maladies psychiques la nĂ©vrose et la psychose. La nĂ©vrose est une maladie psychique chronique n’impliquant ni infection, ni lĂ©sion organique, ni dĂ©sorganisation de la personnalitĂ© et qui s’accompagne pour le sujet d’une conscience douloureuse de son Ă©tat. Elle s’explique par la situation conflictuelle entre les mĂ©canismes de dĂ©fense du Moi et les dĂ©sirs inconscients. Plus prĂ©cisĂ©ment, elle est une dĂ©fense du sujet malade contre des souvenirs intolĂ©rables liĂ©s Ă  un traumatisme gĂ©nĂ©ralement sexuel subi dans l’enfance. La psychose elle, implique une rupture entre le Moi et la rĂ©alitĂ© puis une reconstruction dĂ©lirante de cette rĂ©alitĂ© en fonction des exigences de l’inconscient. Le psychotique est dĂ©lirant ou autistique mais n’a pas conscience de son anomalie. 3- Critique de la thĂ©orie freudienne La thĂ©orie freudienne du psychisme est appelĂ©e psychanalyse. Celle-ci est une mĂ©thode d’investigation et d’interprĂ©tation dĂ©voilant le sens inconscient des actions, des pensĂ©es et des rĂȘves d’un sujet. Elle aboutit Ă  un traitement mĂ©dical consistant Ă  transformer l’inconscient pathologique suivant le principe que le retour Ă  la conscience de l’inconscient guĂ©rit les troubles mentaux. Freud considĂ©rait la psychanalyse comme la troisiĂšme rĂ©volution majeure aprĂšs celles de GalilĂ©e et de Darwin Ă©branlant fortement l’idĂ©e que l’homme se fait de lui-mĂȘme dans le monde. La thĂ©orie freudienne apprend en effet aux hommes que malgrĂ© leur sentiment de libertĂ©, ils ne disposent pas toujours d’eux-mĂȘmes. Mais c’est justement au nom de la libertĂ© essentielle Ă  l’homme que Jean-Paul Sartre 1905-1980 va rejeter la thĂ©orie de Freud. Pour Sartre, l’homme est un sujet libre parce que conscient et totalement transparent Ă  lui-mĂȘme. Toutefois sa conscience qui est libertĂ©, est capable de nier sa propre transparence pour s’installer dans la mauvaise foi. Celle-ci consiste pour le sujet humain Ă  se masquer la vĂ©ritĂ© dont il est nĂ©cessairement conscient, Ă  chercher des excuses Ă  ses actes. C’est ce qui se passe avec l’inconscient tel que l’entend Freud, qui n’est selon Sartre qu’un processus de mauvaise foi. Celle-ci sert gĂ©nĂ©ralement d’échappatoire devant la difficultĂ© d’assumer la libertĂ© et apparaĂźt ainsi immorale ; elle est immorale puisqu’elle nie la libertĂ© et du mĂȘme coup la responsabilitĂ© devant nos actes. Freud aurait pu rĂ©torquer Ă  Sartre que ce dernier n’accepte pas sa nouvelle image d’homme et son refus de l’inconscient serait mĂȘme une preuve de l’existence de celui-ci. Par ailleurs, la thĂ©orie freudienne connaĂźt les assauts d’une critique Ă©pistĂ©mologique c’est-Ă -dire au plan scientifique de la part de Karl Popper 1902-1994. Car Freud considĂšre la psychanalyse comme une thĂ©orie scientifique parce qu’elle a Ă©tĂ© confirmĂ©e par une multitude d’observations. Or, pour Popper, le critĂšre de la scientificitĂ© d’une thĂ©orie rĂ©side plutĂŽt dans la possibilitĂ© qu’on a de la falsifier c’est-Ă -dire de la rĂ©futer. S’il en est ainsi, un tel critĂšre n’est pas applicable Ă  la psychanalyse parce qu’elle fait tout pour ne pas ĂȘtre infirmĂ©e, c’est-Ă -dire tout le contraire d’une attitude scientifique. Si on Ă©tudie de prĂšs la psychanalyse, on peut se rendre compte qu’elle a rĂ©ponse Ă  tout sur les actes humains qu’elle interprĂšte pour leur assigner un sens. Voulant tout expliquer, elle finit par ĂȘtre une sorte de fourre-tout servant Ă  expliquer n’importe quoi. A cela on peut ajouter qu’elle est fortement tributaire de l’époque et de la culture de son fondateur alors qu’une thĂ©orie vraiment scientifique doit valoir dans tous les temps et tous les lieux. Au regard des critiques Ă©thique de Sartre et Ă©pistĂ©mologique de Popper, la thĂ©orie freudienne semble ne plus payer de mine. Mais est-il juste de dire que la psychanalyse vise Ă  nier la libertĂ© de l’homme ? Et d’ailleurs, le fait qu’elle ne soit pas une science, en fait-il une discipline moins importante dans la culture humaine ? En rĂ©alitĂ© l’objectif de Freud n’est nullement de nier la libertĂ© mais de montrer les limites de la conscience qui se prĂ©tend totalement libre. D’ailleurs, la psychanalyse est avant tout une thĂ©rapie visant Ă  guĂ©rir certaines maladies pour permettre au patient de reconquĂ©rir sa santĂ© et son autonomie, autrement l’exercice plein de sa libertĂ©. Comme l’écrit Paul Ricoeur, la psychanalyse est une guĂ©rison par l’esprit, le vĂ©ritable analyste n’est pas le despote de la conscience malade, mais le serviteur d’une libertĂ© Ă  restaurer. En quoi la cure, pour n’ĂȘtre pas une Ă©thique, n’en est pas moins la condition d’une Ă©thique retrouvĂ©e lĂ  oĂč la volontĂ© succombe au terrible ». Que la psychanalyse ait des limites sur le plan thĂ©rapeutique, c’est Ă  la mĂ©dicine d’en juger, elle n’en reste pas moins une rĂ©volution au sein des sciences humaines par la conception nouvelle qu’elle donne de l’homme. DĂ©sormais, pour comprendre l’homme, cet inconnu », il faut compter avec cette thĂ©orie inaugurĂ©e par Freud. Si elle a suscitĂ© des critiques, c’est surtout parce qu’elle a portĂ© atteinte Ă  des vĂ©ritĂ©s sur l’homme longtemps tenues pour indĂ©passables. L’inconscient n’en demeure pas moins le propre de l’homme tout autant que la conscience. Limage de soi, ce sont les caractĂ©ristiques que chacun s’attribue, c’est la perception que chacun a de soi-mĂȘme. Perception qui s’éla-bore Ă  partir du prĂ©sent mais aussi du passĂ© et notamment de ce tissage premier de sen-sations dans le ventre de la mĂšre. Une image inconsciente du corps se forme dĂšs les pre-miers mois.

Objectif Comprendre le lien entre la conscience et la connaissance de soi. Points clĂ©s La conscience permet la connaissance de soi car elle est certitude. Cependant, cette connaissance est subjective et conditionnĂ©e. L'inconscient a un rĂŽle important dans la connaissance de soi, et s'en rendre compte nous rend plus lucide. La conscience est la facultĂ© par laquelle l'homme est capable de penser ce qu'il vit et dĂšs lors de se penser lui-mĂȘme. On pourrait donc admettre que la conscience que l'on prend de soi-mĂȘme Ă©quivaut Ă  une connaissance de soi. Or, s'il ne fait pas de doute que la conscience permet de savoir que l'on est, il n'est pas assurĂ© qu'elle favorise nĂ©cessairement la connaissance de ce que l'on est. Autrement dit, le fait d'ĂȘtre conscient de soi induit-il le fait de se connaĂźtre soi-mĂȘme ? 1. La conscience rend possible la connaissance de soi a. Se connaĂźtre soi-mĂȘme est le principe de toute sagesse Chacun aspire Ă  savoir qui il est. Il semble que ce soit la condition essentielle pour mener une existence sensĂ©e et cohĂ©rente. En l'absence de cette connaissance, je cours le risque de m'Ă©garer, d'entreprendre des projets ou de tenir des discours dans lesquels demain je ne me reconnaĂźtrai plus. Ne pas se connaĂźtre ou se faire des illusions sur soi conduit inĂ©vitablement Ă  l'Ă©chec. b. La conscience est Ă©quivalente Ă  la pensĂ©e C'est au XVIIe siĂšcle, avec Descartes, que la conscience de soi est posĂ©e comme la terre natale de la vĂ©ritĂ© », et comprise comme certitude rĂ©sistant au doute la certitude naĂźt du doute. Descartes montre que par l'intermĂ©diaire du doute, la conscience fait, en quelque sorte, l'expĂ©rience de la certitude de l'existence de soi Discours de la mĂ©thode, 1637. Descartes se propose de rejeter comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point, aprĂšs cela, quelque chose en ma crĂ©ance, qui fĂ»t entiĂšrement indubitable. [...] Mais aussitĂŽt aprĂšs, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout Ă©tait faux, il fallait nĂ©cessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vĂ©ritĂ© je pense, donc je suis, Ă©tait si ferme et si assurĂ©e, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'Ă©taient pas capables de l'Ă©branler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. » Autrement dit, pour que le doute soit possible, il faut nĂ©cessairement un sujet qui doute le doute suppose, en effet, la pensĂ©e, laquelle suppose Ă  son tour un sujet pensant. Descartes parvient ainsi Ă  une premiĂšre vĂ©ritĂ©, Ă  un premier fondement, le cogito », Ă  partir duquel il va pouvoir Ă©tablir les principes de sa philosophie. c. L'introspection comme outil de connaissance de soi Cela ne suffit pas Ă  me faire connaĂźtre qui je suis mais seulement Ă  savoir que je suis. Pourtant, la conscience est aussi perception de ce que je vis et de ce que cela suscite en moi, des pensĂ©es, des dĂ©sirs, des Ă©motions... Il suffirait donc que je m'observe moi-mĂȘme pour pouvoir m'analyser et me comprendre. 2. La conscience ne favorise pas une connaissance de soi objective a. Les limites de l'introspection L'introspection n'est pas un instrument de connaissance de soi satisfaisant. En effet, il est toujours possible que lorsque j'interprĂšte mes actes ou mes sentiments, je me trompe. Je peux voir du courage lĂ  oĂč ne rĂ©side que de la vanitĂ©, ou bien de la gĂ©nĂ©rositĂ© oĂč ne se trouve que le souci de reconnaissance. b. Les illusions de l'amour-propre Cette absence d'objectivitĂ© lorsque je m'examine moi-mĂȘme s'explique en partie par le fait que je suis Ă  la fois juge et partie. Je me juge moi-mĂȘme et dans cette situation l'amour-propre interfĂšre. Comment dĂšs lors acquĂ©rir suffisamment de distance pour me considĂ©rer comme je suis et non comme je souhaiterais ĂȘtre ? c. Le conditionnement social de la conscience De plus, Marx a montrĂ© que la conscience n'est pas pure » et premiĂšre ou prĂ©existante. Ce qui est premier et qui dĂ©termine notre conscience ce sont les conditions matĂ©rielles de notre existence. DĂšs lors, parvenir Ă  la connaissance de soi ne repose pas sur la conscience de soi mais sur la mise au jour des rapports dĂ©terminĂ©s qui constituent notre ĂȘtre social. Ce n'est pas la conscience des hommes qui dĂ©termine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui dĂ©termine leur conscience. » Avant-propos Ă  la Critique de l'Ă©conomie politique 3. La dĂ©couverte de l'inconscient rend possible l'Ă©mergence d'une conscience plus lucide a. La conscience est dĂ©terminĂ©e par l'inconscient Freud a Ă©tĂ© plus loin encore dans ce travail de destitution de la conscience comme instrument de connaissance de soi. Il a montrĂ© que la conscience est dĂ©terminĂ©e par le jeu de forces inconscientes qu'elle ignore. La psychanalyse, Ă©crit Freud, peut dire au moi Il n'y a rien d'Ă©tranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite Ă  ta connaissance et Ă  la maĂźtrise de ton vouloir. » Essais de psychanalyse appliquĂ©e, Une difficultĂ© de la psychanalyse », 1917 b. La dĂ©marche de Freud nous donne les moyens de mieux nous connaĂźtre Il reste que mĂȘme si le moi n'est plus maĂźtre dans sa propre maison », selon l'expression de Freud, le travail de celui-ci a contribuĂ© Ă  porter Ă  la conscience cet Ă©tat de fait. Autrement dit, nous sommes conscients de subir les dĂ©terminations de notre inconscient. Cela ne suffit pas Ă  dĂ©livrer une connaissance de soi, mais cela ouvre la voie Ă  un travail sur soi sans cela impossible. c. La conscience rĂ©formĂ©e introduit Ă  une connaissance de soi partielle mais lucide Nous devenons plus lucides sur nous-mĂȘmes parce que nous parvenons Ă  mettre Ă  jour les dĂ©terminations qui pĂšsent sur nous, y compris sur notre conscience. Ce faisant, mĂȘme si nous dĂ©couvrons que la transparence Ă  soi est impossible, nous parvenons Ă  rĂ©former notre conscience et Ă  la libĂ©rer partiellement des illusions qu'elle nourrit. LĂ  oĂč le ça Ă©tait, le je doit advenir », Ă©crit Freud Wo Es war, soll Ich werden ». Autrement dit, il s'agit de permettre Ă  un sujet lucide de se constituer Ă  la place d'un ĂȘtre dĂ©terminĂ© par des pulsions qui le gouvernent sans qu'il le sache. Vous avez dĂ©jĂ  mis une note Ă  ce cours. DĂ©couvrez les autres cours offerts par Maxicours ! DĂ©couvrez Maxicours Comment as-tu trouvĂ© ce cours ? Évalue ce cours !

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  • la conscience de soi est elle trompeuse